Cet article rend compte d’une démarche de mobilisation des pratiques et des connaissances mise en oeuvre et dirigée par des étudiant.e.s de l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) depuis 2021, à savoir le Colloque Engagemen(TS). Nous exposons d’abord les origines très concrètes de cette initiative, tout en décrivant les considérations axiologiques initialement évoquées dans la genèse de l’événement ; celles-ci constituent le socle de cette manifestation étudiante, scientifique, communautaire et artistique. Dans un second temps, nous élaborons sur les étapes consécutives ayant permis de constituer un tel événement. Quelques notes sont apportées sur les spécificités du colloque, notamment sur ses orientations résolument politiques et engagées. Tout au long du texte, des encadrés accompagnent les idées mises en place. Ces dernières représentent et mettent en valeur les acquis générés par l’organisation d’un colloque en travail social. L’aventure qu’a été la mise sur pied du colloque Engagemen(TS) a d’abord été motivée par un désir sincère de partager avec nos pair.e.s nos connaissances, nos recherches, nos questionnements et nos valeurs afin de produire un événement rassembleur, au-delà des possibles. Ainsi, en septembre 2021, deux étudiant.e.s en travail social, tous deux animé.e.s par ce même désir de partage et de collectivisation, contactent leur association étudiante. Le premier, Alexis Grussi, travaillant en réduction des méfaits et étudiant le travail social (propédeutique), propose d’organiser « un événement porté par les étudiant.e.s de travail social et l’[Association étudiante des cycles supérieurs en travail social (AECSTS)] autour des questions de justices alternatives, de rapports des gouverné.e.s à l’État, etc. ». Parallèlement, Julie Deslandes Leduc, étudiante à la maîtrise en travail social, soumet un projet de colloque à l’AECSTS. Son intention est de créer une manifestation scientifique où les étudiant.e.s des cycles supérieurs en travail social présentent les fruits de leurs recherches. Bien que porteuses de savoirs, ces recherches réalisées dans le cadre de la maîtrise sont d’ordinaire invisibilisées. Ce colloque en devenir est alors vu comme un espace de mobilisation des savoirs, mais aussi comme un moment d’échanges entre étudiant.e.s visant la construction d’une communauté d’apprentissages. Le conseil exécutif de l’AECSTS trouve alors bon – et quelle idée ! – de mettre en lien ces deux personnes qui ne se connaissaient pas. Ce qui deviendra le « Colloque étudiant en travail social Engagemen(TS) » commence à s’agencer. La première rencontre a lieu, à deux, le 19 octobre 2021. Nous pourrions résumer le début du projet en un mot : volonté. La volonté de créer un espace de partage, de s’autoriser à le faire et de bâtir, entre étudiant.e.s, un cadre de réflexion dans une optique constructive, laissant place à nos doutes et à nos expériences. Si la forme du cadre demeure plutôt floue à l’époque, l’important est qu’on puisse y développer nos particularités respectives. Après s’être entendu.e.s sur la forme de l’événement – un colloque étudiant – commence le travail de définition de ses contours. Nos intérêts, valeurs personnelles et professionnelles nous amènent à choisir les thèmes de la transdisciplinarité et des savoirs expérientiels (Le Bossé, Bilodeau et Vandette 2006 ; Beauchesne, 2016 ; Godrie et Dos Santos, 2017 ; Lee, 2017 ; Morin et Lambert, 2022 ; Parent, Grimard, Hamisultane et Lee, 2022 ; Cossette, 2023) ainsi qu’à mettre sur pied un comité d’organisation ayant une structure horizontale et participative (Lepage, 2021). Nous sollicitons nos collègues de classe afin qu’iels se joignent à nous dans cette expérience. C’est ainsi que se forme le comité organisateur de la 1re édition (Julie Deslandes Leduc, Anaïs Gerentes, Alexis Grussi et Gui Tardif) ainsi que des membres soutenant certaines tâches précises (notamment Alexandra Daicu, …
Appendices
Bibliographie
- Beauchesne, M. (2016). Quelle place pour la connaissance de soi dans la formation en travail social ? Regard sur les conceptions philosophiques de l’éducation, les courants pédagogiques influents et les pratiques pédagogiques émergentes. Canadian Social Work Review/Revue canadienne de service social, 33(2), 309-327.
- Cossette, I. (2023). Synthèse du colloque et conversation sur la transdisciplinarité. Enjeux et société, 10(1), 291-314.
- de Sousa Santos, B., Arriscado Nunes, J. et Meneses, M. (2022). Ouvrir le canon du savoir et reconnaître la différence. Participations, 32, 51-91.
- Godrie, B. et Dos Santos, M. (2017). Inégalités sociales, production des savoirs et de l’ignorance (présentation du dossier). Sociologie et sociétés, 49(1), 7-31.
- Larivière, V. (2012). On the shoulders of students ? The contribution of PhD students to the advancement of knowledge. Scientometrics 90, 463-481.
- Le Bossé, Y., Bilodeau, A. et Vandette, L. (2006). Les savoirs d’expérience : un outil d’affranchissement potentiel au service du développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités ? Revue des sciences de l’éducation, 32(1), 183-204.
- Lepage, Y. (2021). Série gestion horizontale : La gestion horizontale, une question de valeurs ? Revue Gestion, https://www.revuegestion.ca/la-gestion-horizontale-une-question-de-valeurs
- Lee, E. O. J. (2017). Une autoréflexion critique sur les savoirs expérientiels et la recherche participative. Dans M. N. Mensah (dir.), Le témoignage sexuel et intime, un levier de changement social ? (p. 31- 44). Québec : Presses de l’Université du Québec.
- Morin, P. et Lambert, A. (2022). Les experts d’expérience dans la formation en travail social : une voie prometteuse quant à la prise en compte du travail émotionnel dans la pratique. Service social, 68(1), 87-99.
- Parent, A.-A., Grimard, C., Hamisultane, S. et Lee, E. O. J. (2022). Proximité et intervention sociale : quel espace pour une perspective critique ? Présentation du dossier. Nouvelles Pratiques Sociales, 33(1).