En novembre 1984, près de 1500 jeunes étaient réunis en sommet au Pavillon d’éducation physique et sportive (PEPS) de l’Université Laval à Québec. Il n’y avait pas un groupe, une sensibilité politique ou une dimension sociale qui n’étaient absents de cet événement. Le résultat final a pris la forme d’une liste impressionnante d’objectifs à atteindre, de revendications formulées et de propositions à mettre en oeuvre. C’est d’ailleurs dans la mouvance de ce sommet que le Conseil permanent de la jeunesse a été créé. Seize ans plus tard, en février 2000, 70 personnes participent au Sommet du Québec et de la jeunesse. De ce nombre, près de 30 participants représentaient les groupes de jeunes, alors qu’une quinzaine d’autres agissaient comme porte-parole d’organisations de la société civile. Les résultats se sont traduits par des engagements pris entre toutes les personnes associées au Sommet. Soulignons, à cet égard, le projet de « politique jeunesse » formulé à cette occasion, qui est soumis au débat public actuellement, ainsi que les propositions du dernier budget qui donne suite à d’autres accords survenus lors de l’événement. Dans tous les cas, ces engagements font l’objet d’un suivi par un comité composé de délégués provenant de la table du Sommet. Avec le recul, on constate que ces deux exercices (celui de 1984 et celui de 2000) ont produit des résultats différents. Qu’est-ce qui différencie ces deux sommets ? Quel bilan peut-on faire des résultats de la dernière rencontre ? Les réflexions qui suivent tentent de trouver des éléments de réponse à ces questions. Pour y parvenir, je puiserai à même l’expérience vécue dans la préparation, le déroulement et le suivi du Sommet du Québec et de la jeunesse. Ayant eu la responsabilité de coprésider le chantier « Promouvoir une société équitable » – avec Marie-Claude Sarrazin – et, à ce titre, ayant été intimement lié, avec les autres coprésidences, aux débats qui ont balisé la tenue de cet événement, mon propos sera fondé sur ma perception des événements en tant que témoin et participant de cette rencontre. Perception bien subjective, j’en conviens, mais qui apporte malgré tout un éclairage original, je crois, sur le déroulement et les finalités de cet événement par rapport à ce qu’en ont rapporté plusieurs médias au cours de l’exercice. Ce présent article aborde ainsi la question de la reconnaissance des jeunes parmi l’ensemble des composantes de la société civile, c’est-à-dire les jeunes en tant que groupe reconnu pleinement comme acteur social au sein de la société québécoise. Il sera aussi question de l’élargissement et de la diversification des formes d’apprentissage de la citoyenneté chez les jeunes comme élément déterminant de cette nouvelle reconnaissance. Enfin, je formulerai quelques remarques concernant la critique, par certains producteurs idéologiques, de la formule des Sommets et des prétendus « nouveaux corporatismes » qui s’y manifestent. Pour mieux situer le lecteur, rappelons succinctement les principaux éléments qui ont conduit à la tenue du Sommet du Québec et de la jeunesse. Insatisfaits du Programme d’action jeunesse de juin 1998, produit par le ministre André Boisclair, responsable des relations avec les citoyens, un ensemble de groupes de jeunes réclame la tenue d’un véritable débat de société portant sur la situation de la jeunesse au Québec. À l’occasion de la campagne électorale qui a eu lieu au cours de la même année et en réponse aux revendications de ces groupes de jeunes, le premier ministre Bouchard prend l’engagement de tenir un sommet sur la jeunesse. Il renouvelle cette promesse lors du discours inaugural qui suit l’élection et en confie la responsabilité à son nouveau ministre de l’Éducation, François Legault. Le ministre a …
Appendices
Bibliographie
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