Comptes rendus

Jean-Pierre Deslauriers et Yves Hurtubise, Le travail social international. Éléments de comparaison, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2005, 342 p.[Record]

  • Lionel-Henri Groulx

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  • Lionel-Henri Groulx
    École de service social
    Université de Montréal

Il faut savoir gré aux auteurs coordonnateurs de ce livre d’avoir sollicité des auteurs et auteures appartenant à des pays différents pour présenter, à partir d’une grille commune de lecture, l’état du développement du travail social dans leur pays respectif. Le projet est d’autant plus intéressant qu’il est nouveau et qu’il nous éloigne du discours dominant sur le travail social international, organisé autour de la tradition anglo-saxonne, soit principalement américaine ou britannique. On trouve présentée et exposée de façon claire et synthétique la diversité des pratiques du travail social appartenant à une même tradition latine et catholique. Chacun des chapitres se termine par une bibliographie générale et commentée. Un encadré indique les principaux sites Internet pour chaque pays, ce qui permet au lecteur ou à la lectrice d’approfondir sa connaissance du travail social et des politiques sociales des pays concernés. Cet ouvrage est d’autant plus bienvenu dans un contexte de mondialisation qui favorise le développement des échanges internationaux dans le domaine de la formation et de l’action sociale. Ce livre constitue, en outre, une mine d’informations sur la formation et la pratique du service social pour tous ceux et celles qui s’intéressent au service social international. Il pose plusieurs questions pertinentes, en gardant les réponses ouvertes. Il nous stimule à poursuivre ce travail d’analyse et de comparaison internationale, domaine traditionnellement négligé dans la formation en service social, autant au Québec qu’ailleurs. Dans le premier chapitre, les coordonnateurs de l’ouvrage nous introduisent au travail social international en discutant sa définition, sa percée et l’influence de la mondialisation sur le travail social et les défis qu’elle lui pose. En conclusion, ils esquissent une analyse comparative en exposant les ressemblances et les différences entre les pays présentés dans l’ouvrage à partir de quatre thèmes (les origines du travail social, la reconnaissance professionnelle, la formation des travailleurs sociaux et les orientations de la pratique). Pour eux, les pays latins se distingueraient des pays anglo-saxons, sans pour autant former un ensemble homogène. La lecture des divers chapitres sur le service social en Europe – la France, la Belgique francophone, la Suisse, l’Italie, l’Espagne et le Portugal – donne une impression de grande diversité autant dans la professionnalisation et l’institutionnalisation du service social que dans les filières de formation et les profils de postes. Dans plusieurs pays européens, la notion de travail social englobe plusieurs métiers du social différents. Ce sont, comme le note l’une des auteures, « la culture professionnelle et le lieu d’exercice du métier qui forment la frontière entre les professions ». Dans tous les pays européens, on retrouve des constantes de l’influence de l’Église dans le développement du service social et de l’effet des réformes administratives de l’État-providence qui vont dans le sens d’une plus grande décentralisation des services sur la pratique du service social et sur les institutions de formation. Les questions autour de l’identité professionnelle, de même que les défis et les orientations de la pratique, restent aussi organisés autour des questions liées à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Dans les chapitres portant sur l’Amérique latine, soit l’Argentine, le Chili et le Brésil, on remarque que le service social s’est implanté relativement tôt. La première école de service social en Argentine date de 1930, au Chili de 1925 et au Brésil de 1936. L’histoire du service social dans chacun de ces pays reste très liée aux méandres de leur histoire sociale, économique, politique et militaire. Le service social latino-américain a réussi, semble-t-il, plus que tout autre, à s’autonomiser par rapport à la tradition anglo-américaine. Indicateur de ce processus est le Mouvement de reconceptualisation (MR) entrepris dans les années 1970 …