Le dossier : Ça va bien aller ? Les enjeux et les défis de l’intervention psychosociale pendant et après la pandémie de COVID-19

Ça va bien aller ? Les enjeux et les défis de l’intervention psychosociale pendant et après la pandémie de COVID-19Présentation du dossier[Record]

  • Jorge Flores-Aranda,
  • Rossio Motta-Ochoa and
  • Ida Giugnatico

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  • Jorge Flores-Aranda
    Professeur, École de travail social, Université du Québec à Montréal
    flores-aranda.jorge@uqam.ca

  • Rossio Motta-Ochoa
    Professeure adjointe, École de travail social, Université de Montréal
    rossio.motta.ochoa@umontreal.ca

  • Ida Giugnatico
    Chercheure, Chaire UNESCO d’études des fondements philosophiques de la justice et de la société démocratique, Université du Québec à Montréal
    ida.giugnatico@umontreal.ca

La pandémie de coronavirus (SARS-COV-2) a bouleversé la vie de millions des personnes à travers le monde. Cette pandémie a mis en lumière la façon dont les inégalités sociales affectent la santé et le bien-être de certaines populations ainsi que la vulnérabilité des systèmes sociaux et de santé en Occident, déjà fragilisés par de nombreuses années de gestion néolibérale et hospitalocentriste (Dufour et Hébert, 2021). La crise sanitaire provoquée par le coronavirus a contraint plusieurs gouvernements occidentaux à prendre des mesures restrictives sans précédent dans les démocraties libérales depuis la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, les mesures sanitaires ont profondément changé les structures sociales et ont fait émerger des nouveaux rapports et des nouvelles tensions entre les différents pouvoirs et savoirs (Long et al., 2022 ; Walby, 2021 ; Dufour et Hébert 2021). Les taux de mortalité par COVID-19 reflètent des inégalités sociales. Les personnes âgées de 80 ans et plus ont été les principales victimes de la pandémie. Au Québec, elles représentent plus de deux tiers des décès imputables à la COVID-19 (INSPQ, 2022). Les femmes constituent une autre population surreprésentée parmi les cas de COVID-19, au Québec. Selon les données de l’INSPQ, elles comptent 52,5 % des cas et 52,5 % des décès, comparativement à des taux de 47,5 % et 47,5 % respectivement, chez les hommes (INSPQ, 2021). Toujours au Québec, les taux de décès par COVID-19 sont trois fois plus élevés dans les quartiers où il y a 25 % ou plus des personnes considérées comme issues de minorités visibles (123,1 par 100 000 habitants) comparativement aux quartiers où il y en a moins de 1 % (35,1 par 100 000 habitants) (Subedi etal., 2020). À Montréal, dans les quartiers où plus de 25 % des résident.e.s sont noir.e.s, le taux de mortalité liée à la COVID-19 était de 149,3 par 100 000 habitants comparativement à 88,1 par 100 000 habitants dans les quartiers comptant moins de 1 % de résident.e.s noir.e.s (Subedi et al., 2020). D’autres groupes sociaux ont également été disproportionnellement touchés, dont les personnes vivant dans des conditions de défavorisation économique et sociale. Les données recueillies par l’INESSS jusqu’en juillet 2020 montrent que 43,7 % des cas confirmés de COVID-19 concernent des personnes vivant dans des conditions de moyenne ou de haute défavorisation économique. Cette même population représente 43,5 % du total des décès par COVID-19 enregistrés au Québec au moment de l’enquête (INESSS, 2020). Plusieurs populations sont davantage vulnérables aux complications associées à la COVID-19 en raison d’un état de santé précaire, dont les personnes en situation d’itinérance, celles ayant une consommation problématique de substances psychoactives, dont celles utilisant des opioïdes, confrontées déjà à une crise majeure de santé publique : celle de surdoses (Bertrand et al., 2020). Ces personnes étaient également plus à risque de contracter la COVID-19 en raison des difficultés à appliquer certaines mesures dont la distanciation sociale, l’isolement en cas de symptômes et l’accès à de l’équipement de protection individuelle, entre autres (Bertrand et al., 2020). Les mesures sanitaires prises pour éviter la propagation de la COVID-19, bien que nécessaires, ont généré des effets iatrogènes parmi certaines populations, notamment celles se trouvant déjà en situation de vulnérabilité. Une enquête menée au Québec en 2020 auprès de 6261 adultes rapporte que 20 % des répondant.e.s avaient des symptômes associés à un trouble d’anxiété généralisée ou de dépression majeure deux semaines précédant l’enquête. La présence de ces symptômes était plus élevée (37 %) parmi les jeunes de 18 à 24 ans (Généreux, 2020). La mesure sanitaire de confinement a eu des effets importants sur la …

Appendices