Les comptes rendus

Lionel-Henri Groulx, Revenu minimum garanti. Comparaison internationale, analyses et débats, Québec, Presses de l’Université du Québec, coll. « Problèmes sociaux et interventions sociales », 2005, 360 p.[Record]

  • Lucie Dumais

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  • Lucie Dumais
    LAREPPS/École de travail social
    Université du Québec à Montréal

Cet ouvrage nous rappelle qu’au début des années 1970 les gouvernements d’ici ont flirté avec l’idée de revenu minimum garanti et que la ministre canadienne de l’époque, Monique Bégin, y voyait une solution aux problèmes de pauvreté. Dans les années 1990, c’est l’idée de revenu universel (ou de citoyenneté) qui est apparue sur la place publique avec, entre autres pour la promouvoir, Michel Chartrand d’un côté et Charles Sirois de l’autre. Ainsi, dès les premières pages du livre de Lionel-H. Groulx, on apprend que l’idée même de revenu minimum garanti revêt une imprécision terminologique et qu’elle englobe en fait divers dispositifs gouvernementaux, programmes d’aide financière et services sociaux, dans un bouillon d’idéologies, égalitariste ou libérale. En fin d’ouvrage, l’auteur nous explique d’ailleurs très bien comment il se fait que l’idée de revenu universel a été défendue, ces dernières années au Québec, non seulement par une certaine frange de la gauche, mais aussi par plusieurs ténors de la droite néolibérale, lesquels insistaient sur l’un ou l’autre des avantages de ce type de mesure étatique. En somme, ce livre nous permet d’éviter le piège des argumentaires faciles, partiels ou éculés sur les politiques de soutien du revenu. Il y a une somme considérable de travail comparatif dans cet ouvrage de Lionel-H. Groulx sur les dispositifs gouvernementaux de soutien et de remplacement du revenu. Avec beaucoup de minutie et, certainement, de persévérance, il a réuni un corpus de recherches variées, nord-américaines et européennes, dans un ensemble simplifié. Plusieurs tableaux et graphiques nous aident à faire des synthèses, à comparer entre eux des pays et leurs systèmes, et soutiennent l’auteur lui-même quand il en vient finalement à offrir sa propre analyse d’ensemble. La profondeur de cet ouvrage conviendra surtout aux personnes désirant parfaire leurs connaissances des dispositifs nationaux des pays occidentaux, leurs retombées, leurs forces et leurs faiblesses. L’ensemble du livre est écrit de manière pédagogique et peut rejoindre un public de non-initiés même si la lecture est assez exigeante. De temps en temps, une certaine familiarité avec le sujet peut aider à saisir les nuances, à retenir ici et là des commentaires judicieux, ou à lire attentivement les notes de bas de page où Groulx nous réserve des commentaires féroces sur la politique québécoise actuelle ou, encore, des avis sympathiques sur le modèle économique standard. D’où l’intérêt de faire de ce livre un outil de réflexion et de référence. L’ouvrage offre en effet des éléments de réponse solides à une foule de questions actuelles. Par exemple, quels pays occidentaux réussissent le mieux à réduire la pauvreté chez eux ? Quels critères d’admissibilité utilise-t-on d’un pays à l’autre et en quoi respectent-ils le droit social à l’assistance ? Le modèle scandinave, social-démocrate, existe-t-il réellement ? Où se situe le Québec par rapport à la Suède ou à la France ? Quelle a été l’efficacité des mesures d’impôt négatif sur les familles pauvres américaines ? L’augmentation du salaire minimum aurait quels résultats en termes d’activation vers l’emploi et de réduction de la pauvreté ? Ce livre servira sans aucun doute aux personnes désireuses d’en savoir plus sur certains types de programmes souvent évoqués pour résoudre les problèmes de pauvreté et d’inégalité, tant au Québec qu’ailleurs. Le livre est dense, divisé en six chapitres robustes accompagnés d’une conclusion assez courte. Je vais rapidement décrire ce contenu pour ensuite m’attarder à quelques points d’intérêt, dans le but d’inciter les lecteurs à aller lire les détails dans l’ensemble ou dans certaines parties du livre. À quoi se réfère-t-on au juste lorsqu’on utilise le terme « revenu minimum garanti » ? À trois choses en fait, nous explique Groulx …