Abstracts
Résumé
Les organismes ESPACE ont adapté leur programme de prévention de la violence envers les enfants afin de maintenir sa diffusion dans les établissements scolaires et à l’extérieur de ceux-ci en contexte de COVID-19. La tenue d’un groupe de discussion regroupant cinq animatrices d’ESPACE et l’analyse de rapports d’activités d’organismes ESPACE produits entre 2019 et 2022 ont permis de documenter ces adaptations. Il ressort des analyses que les ateliers virtuels pour parents et les activités en ligne sont une avenue prometteuse pour prévenir la violence envers les enfants. Toutefois, ces activités doivent impérativement être évaluées pour bien en mesurer le potentiel.
Mots-clés :
- prévention,
- violence,
- enfants,
- COVID-19,
- adaptations
Abstract
ESPACE organizations have adapted their child abuse prevention program to deliver it in and out of schools in a COVID-19 context. A focus group with five ESPACE facilitators and analysis of activity reports produces between 2019 and 2022 documented these adaptations. The analyses show that virtual parent workshops and online activities are a promising avenue for preventing child abuse. However, it is imperative that these activities be evaluated to assess their potential.
Keywords:
- prevention,
- abuse,
- children,
- COVID-19,
- adaptations
Article body
INTRODUCTION
Lorsque la pandémie de COVID-19 et la fermeture des écoles ont forcé l’arrêt du programme de prévention de la violence envers les enfants ESPACE en mars 2020, les organismes qui l’offrent ont repensé leurs pratiques. Alors que le contexte pandémique rendait l’offre du programme ardue, voire impossible dans son format habituel, les besoins de prévenir la violence étaient cependant accrus par l’isolement et la détresse sociale causés par la COVID-19 (Bhatia et al., 2021 ; Lavergne et al., 2020). L’objectif de cet article est de décrire les adaptations déployées par ces organismes en période pandémique pour faire de la prévention autrement. Il nous apparaît pertinent de mettre en lumière que la prévention de la violence demeure cruciale et possible, alors qu’elle suscite généralement peu d’attention dans les contextes de crise (Bhatia et al., 2021). De même, il nous semble tout aussi important de faire connaître les moyens que les groupes communautaires tels qu’ESPACE ont mobilisés afin d’en faire des repères futurs en matière de prévention de la violence et de promotion des droits des enfants. Les situations de crises, qu’elles soient sanitaires, écologiques ou liées à des conflits armés, sont de moins en moins des phénomènes rares et elles peuvent avoir des effets catastrophiques pour les enfants (Levy et al., 2022). Les connaissances sur l’adaptation des programmes de prévention en contexte de crise dans le domaine apparaissent donc essentielles.
La prÉvention de la violence envers les enfants
La violence envers les enfants et les programmes de prévention pour contrer cette violence
La violence envers les enfants est un important problème social touchant plusieurs d’entre eux (Clément et al., 2018 ; Organisation mondiale de la santé [OMS], 2019). Elle se manifeste sous diverses formes, dont la violence physique, psychologique, sexuelle, l’intimidation, etc. (Laforest et Gagné, 2018). Ces violences affectent négativement le développement physique, émotif, social et cognitif des enfants (OMS, 2019). Plusieurs études montrent un important risque de présenter des conséquences à long terme de la violence dans l’enfance, lesquelles peuvent ultérieurement se manifester par des difficultés scolaires ou identitaires, nuire au fonctionnement et aux habiletés sociales (Afifi et al., 2014 ; de Oliveira et al., 2021 ; Paquette et al., 2017). Considérant l’ampleur de ce problème et ses conséquences, il est crucial d’agir pour en prévenir l’apparition (prévention primaire), pour en réduire la gravité (prévention secondaire) ou encore, pour en réduire les conséquences délétères à court, moyen et long terme (prévention tertiaire).
Plus spécifiquement, la prévention primaire a pour objectif de limiter l’apparition d’un problème social ou de santé, pour un individu ou une communauté, et ce, en favorisant les conditions optimales pour le bien-être général de tous. Cette forme de prévention est proactive et vise soit à réduire les facteurs de risque ou à augmenter les facteurs de protection d’une problématique sur le plan individuel et environnemental. La prévention secondaire vise pour sa part à réduire la gravité d’un problème déjà présent ou le risque d’apparition chez les personnes vulnérables. Enfin, la prévention tertiaire sert à diminuer les conséquences vécues par les personnes qui voient leur fonctionnement altéré par l’expérience du problème social ou de santé (Chapelle, 2018).
Deux milieux sont principalement ciblés pour mettre en oeuvre des activités de prévention de la violence envers les enfants : les cellules familiales, par exemple par des programmes de soutien à la parentalité visant à diminuer les risques de violence au sein de la famille par des préventions secondaires (Clément et al., 2018) ; et les milieux scolaires (Bowen et al., 2018 ; OMS, 2019). Cet article s’intéresse spécifiquement à la prévention en milieu scolaire.
Les programmes de prévention de la violence en milieu scolaire sont principalement de type primaire et ont pour visées de rehausser les facteurs de protection associés au phénomène, c’est-à-dire d’augmenter les connaissances et les habiletés pour prévenir la violence dirigée contre eux, de développer des compétences prosociales chez les enfants, comme les habiletés à gérer les émotions ou les conflits, ainsi qu’apprendre ce qu’est une relation saine et respectueuse (OMS, 2019). Au Québec, différents programmes de prévention de la violence envers les enfants sont offerts en milieux scolaires, dont Fluppy, Contes sur moi, Vers le pacifique (Bowen et al., 2018). ESPACE est l’un de ces programmes.
Le programme ESPACE
Les organismes ESPACE développent et offrent des ateliers qui imbriquent la prévention primaire et secondaire de la violence pour les enfants d’âge scolaire et préscolaire (3-12 ans) et les adultes de leurs réseaux[1] dans 10 régions administratives du Québec depuis plus de 30 ans (Regroupement des organismes ESPACE[2] [ROEQ], 2021). Ces ateliers poursuivent les objectifs de diminuer la vulnérabilité des enfants face à la violence ; d’apprendre aux enfants des stratégies de prévention efficaces ; d’offrir aux enfants qui en ont besoin la possibilité de recevoir de l’aide ; de sensibiliser les adultes à la violence faite aux enfants et à leur rôle de prévention ; de préparer les adultes à recevoir des confidences ; de créer des réseaux d’entraide ; de promouvoir la prévention de la violence faite aux enfants pour en faire une question d’ordre public (http://espacesansviolence.org).
Pour atteindre ces objectifs, les animateurs des ateliers de prévention transmettent aux enfants de 3 à 12 ans des connaissances sur les types de violence et sur leurs droits. Ils leur apprennent par ailleurs quatre stratégies pour prévenir les violences auxquelles ils risquent d’être exposés (dire à un adulte ce qui se passe, s’affirmer, demander de l’aide, pratiquer l’autodéfense). Pour ce faire, des saynètes de théâtre imitant des situations à risque de différentes formes de violence sont présentées en classe à tous les enfants d’un même milieu scolaire au cours d’une période intensive de prévention au sein de l’école visée. Lors de cette période, chaque groupe-classe de niveau primaire est rencontré lors d’un atelier de sensibilisation d’une demi-journée offert dans la classe des élèves. Ces saynètes sont utilisées pour transmettre les connaissances et des habiletés visées ainsi que pour susciter la réflexion et la discussion sur le sujet de la violence. De plus, des rencontres post-ateliers avec les animatrices sont offertes aux enfants qui le désirent, notamment afin de permettre les dévoilements pouvant découler des ateliers, ce qui favorise l’identification des situations de violence et la mise en place de mesures d’aide pour les enfants concernés.
En cohérence avec l’approche milieu préconisée par les organismes ESPACE, des ateliers informatifs sont offerts aux adultes (parents et personnel scolaire) en parallèle des ateliers pour enfants. Ces ateliers visent à préparer ces adultes à recevoir les confidences des enfants, les rassurer sur l’approche à utiliser auprès des enfants et les sensibiliser quant à leurs responsabilités relatives à la prévention de la violence vécue par les enfants. Des sujets tels que la discipline positive, les causes de la violence, les stratégies pour la prévenir, les ressources disponibles dans la communauté, etc. sont alors abordés (http://espacesansviolence.org). Des documents, dont un cahier d’activités, sont aussi remis aux adultes afin de les soutenir dans leurs actions pour prévenir la violence envers les enfants.
Enfin, en plus des activités dans les milieux scolaires, les organismes ESPACE offrent diverses activités à la population générale afin de sensibiliser à la problématique de la violence envers les enfants et d’en faire un enjeu central au sein des communautés (ROEQ, 2022).
L’objectif de cet article est de documenter les adaptations déployées par les organismes ESPACE en période pandémique afin de mettre en lumière que la prévention est toujours possible et nécessaire, en tout temps mais spécialement lors de périodes de crises. Pendant les deux années de la pandémie, les facteurs de risque de la violence envers les enfants étaient accrus en raison de l’isolement et de la détresse sociale causés par la COVID-19 (Bhatia et al., 2021 ; Lavergne et al., 2020). De fait, des études témoignent malheureusement de hausses de violences familiales commises à l’encontre des enfants pendant cette période (de Oliveira et al., 2021 ; Klaassen, 2021)victims, and their aggressors, and their correlations between socioeconomic and demographic factors analyzed before and during the COVID-19 pandemic. This was a cross-sectional, retrospective observational study based on a review of Individual Notification Forms from the Information System for Notifiable Diseases, including child victims of violence, under 18 years, assisted by a pediatric emergency service in Brazil, from 2016–2020. Data were stratified, then statistical analysis was performed using the two-proportion equality test and the Chi-square test, with p < 0.05 and a 95% confidence interval. A total of 609 notifications were analyzed and a prevalence of sexual violence (63.2%. Les adaptations déployées par les organismes ESPACE en vue de 1) diminuer ces facteurs de risque, dont l’isolement des enfants et la diminution de l’accès à des ressources d’aide ; 2) rehausser leurs connaissances et leurs habiletés pour prévenir la potentielle violence vécue ; et 3) procéder à une identification précoce nous apparaissent donc d’une importance capitale pour agir en amont dans les communautés où ces organisations oeuvrent. Avant toutefois de présenter ces adaptations, la méthodologie mise en oeuvre pour colliger les données est décrite dans les lignes qui suivent.
MÉthodologie
L’étude réalisée est une étude de cas, un devis particulièrement pertinent pour rendre compte d’un phénomène dans son contexte (Yin, 2017). Elle s’inscrit en complément d’une recherche évaluative plus large du programme ESPACE. Le projet a obtenu un certificat éthique du Centre d’éthique de la recherche de l’Université du Québec en Outaouais (nu 2020-813) et a été financé par le Conseil de Recherches en Sciences Humaines.
Deux corpus de données ont été mobilisés dans cette étude de cas : un groupe de discussion tenu en juin 2022 regroupant cinq animatrices des ateliers ESPACE et l’analyse documentaire de six rapports d’activités de 2019 à 2022 du ROEQ et d’un organisme ESPACE régional.
Groupe de discussion
Les participantes ont été recrutées en février 2022 par le biais des membres du comité recherche du ROEQ et des coordonnatrices des organismes ESPACE, qui ont fait connaître à leurs équipes l’intention de l’équipe de recherche de réaliser un groupe de discussion visant à mieux connaître les pratiques de prévention de la violence en temps de pandémie. En vue de préserver leur anonymat, les animatrices ayant un intérêt à participer au projet ont été invitées à joindre directement l’équipe de recherche. Une relance auprès des organismes a été réalisée en mars 2022. Les critères d’inclusion à la participation étaient les suivants : avoir animé des ateliers de prévention ESPACE dans les écoles entre septembre 2020 et février 2022 ; être à l’emploi d’un organisme ESPACE depuis au moins deux ans ; comprendre et parler le français ; avoir accès à un appareil électronique permettant de participer à une rencontre en visioconférence.
Six animatrices de quatre régions du Québec ont initialement été recrutées. Toutefois, seulement cinq d’entre elles de trois régions administratives étaient présentes lors du groupe de discussion focalisé. Étant donné les objectifs de l’étude, il nous a semblé peu pertinent de recueillir les caractéristiques sociodémographiques des participantes. Cela dit, toutes étaient des femmes majeures, elles détenaient des formations dans le domaine de la relation d’aide et animaient des ateliers ESPACE depuis plus de deux ans.
Méthode de collecte des données
La collecte de données par groupe de discussion focalisé a été privilégiée, car elle a l’avantage de donner accès à une diversité de points de vue, tout en étant peu coûteuse et énergivore pour les participantes et l’équipe de recherche (Hennink, 2014). Le groupe de discussion a eu lieu en juin 2022 en vidéoconférence et il a duré environ 90 minutes. Avant le groupe, le schéma d’entretien a été partagé par courriel aux participantes. Il comprenait des questions au sujet des changements de pratiques apportées aux ateliers ESPACE pour s’adapter au contexte pandémique ; des impacts observés de la pandémie sur les membres du personnel scolaire, les élèves et les animatrices elles-mêmes ; et de la pertinence perçue des activités de prévention de la violence dans ce contexte.
Méthode d’analyse
Le groupe de discussion a été enregistré en format audio, avec le consentement des participantes, puis retranscrit intégralement en verbatim. Les données ont été analysées par le biais d’une analyse thématique inductive. D’abord, une arborescence de catégories de premier niveau a été créée de façon indépendante par une assistante de recherche et la chercheuse principale. Puis, un exercice interjuge a été réalisé et ces deux arborescences ont été comparées. À la suite de cet exercice, une arborescence de 5 codes de premiers niveaux[3] et de 18 codes de second niveau a été créée. Cette arborescence a ensuite été utilisée pour coder de façon plus fine les données et pour faire émerger les thèmes et sous-thèmes particulièrement prégnants. Cet article rapporte spécifiquement les résultats relatifs aux adaptations des pratiques de prévention et aux impacts de ces adaptations.
Rapports d’activités
Six rapports d’activités (2019 à 2022) produits par le ROEQ et un organisme ESPACE régional ont été analysés. D’un côté, le ROEQ a créé dès le printemps 2020 un comité provincial de gestion de crise regroupant des représentantes des 10 régions où le programme est offert afin de collectiviser les enjeux rencontrés et les idées au sujet des adaptations à mettre en place. De l’autre côté, chaque organisme ESPACE est demeuré autonome relativement à sa gestion interne et aux adaptations à effectuer. Cela fait en sorte que certaines actions se sont déployées à plus grande échelle, alors que d’autres ont été locales. Nous avons désiré bénéficier de la combinaison de ces perspectives pour mieux comprendre la prévention réalisée par les organismes ESPACE en contexte pandémique.
Méthode d’analyse
L’analyse documentaire a été réalisée à l’automne 2022. Elle a commencé par une lecture flottante des six rapports d’activités retenus pour analyse. Puis, un résumé a été produit pour chacun des rapports afin de bien s’approprier les contenus. En troisième lieu, les rapports ont été codés par thèmes de façon déductive dans une optique de triangulation des données recueillies lors du groupe de discussion et afin d’identifier les adaptations mises en oeuvre par les organismes ESPACE en contexte pandémique. Les données codées ont été compilées par la suite dans un tableau synthèse selon les années analysées afin de mettre en lumière l’évolution des adaptations et des moyens de prévention novateurs mis en oeuvre.
RÉsultats
L’analyse des données a permis d’identifier des adaptations du programme ESPACE en contexte pandémique sur deux principaux plans : les adaptations aux ateliers offerts dans les écoles et le déploiement d’activités de sensibilisation et de prévention en ligne. La portée de ces adaptations, telle qu’ayant émergé du corpus de données est également présentée.
Un déploiement plus limité dans les écoles
Bien que présentées comme un tout, il est à noter que les différentes adaptations apportées aux activités de prévention dans les milieux scolaires n’ont pas été homogènes d’une région à l’autre. De plus, elles ont été maintes fois modulées au fil du temps et selon les directives changeantes de la santé publique et leur application dans les écoles. Ainsi, il faut comprendre que sur le terrain, les pratiques ont été hétérogènes selon les régions et selon l’évolution de la pandémie.
Certains organismes ESPACE ont privilégié la formation d’équipes réduites de deux animatrices, toujours les mêmes, afin de limiter le nombre de personnes extérieures circulant dans les écoles. Dans la même optique, les ateliers offerts aux enfants d’âge préscolaire, qui se déploient généralement sur deux jours, ont été condensés en un jour.
À l’instar du personnel scolaire, les animatrices ont été contraintes d’utiliser différents moyens pour rendre leurs pratiques plus stériles (masques, désinfectant pour les mains, lunettes, etc.). Bien que ces ajouts n’aient pas d’impact sur les contenus des ateliers, l’usage de masques a forcé les animatrices à être plus dynamiques : « parfois il y a fallu utiliser les masques de procédure pour nos pièces de théâtre. À certains moments, donc il a fallu qu’on soit vraiment, vraiment, vraiment plus expressives » (Animatrice 2). Il a cependant été possible à certains moments, et selon les directives en vigueur, de diminuer cette exigence par l’usage de masques transparents.
Dans les classes, les contacts ont été réduits, ce qui a contraint les animatrices à modifier leur activité brise-glace en début d’atelier :
[P]our ce qui est de la prise de contact au début des ateliers, on l’a complètement escamotée, normalement on allait voir chaque élève, on leur demandait leur nom, on l’écrivait sur une étiquette, on échangeait au moins une phrase avec l’enfant […]. Mais là, on a tout enlevé ça […].
Animatrice 3
Les normes de distance de deux mètres entre les personnes ont été respectées autant que possible, ce qui a influencé la façon de présenter les saynètes aux enfants lors des ateliers. Avant la pandémie, les contacts physiques entre animatrices étaient fréquents lors de ces scènes, puisqu’illustrer un risque de violence peut impliquer des contacts corporels. Certains organismes ESPACE ont privilégié pour leur part l’usage de vidéos de ces mises en situation, un choix plus évident pour certaines que pour d’autres : « on a principalement utilisé une partie des mises en situation qui exigeait plus de proximité entre les animateurs et animatrices, par vidéo. […] on avait un avantage parce qu’on était les acteurs de ces scènes-là » (Animatrice 5). Enfin, dans la même optique de réduction des contacts, les activités en sous-groupes organisées avec les élèves de troisième cycle et visant à les faire discuter entre eux, ont été abolies au profit d’échange en plénière.
En ce qui a trait aux ateliers pour les adultes, l’adaptation majeure a été de les offrir en ligne. Le contenu des ateliers parent et personnel éducatif a alors été condensé pour minimiser les effets négatifs d’une trop longue exposition virtuelle : « Tous nos ateliers d’adultes ont été donnés via les plateformes Zoom ou Teams. Au lieu de donner deux heures qu’on donne habituellement, on le faisait en une heure […] ». (Animatrice 4)
Rejoindre les enfants et les adultes autrement
Les périodes de confinement et les annulations conséquentes dans les écoles ont diminué de beaucoup les possibilités de prévention dans les milieux scolaires. Les organismes ESPACE ont toutefois profité de ces moments pour investir de façon plus importante les activités de prévention permettant de rejoindre les enfants et les adultes de leurs réseaux hors des murs des écoles, principalement par le biais d’activités virtuelles.
D’abord, le cahier d’activités habituellement offert lors des ateliers a rapidement été mis en ligne au printemps 2020 afin d’en augmenter la disponibilité. En mars 2021, Futuraville : Ensemble contre la violence ! un jeu éducatif abordant les notions de prévention de la violence faite aux enfants en ligne destiné aux jeunes de 9 à 12 ans a également été rendu disponible sur le Web et les appareils Apple et Android (ROEQ, 2021 ; 2022). Lors de la compilation des données du dernier bilan d’activités du ROEQ, 25 829 personnes avaient été rejointes par le biais de ce jeu (ROEQ, 2022).
Pour sensibiliser la population en général, la campagne #ÉcoutonsNosEnfants a été déployée en mai 2021 sur les réseaux Facebook et Instagram des organismes ESPACE. En 2020-2021, « […] la capsule vidéo a été visionnée plus de 70 000 fois » (ESPACE Mauricie, 2021, p. 18). Des vignettes sur les thèmes entourant la cybersécurité ont également été diffusées sur les réseaux sociaux des organismes ESPACE, afin de sensibiliser les gens et prévenir les risques accrus de violence en ligne auxquels ont fait face les enfants. Pendant la pandémie, les taux d’exposition des enfants aux écrans ont généralement explosé et la protection de leurs droits dans ce contexte était un enjeu (Babvey et al., 2021). Les organismes ESPACE ont réagi à cet enjeu en créant de concert avec la campagne #ÉcoutonsNosEnfants, une autre campagne #OutillonsNosEnfants (ROEQ, 2021) visant spécifiquement les cyberviolences envers les jeunes.
La portée des adaptations
Dans l’optique de porter un regard critique sur les adaptations et contraintes intégrées aux programmes ESPACE en temps de pandémie, deux avenues ont été explorées. D’abord, la portée des diverses activités de prévention et de sensibilisation des organismes ESPACE a été analysée sur la base du nombre de personnes rejointes. Puis, les points de vue des animatrices, en ce qui a trait à l’atteinte des objectifs de prévention du programme ESPACE et de la pertinence de leurs actions préventives, sont rapportés.
Personnes rejointes par les adaptations au programme
Les données relatives au nombre de personnes rejointes par les activités préventives des organismes ESPACE en contexte pandémique sont exposées dans le Tableau 1. Ces chiffres sont détaillés selon les années administratives et en distinguant les enfants et adultes afin de permettre un regard évolutif, tout en ayant en tête les populations ciblées et rejointes par la « prévention autrement ».
Le tableau met en lumière une diminution marquée des enfants et adultes rencontrés dans le cadre des ateliers ESPACE en contexte pandémique, alors que respectivement 44,5 % et 25,3 % moins de personnes ont été rejointes lors des années administratives subséquentes à son avènement en mars 2020. De même, on constate des baisses apparentées (–47 % et –31,7 %) du côté des rencontres post-ateliers offertes. Ces baisses sont dues au fait que moins d’écoles ont pu être sensibilisées : « on a fait beaucoup moins de milieux parce qu’on a eu plusieurs cancellations » (Animatrice 4). On remarque toutefois qu’après les baisses importantes de 2020-2021, les ateliers ESPACE ont rejoint déjà plus de personnes l’année suivante.
Bien qu’une baisse d’adultes ayant participé aux ateliers est remarquée (tableau 1), les animatrices rapportent qu’il y a plus de parents présents aux ateliers virtuels qu’il n’y en avait lorsque ceux-ci étaient offerts en présence : « [L]es ateliers virtuels on trouve ça vraiment intéressant pour les parents. […] il y a plus de participation parce que les gens n’ont pas à se déplacer, à faire garder les enfants » (Animatrice 1). Ainsi, s’il y a moins d’écoles où il est possible de faire de la prévention, on rejoint plus de parents dans chacune d’elles. Les propos des animatrices mènent donc à croire que la baisse d’adultes rejoints est réduite grâce à l’offre d’ateliers virtuels. Cette nouvelle façon de faire favorise par ailleurs une plus grande portée pour chacun des ateliers, par exemple en jumelant des groupes de parents de deux écoles, ou encore, en enregistrant un atelier pour parents et en le rendant disponible en différé à ceux l’ayant manqué : « les ateliers virtuels pour les parents sont une formule qu’on apprécie, d’autant plus que ça nous permet de jumeler plusieurs milieux donc si on fait 2 CPE, 2 écoles dans le même mois on va proposer un seul atelier pour l’ensemble des parents de ces milieux-là. » (Animatrice 5).
Du côté des activités de sensibilisation, le portrait se distingue. L’année 2020-2021 marque une forte hausse de personnes rejointes (+47,8 %), principalement des adultes dont le nombre a presque doublé, puis une baisse, en 2021-2022. On peut présumer que les activités de sensibilisation en ligne, dont la majorité a eu lieu en 2021, rejoignent rapidement un nombre considérable de gens, mais que cette portée ne se maintient pas dans le temps puisqu’une baisse importante est constatée en 2021-2022.
Perception des effets des adaptations par les animatrices
Les animatrices rencontrées croient généralement que le programme atteint ses objectifs malgré les adaptations et les contraintes avec lesquelles elles ont dû composer : « Je vais te dire qu’on a quand même continué à atteindre tous nos objectifs » (Animatrice 4). Certaines nuancent en soulignant qu’en ce qui a trait aux ateliers pour les adultes, les impacts positifs sont potentiellement amoindris. Elles rapportent que les caméras étaient souvent fermées et que « vu que c’était en virtuel, il y en a qui ont peut-être fait d’autres choses en même temps, au lieu de participer à la rencontre » (Animatrice 3). Elles relèvent aussi que les ateliers en virtuel offerts aux adultes sont beaucoup moins participatifs que ne l’étaient ceux en présentiel :
Par rapport aux ateliers pour adultes en Zoom, oui on est allés rejoindre plus de parents, grâce à ce médium-là, mais pour ce qui est de la participation active des participants dans l’ensemble des ateliers, autant pour le personnel que pour les parents, il y a eu beaucoup de diminution.
Animatrice 3
Ce format apparaît aussi moins efficient par rapport à l’intégration des contenus du programme de prévention, ou même parfois de leur accès :
[Q]uand on était dans les milieux, moi j’entendais beaucoup de personnel éducatif dire « quel atelier pour adultes ? » […] ça arrivait vraiment souvent qu’ils me disent : « moi je ne l’ai pas écouté ». [Pour d’autres] ça avait l’air d’être loin, pourtant ça ne faisait pas longtemps qu’on l’avait donné.
Animatrice 3
Par ailleurs, concernant les ateliers pour les enfants, les animatrices ont souligné que les nombreuses absences dans les écoles dues aux périodes d’isolement et, les bulles-classes en 2020-2021, qui limitaient les possibilités de reprise des ateliers, ont pu en diminuer la portée et amoindrir le filet de sécurité généralement créé par ceux-ci :
[L]’absentéisme, l’impossibilité aussi pour les enfants de reprendre […]. Donc, moins d’impacts au niveau du personnel, des adultes. J’imagine moins de suivis après ça aussi. C’était une action peut-être plus ponctuelle que quelque chose qui s’inscrivait dans la durée, donc qui allait laisser des traces. Là-dessus, nos objectifs ont peut-être été diminués un peu dans cette période-là.
Animatrice 5
Malgré les limites relevées, les animatrices sont unanimes quant à la pertinence de leurs actions préventives en temps de pandémie :
C’est vraiment d’une grande importance, les enfants ont vraiment été isolés à la maison durant trois mois consécutifs, donc il y avait vraiment eu une baisse de l’observation par l’extérieur […].
Animatrice 3
[U]ne chose qui était importante, je crois, c’était de venir outiller les enfants qui, quand ils arrivaient à la maison, bien s’ils ne savaient pas ce qu’est de la violence et ils en vivaient, bien là je venais de leur expliquer ce que c’est, et je venais de leur donner des outils.
Animatrice 4
Ces perceptions semblent confirmées par l’impression que le personnel scolaire avait des besoins de soutien en ce sens :
[O]n venait prendre le relais, apporter un soulagement à certains milieux. […] Soit parce que ça leur permettait de reprendre leur souffle, de faire d’autres choses, soit parce que ça venait justement donner de l’information, outiller à un moment où il y avait des besoins, où eux ne sentaient pas nécessairement la force de le faire à ce moment-là.
Animatrice 5
Discussion
Malgré des pratiques hétérogènes selon les régions, et en plus du respect des mesures sanitaires gouvernementales, le programme Espace a pu être maintenu dans les écoles en contexte pandémique à partir de septembre 2020. Pour ce faire, des équipes d’animation réduites ont été formées, les équipements de protection ont été intégrés aux pratiques de prévention et des stratégies pour limiter les contacts au sein des écoles (activités plénières seulement, ateliers virtuels pour adultes, etc.) ont été déployées. Qui plus est, afin de rejoindre les enfants, leurs familles et la population, alors qu’il était parfois impossible d’aller dans les milieux scolaires, les organismes ESPACE ont développé plusieurs initiatives en ligne (jeu vidéo, vignettes en ligne, campagnes de sensibilisation, etc.).
À la lumière des résultats présentés, le maintien des activités du programme ESPACE nous apparaît avoir démontré la pertinence d’un programme combinant la prévention primaire et secondaire en temps de pandémie, ce qui est d’ailleurs généralement soutenu par les animatrices rencontrées. En effet, alors que la vulnérabilité des enfants était accrue mondialement à ce moment relativement à leur isolement et à la détresse des adultes (Bhatia et al., 2021 ; Lavergne et al., 2020), la possibilité d’avoir accès, en présentiel, à des adultes spécialisés en matière de prévention de la violence et disponibles à recevoir leurs confidences a eu le potentiel de diminuer cette vulnérabilité. De plus, le fait de rejoindre des parents en ligne afin de discuter de violence envers les enfants a certainement contribué à les sensibiliser sur les conséquences de la violence sur les enfants, ou encore, a favorisé la recherche de solutions à un moment où plusieurs étaient préoccupés par les comportements qu’ils adoptaient envers leurs enfants (Klaassen, 2021). Il aurait été pertinent de mesurer par un devis quasi expérimental l’impact de ces adaptations sur les milieux où des interventions préventives ont été réalisées. L’équipe de recherche a d’ailleurs tenté de recruter des écoles pour ce faire, mais celles-ci ont décliné la participation en raison du contexte pandémique et de la surcharge de travail associée. Les résultats que nous avons recueillis dans la présente étude ne permettent pas d’affirmer que le programme adapté a pu maintenir l’ensemble de ses retombées habituelles. Cela dit, les propos des animatrices rencontrées et l’analyse documentaire effectuée mettent en lumière que les adaptations du programme réfèrent surtout à des modifications au format, plutôt qu’aux contenus.
Ces adaptations de format apparaissent à même de produire des innovations. De fait, notre étude met de l’avant que les parents semblent plus enclins à participer aux ateliers qui leur sont offerts lorsque ceux-ci sont virtuels. Le format virtuel semble aussi amener une plus grande flexibilité. Considérant l’importance de l’implication des parents pour maximiser les effets de la prévention de la violence envers les enfants (Brassard et Fiorvanti, 2015 ; Wurtele et Kenny, 2010), ce constat est incontournable. Les parents représentent un groupe cible important et prioritaire, mais souvent négligé, pour la prévention primaire de la violence envers les enfants, notamment la violence sexuelle (Mendelson et Letourneau, 2015 ; Rudolph et Zimmer-Gembeck, 2018). Des auteurs se sont prononcés en faveur du recours plus important aux technologies pour pallier les limites des stratégies de prévention de la maltraitance ciblant les parents, et ce, afin de mieux les rejoindre, les impliquer et les retenir (Self-Brown et Whitaker, 2008 ; Wurtele et Kenny, 2010). Ainsi, un apprentissage que permet la présente étude est que la participation des parents pourrait être accrue avec l’offre d’ateliers virtuels, même en l’absence d’un contexte de crise et peu importe dans quelle région le programme de prévention est offert.
Cela étant dit, notre étude permet aussi de mettre en lumière que l’engagement actif des parents lors des ateliers en ligne apparaît un enjeu, et que l’organisation des contenus et activités doit être repensée pour le surmonter. Cela pourrait être fait, par exemple, par des collaborations avec des technopédagogues qui ont l’expertise de transposer et d’adapter adéquatement les contenus de manière à atteindre plus complètement les visées de programmes de prévention tels qu’ESPACE lorsque présentés en ligne. Une modification de format seule n’apparaît donc pas une stratégie d’adaptation des plus efficaces si le contenu n’est pas repensé en conséquence pour tenir compte des possibilités et limites du virtuel.
Les données recueillies par le ROEQ démontrent qu’environ 1,5 million de personnes ont pu être exposées à des messages de sensibilisation par leurs diverses activités en ligne en 2020-2021. Il s’agit d’une augmentation considérable en comparaison de l’année antérieure. Les campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux ont fait en sorte de maintenir la prévention de la violence envers les enfants en tant que question d’ordre public, alors que la COVID-19 occupait les espaces médiatiques. Il est plausible de croire que ces activités ont eu des effets sur les croyances et normes sociales relativement à la violence. Or, le changement de normes sociales relatives aux pratiques parentales positives est l’une des cinq catégories de stratégies de prévention efficaces et recommandées des abus et de la négligence envers les enfants (Forston et al., 2016). Même si la présente étude ne permet pas d’en évaluer les effets, nos résultats suggèrent que le maintien et l’intensification d’activités de sensibilisation et de prévention primaire sur les réseaux sociaux, afin d’agir sur les normes sociales, apparaissent parmi les stratégies sur lesquelles il est pertinent de miser en temps de crise. Alors que des facteurs de risque de la violence, tels que les conflits familiaux dus à la proximité constante des familles lors de la pandémie, sont augmentés pendant une telle période, et que les médias plus traditionnels sont centrés sur les éléments relatifs à la crise, il s’avère alors judicieux de miser sur les campagnes de sensibilisation.
Limites
Bien que pertinentes pour nourrir les réflexions sur la diversification des stratégies de prévention de la violence envers les enfants, les données rapportées dans cet article comportent des limites. D’abord, ces données ont été colligées auprès de seulement cinq participantes et reflètent les pratiques de prévention en contexte pandémique de seulement trois organismes ESPACE sur dix. Or, les pratiques ayant été mises en place pendant la COVID-19 étant hétérogènes d’un organisme à l’autre, il est possible que le portrait brossé soit incomplet et non transférable, notamment à d’autres régions. Nous avons tenté de pallier cette limite par une analyse documentaire, qui révèle des réalités provinciales et locales. Ensuite, les données ont été recueillies alors que la pandémie était toujours en cours, ce qui limite la réflexivité et le recul possible par rapport à celles-ci. Les effets directs et immédiats de la pandémie sur la population semblent moins importants actuellement. Toutefois, ses conséquences à plus long terme demeurent inconnues et il est plausible de croire qu’avec le temps, nos analyses des adaptations déployées se modifieront. Enfin, nous ne disposons pas de données objectives permettant d’évaluer les pratiques décrites en ces pages et d’appuyer les perceptions des animatrices quant à l’efficacité des adaptations apportées au programme ESPACE. Il est donc difficile de savoir avec certitude si elles ont atteint leurs objectifs et produits les effets désirés sur les enfants et les adultes.
Conclusion
Les adaptations au programme ESPACE mettent en lumière que la prévention de la violence envers les enfants demeure réalisable dans un contexte de crise sociale et sanitaire, ce qui est en phase avec les recommandations d’experts en la matière (Bhatia et al., 2021). Nous avons aussi pu constater que l’offre d’atelier en ligne semble favoriser la prévention auprès des parents, bien que des stratégies soient à réfléchir pour une participation plus engagée de ceux-ci. Enfin, la sensibilisation en ligne apparaît prometteuse pour modifier les normes sociales à l’égard de la violence en raison de son importante portée. Cela étant dit, pour que ces pratiques de prévention diversifiées deviennent des repères futurs, des experts suggèrent différentes mesures, dont l’une vise l’évaluation des nouvelles formes de prévention de la violence envers les enfants (Bhatia et al., 2021). Cette suggestion nous interpelle particulièrement, étant donné les résultats et les limites de notre étude. En effet, bien que nos données permettent d’attester d’adaptations, il n’est pas clair que celles proposées hors des écoles rejoignent bien les publics visés, soit les enfants. Nos données semblent plutôt suggérer le contraire. Il est encore moins clair si les enfants vulnérables bénéficient de ces nouvelles façons de prévenir la violence, alors qu’en contexte de crise, ce sont eux qui semblent avoir des besoins plus grands. Enfin, l’efficacité de ces stratégies de prévention adaptées reste à démontrer.
Appendices
Notes biographiques
Célyne lalande est professeure au Département de travail social de l'Université du Québec en Outaouais et des Laurentides. Ses travaux portent principalement sur l’intervention sociojudiciaire et la violence conjugale. celyne.lalande@uqo.ca
Lalande, C. et Gonin, A. (2022). Principaux univers de sens de l’intervention sociojudiciaire en violence conjugale. Nouvelles perspectives en sciences sociales, 17(1), 185-220.
Karine Baril est professeure au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais et des Laurentides. Ses recherches se penchent spécifiquement sur la prévention et la violence envers les enfants. karine.baril@uqo.ca
Baril, K., Tourigny, M., Paillé, P. et Pauzé, R. (2016). Characteristics of sexually abused children and their non-offending mothers followed by social welfare services : The role of a maternal history of child sexual abuse. Journal of Child Sexual Abuse, 25(5), 504-523.
Geneviève Lessard est professeure à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Ses intérêts de recherche sont l’exposition des enfants à la violence conjugale et la concertation intersectorielle. genevieve.lessard@tsc.ulaval.ca
Lessard, G., Dumont, A., Alvarez-Lizotte, P., Bisson, S. M., Bourassa, C. et Roy, V. (2021). Exposure to Intimate Partner Violence : Perceived Links with Other Victimizations and the Severity of Violence by Young Adults in Quebec. Open Journal of Social Sciences, 9, 86-106.
Ariane Landry-Duschesne est assistante de recherche à l’Université du Québec en Outaouais et des Laurentides. Son intérêt de recherche principal est la proche aidance. lana32@uqo.ca
Lalande, C., Landry-Duchesne, A. Godard, J. et Juneau, S. (2021). Accompagnement des stagiaires en contexte de pandémie 2020-2021. Université du Québec en Outaouais.
Janie Bergeron est coordonnatrice du Regroupement des organismes ESPACE du Québec. inforoeq@espacesansviolence.org
Nathalie Leduc est coordonnatrice aux activités de prévention d’ESPACE Sûroit. nleduc@espacesuroit.ca
Notes
-
[1]
Parents, personnel scolaire, éducatrices et intervenantes.
-
[2]
« Le [regroupement des organismes ESPACE] vise à renforcer les organismes [communautaires et autonomes] ESPACE du Québec et les soutenir dans leurs actions vouées à prévenir la violence faite aux enfants. Il [s’agit d’un regroupement national qui] accrédite les organismes ESPACE au Québec, et s’assure du respect des valeurs, des principes et de l’analyse qui doivent sous-tendre les actions d’ESPACE. » (ROEQ, 2021, p. 32)
-
[3]
Les impacts de la COVID-19 et des mesures sanitaires sur le milieu scolaire ; les changements observés chez les élèves et le personnel scolaire ; les raisons de poursuivre la prévention en temps de COVID-19 ; les changements de pratiques en temps de COVID-19 ; les expériences d’animation en temps de COVID-19.
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