L’entrevue

Une pratique communautaire : le Centre de crise Le TransitEntrevue avec Daniel Cossette, directeur[Record]

  • Paul Morin

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  • Paul Morin
    Département de service social
    Université de Sherbrooke

Au début des années 1980, nous avons eu nos premières rencontres provinciales qui ont réuni des intervenants et des usagers d’organismes comme la Maison Saint-Jacques, la Maison Vivre, Solidarité Psychiatrie, Auto-Psy. À cette époque, il n’y avait rien de structuré, aucun service pour les groupes. Puis, il y avait aussi les usagers qui se posaient des questions, qui avaient des revendications. On s’est alors penché sur les modèles qui existaient ailleurs. Est-ce qu’il devrait y avoir des intervenants ou pas dans ce regroupement-là ? C’est quoi le but du regroupement ? Rapidement, on s’est aperçu que les usagers devaient être dans le processus afin qu’ils récupèrent leur pouvoir, il fallait qu’ils prennent leur place, qu’ils aient leur rôle. En 1982, le Regroupement a été fondé avec un objectif précis : supporter, dans les régions, la naissance d’organismes qui offrent autre chose que l’hôpital et la psychiatrie – « ailleurs et autrement » – et comblent un manque de services. Si on regarde cela avec le recul, on était trois ou quatre organismes ; il y en maintenant 145. Mais il a fallu beaucoup travailler pour créer cet élan-là. Et c’était une belle vague, une bonne vague. Nous n’avons pas eu une entière reconnaissance avec tous les moyens qui viennent avec. Mais on nous a donné une certaine reconnaissance : « ça existe, c’est positif ce qu’ils font. Il y a des milieux plus articulés, d’autres moins articulés. Mais l’existence d’un mouvement parallèle important structuré qui offre autre chose, c’est important ». Je pense qu’ils n’avaient pas le choix parce qu’ils se rendaient compte qu’il y avait des abus de pouvoir en milieu psychiatrique. Ça nous a donné un élan, mais sans vraiment de ressources financières adéquates. Les gens du réseau ont saisi que l’État ne misait plus juste sur le réseau et cela a créé une ouverture entre le milieu communautaire et les intervenants progressistes du réseau public. Cette alliance a fait son petit bonhomme de chemin que l’on peut voir, par exemple, dans les colloques de l’Association québécoise de réadaptation psychosociale (AQRP). Ensemble, on peut bâtir, offrir des choses intéressantes à cette clientèle. Si tu te situes au niveau de l’intervention, oui, il y a des intervenants dans le réseau qui sont prêts à travailler avec nous. Il y a une reconnaissance mutuelle, une complicité. Mais quand on parle des décideurs, on est toujours dans l’ordre d’un rapport de force. Il ne faut pas se le cacher, la psychiatrie de deuxième et troisième ligne domine encore à Montréal et cela se traduit par les sommes considérables qui y sont toujours investies. Dans les départements psychiatriques des hôpitaux généraux, il y a plus de collaboration de travail ; on est impliqué dans les mesures de désengorgement. On travaille très bien ensemble. Mais la grosse game financière se situe dans les institutions de longue durée comme Louis-Hippolyte-Lafontaine. L’Agence, la Régie régionale, à mon point de vue, a eu de la difficulté pendant des années à mettre sur la table publiquement les enjeux de même que les sommes engagées. Il y a 125 millions à Louis-H ! L’époque asilaire, c’est fini. Il faut faire le deuil de ça, il faut passer à autre chose. Puis dans le monde, il y a plein d’expériences qui montrent que ça ne marche plus, qu’il y a d’autres mesures qui fonctionnent. Effectivement, il y a là une bonne ouverture. Je siège sur un comité aviseur comme porte-parole des centres de crise et les planètes semblent bien alignées pour faire un pas qu’on aurait dû faire il y a une dizaine d’années. Ce plan de santé mentale …

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