Marcel Marois | La dialectique de l’ordre et du chaos[Record]

  • Paul Bourassa

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    Paul Bourassa

Le carton de tapisserie est le lieu où Marois laisse s’exprimer la couleur et le geste. L’aquarelle et la gouache jouent de transparence et d’opacité. Taches et coulures s’affirment. Mais déjà l’artiste y commence son travail de harnachement par collage et découpage, ajoutant, retranchant, reconfigurant son impulsion première. La composition, au final, n’est pas le résultat d’un automatisme, d’une improvisation, d’un chaos, mais une structure où des plans sont clairement définis, où les traces d’une manipulation de l’image influent sur le chromatisme et la nature même des taches de couleurs, où l’ordre déjà s’installe. Puis commence le long, le très long processus de tissage où chaque ton est reconstruit point par point, où chaque nuance est décomposée et rendue à l’aide de plusieurs fils de couleurs différentes. On serait tenté d’établir un parallèle avec la photographie numérique où, à l’écran, les valeurs colorées sont obtenues pixel par pixel. Mais, chez Marois, il y a cette matérialité de la fibre, absente de l’imagerie informatique. La régularité de la trame du tissage est aussi le résultat d’un battement… On retrouve dans les dessins récents de Marois cette même précision cachée, cette divine proportion dans la fragilité de la touche. La fluidité de l’aquarelle est contrôlée malgré son apparente indocilité, soit par l’aspect sériel de larges bandes parallèles où la couleur « s’épuise », soit par l’apparition d’horizontales qui traversent les taches, comme si ses ciels de couleurs étaient dotés de plusieurs horizons. Chez Marcel Marois, la synthèse entre la turbulence de l’élan créateur et la cohérence d’une exécution totalement contrôlée s’opère parfaitement. De cette dialectique de l’ordre et du chaos émergent des oeuvres qui ont la délicatesse de l’aile du papillon et la force de l’ouragan.

Appendices