FR:
Cet article consiste à situer la théorisation de la « consubstantialité des rapports sociaux » (Kergoat, 1978-2012) au regard des tensions qui traversent actuellement la réflexion sur l’articulation des systèmes d’oppressions. Prenant acte d’oppositions persistantes dans le champ de « la recherche intersectionnelle », il montre en quoi le concept de « consubstantialité des rapports sociaux », en raison du contexte dans lequel il s’enracine, se démarque d’autres cadrages existants. D’une part, il envisage l’imbrication des différentes oppressions depuis une compréhension dynamique des rapports de pouvoir. D’autre part, il se rattache au bagage théorique issu du féminisme matérialiste qu’il propose de retravailler plutôt que d’écarter les notions clés de l’héritage marxien que la vague culturaliste tend à évacuer. C’est finalement l’efficacité et l’actualité sociologique de cette conceptualisation des rapports de pouvoir et des relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres qui sont mises en évidence ici.
EN:
The purpose of this paper is to locate theories surrounding the concept of “consubstantialité des rapports sociaux” (co-substantiality of social relations or CSSR) (Kergoat, on 1978-2012) within current tensions in feminist thought on intersectionality. Noting the persistent oppositions that mark the intersectionality literature, this article shows how the notion of CSSR, by virture of its contextual origins, distinguishes itself from other existing theoretical frameworks. On the one hand, this concept interprets the interlocking of different systems of oppressions from a dynamic understanding of power relations. On the other hand, the materialist feminist’s interpretations of gender relations propose to rework key Marxian contributions, which stands in opposition to the culturalist rejection of the Marxian legacy. Finally, this contribution highlights the sociological relevance of this concept in order to understand the dynamic relations between power social relations.