La formatrice-accompagnatrice (conseillère) en insertion doit transmettre des savoirs – sociaux, professionnels ou les deux – en entretien individuel ou en groupe (généralement constitué de 15 personnes). Le métier de formatrice-accompagnatrice s’exerce avec des personnes sans emploi. La notion d’insertion que j’ai trouvée et qui m’apparaît le mieux illustrer la conception initiale est la suivante : Ainsi naissait, impulsé par un gouvernement socialiste, un nouveau secteur professionnel en France. Le premier dispositif de formation professionnelle est apparu en France au début des années 1980 pour des jeunes sortis du système scolaire, sans qualification professionnelle, souvent tributaires d’une résidence en banlieue et relevant de l’illettrisme. Il fut donc décidé de leur donner « une deuxième chance ». Des structures d’accueil pour jeunes virent le jour : les Missions locales ou Permanences d’accueil, d’information et d’orientation. Ces structures devaient permettre aux jeunes l’accès à des stages de formation axés sur la pédagogie du projet et s’appuyant sur l’alternance en entreprises pouvant leur permettre d’aller jusqu’à l’obtention d’une qualification professionnelle. Dans ce contexte socioéconomique, la formatrice-accompagnatrice doit éduquer – au sens d’educare, c’est-à-dire accompagner – socialement et/ou professionnellement, tout particulièrement ces jeunes âgés de 16 à 25 ans. Mais progressivement de nouveaux dispositifs ont vu le jour à la suite de la montée du chômage de masse en France. Ces stages s’adressaient à une grande partie de la classe ouvrière, les « sans qualification professionnelle », les personnes de niveau primaire ou analphabètes. Aujourd’hui, tous les allocataires de minima sociaux sont concernés. Mon expérience professionnelle dans le domaine de l’insertion sociale et professionnelle a commencé en 1984, dans l’agglomération lyonnaise (les banlieues lyonnaises telles que Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Givors, Villeurbanne, Bron, Saint-Genis-Laval), communes ayant toutes des quartiers dits « défavorisés ou sensibles ». Mais Lyon, la deuxième ville de France, n’en est pas exemptée, car, aujourd’hui, je travaille dans le quartier de la Duchère dans le IXe arrondissement où de nombreuses « barres » d’habitation de 15 étages surplombent la ville de Lyon. Ces « barres », construites dès les années 1960, ont accueilli dans l’urgence les rapatriés d’Algérie (les « pieds-noirs »), puis les migrants. Aujourd’hui, elles servent surtout à reloger toute la population précaire relevant des minima sociaux ; population qui ne peut choisir son lieu d’habitation. Et, paradoxalement, dans ce quartier dit en « développement social », s’est imposée depuis peu de temps, au nom de la mixité sociale et de la problématique « banlieue », la destruction de quelques « barres » (environ 500 logements sociaux supprimés) pour laisser place à une nouvelle classe sociale : celle qui a les moyens d’accéder à la propriété. Cette politique a comme optique de diluer les problématiques dans l’espace (politique territoriale). Cependant, la France se heurte à des difficultés pour répondre aux demandes de logement. D’abord, le quota de construction de logements sociaux n’est pas respecté par les villes : il y en a plus qui sont détruits que construits. Ensuite, le logement privé sélectionne ses locataires et exige des garanties, comme un contrat à durée indéterminée et des garants, alors que nous savons qu’en France, plus de la moitié des salariés sont embauchés sous contrats de travail éjectable, à durée déterminée ou par mission. Cette population sur ce quartier de Lyon s’entend dire indirectement de faire place aux nouveaux riches, car la vue est belle sur la Duchère. Et je n’ose imaginer comment cette promiscuité dans ce quartier va être vécue dans les quelques années à venir. Après plus de vingt ans d’expérience auprès des différents publics précités en politique d’insertion sociale et/ou professionnelle française, voire européenne (car mon …
Appendices
Bibliographie
- Article non signé (2006). « Malaise dans la formation, L’ANPE s’explique », Le Progrès (quotidien régional), 6 août.
- Baslé, M., Chavance, B. et J. Léobal (1998). Histoire des pensées économiques, les fondateurs, Paris, Sirey.
- Castel, R. (1995). Les métamorphoses de la question sociale, Paris, Fayard.
- Ouvrage collectif (2006). Une révolte en toute logique, Lyon, L’archipel des pirates.
- Rahnema, M. (2003). Quand la misère chasse la pauvreté, Paris, Fayard.
- Twenge, J. M., Catanese, K.R. et R.F. Bauneister (2003). « Social Exclusion and the Deconstructed State : Time Perception Lethargy, Lack of Emotion and Self Awareness », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 85, no 3, 409–423.