FR:
Le développement de l’entomologie au Québec comme science naturelle a commencé avec des naturalistes érudits comme William Couper, Léon Provancher et Henry Lyman qui ont observé abondamment et décrit l’entomofaune du Québec, fondé des sociétés professionnelles et rédigé les premiers ouvrages scientifiques sur les insectes du Québec. Au début du XXe siècle, l’importance économique des plantes agricoles et des essences de coupes forestières a atteint un niveau favorisant la naissance de l’entomologie appliquée. Son développement initial est marqué par la fondation de la SPPQ, la création du premier programme d’études supérieures en entomologie, ainsi que le recrutement d’entomologistes professionnels dans les institutions publiques de protection des plantes contre les ravageurs. Les entomologistes en chef James Fletcher au gouvernement fédéral et Victor Huard au gouvernement provincial, ainsi que les professeurs William Lochhead du Collège Macdonald et Georges Maheux de l’École forestière de l’Université Laval, sont des figures remarquables de cette époque. Les entomologistes publient abondamment sur le cycle de vie des insectes nuisibles, sur les dommages causés et sur les moyens de lutte efficaces avec des insecticides encore primitifs et dangereux. Pendant plusieurs décennies, Ernest-Melville DuPorte se trouve au Collège Macdonald au centre des études supérieures et de la recherche en entomologie au Québec. Après la Seconde Guerre mondiale, la demande en denrées alimentaires et en fibre ligneuse croît à un rythme sans précédent, de même que la lutte aux ravageurs, à l’ère nouvelle des produits chimiques de synthèse, notamment des insecticides comme le DDT. En agriculture, les entomologistes actifs en phytoprotection se regroupent au laboratoire de recherche de Saint-Jean-sur-Richelieu et au Service de la protection des cultures du MAPAQ, ainsi que dans leurs stations de recherche de terrain. La recherche en entomologie forestière se développe à Québec autour du laboratoire fédéral des Laurentides et à la Faculté d’arpentage et de génie forestier (aujourd’hui la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique) de l’Université Laval. Sous la pression de l’industrie forestière, les arrosages aériens aux insecticides deviennent systématiques et sont surtout régis par l’abondance cyclique de la tordeuse des bourgeons de l’épinette. À la fin des années 1960, l’entomologie appliquée prend lentement un virage écologique, ouvert au contrôle naturel des ravageurs et aux idées de la résistance des plantes et de la stimulation de l’impact des agents biologiques de répression. La recherche et la formation aux études supérieures en entomologie connaissent un essor marqué dans les centres universitaires établis et nouvellement créés. La fin du XXe siècle est marquée par l’arrivée des plantes transgéniques résistantes aux ravageurs et les conséquences prévisibles du réchauffement climatique sur l’abondance et la diversité des ravageurs. L’entomologie comme activité scientifique professionnelle s’est enrichie de l’arrivée de nombreuses femmes dans les centres de recherche et les universités, bien qu’affectée par le ralentissement du recrutement d’entomologistes professionnels dans les services publics et les universités et l’incertitude des conditions économiques futures.
EN:
The development of entomology as a natural science in Quebec first involved naturalist erudites such as William Couper, Léon Provancher and Henry Lyman, who abundantly observed and described the Quebec entomofauna, founded societies of professional entomologists, and wrote the first scientific documents about the insects of Quebec. At the turn of the 20th century, the economic importance of agricultural and forest products had reached a sufficient level for applied entomology to develop its own identity. This is evidenced by the birth of the Québec Society for the Protection of Plants, the creation of the first higher education program in entomology, and the establishment of professional entomologist positions in the plant protection services of the federal and provincial governments. Entomologists abundantly published on the life cycle of insect pests, their damages, and early efficient insect pest control using what were then primitive and dangerous insecticides. Entomologists in chief James Fletcher, at the federal level, and Victor Huard, at the provincial level, as well as entomology professors William Lochhead of Macdonald College and Georges Maheux of the École forestière de l’Université Laval, are important figures who initially guided the development of applied entomology in Quebec. For decades, Ernest-Melville DuPorte, while working at Macdonald College, was at the centre of higher education and fundamental research in entomology in Quebec. Following the Second World War, the demand for food products and wood fibre grew at an unprecedented rate, and so did the need to control insect pests, in the new era of synthetic chemicals such as the DDT insecticide. Entomologists active in agriculture were mainly regrouped around the Saint-Jean-sur-Richelieu Research Station and at the MAPAQ’s Service of Plant Protection, and at their experimental field stations. Research in forest entomology developed itself in Quebec City at the Laurentians federal laboratory and at the Faculté d’arpentage et de génie forestier (known today as the Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique) de l’Université Laval. Due to pressure from the forest industry, the spraying of Quebec forests with chemical insecticides expanded systematically and, for decades, was mainly determined by the cyclic abundance of the spruce budworm. At the end of the 1960s, applied entomology in Quebec slowly took an ecological turn, marked by environmental concerns about chemical insecticides, more attention given to natural control, and a renewed interest in biological control agents. Fundamental research on insects and higher education in entomology expanded in both established and newly created university centres. The recent decades were marked by the arrival of genetically modified crops that are highly resistant to target pests, and the imminent consequences of global warming on the abundance and diversity of insect pests. Entomology as a professional activity benefited from the arrival of many women in research centres and universities; however, there is now some concern about the noticeable decline in the recruitment of specialized entomologists in public services and universities, and an uncertain economic future.