Faits et chiffresFeatures and Figures

Le scandale des 4 millions de morts néonatales chaque annéeBilan et actions possiblesFour million year neonates deaths: balance sheet and possible actions[Record]

  • Dominique Labie

…more information

  • Dominique Labie
    Département de génétique, développement et pathologie moléculaire,
    Institut Cochin,
    24, rue du Faubourg Saint-Jacques,
    75014 Paris, France.
    labie@cochin.inserm.fr

Une série de quatre articles parus récemment dans le Lancet attire l’attention sur le drame que représente dans le monde d’aujourd’hui, en 2005, la mortalité des nouveau-nés, et le fait avec des chiffres extrêmement impressionnants. Le premier de ces papiers, le plus important, sans doute, fait ce qu’on pourrait appeler un état des lieux [1]. Sur les 130 millions de naissances annuelles, 4 millions d’enfants meurent dans les quatre premières semaines de leur vie, et on doit compter un nombre sensiblement équivalent de mort-nés par suite d’un décès in utero dans les trois derniers mois de la grossesse. Une localisation de ces morts montre que 99 % d’entre elles ont lieu dans les pays les plus pauvres ou en cours de développement, la moitié environ faisant suite à un accouchement à domicile, contre 1 % seulement dans nos pays riches. Or, ce sont ces 1 % qui font l’objet d’enquêtes et éventuellement sont l’objet d’un scandale public si elles semblent dues à une insuffisance des services. C’est également cette très petite minorité qui fera l’objet de recherches et d’essais, alors que peu de progrès ont été réalisés depuis 10-15 ans dans les pays majoritairement concernés. Un projet global (MDG-4, millenium development goal-4) recherche ce que pourrait être une amélioration des systèmes de santé. On s’est jusqu’à présent focalisé surtout sur les pneumonies, les diarrhées, le paludisme et les vaccins. Est-ce suffisant ? Une étude statistique révèle que 38 % des décès d’enfants de moins de cinq ans ont lieu dans le premier mois de la vie, majoritairement dans la première semaine, et même dans les 24 heures qui suivent l’accouchement, et que c’est là que l’inégalité est la plus criante entre pays riches et pays pauvres. Deux tiers environ des morts néonatales s’observent en Afrique et en Asie du Sud Est. L’Inde, à elle seule, en représente un quart, mais les proportions sont encore supérieures en Afrique Subsaharienne, dépassant 45 morts pour 1 000 naissances dans quatorze pays (alors qu’elle est de l’ordre de 4 ‰ dans les pays riches). Une analyse plus approfondie des causes de ces décès en révèle plusieurs catégories. Il y a les causes que l’on peut considérer comme directes : les naissances prématurées (28 %), les infections graves, dont les pneumonies et les états septiques (36 %), le tétanos (3 %), l’asphyxie néonatale (23 %). Prématurité et asphyxie se présentent comme létales le plus tôt au cours de la vie. D’autres causes mal identifiées incluent entre autres les anomalies congénitales. La répartition varie selon les pays, mais, dans l’ensemble, la fréquence des causes majeures coïncide avec le taux global de mortalité néonatale. Il y a aussi des causes plus indirectes, au premier rang desquelles il faut mettre le faible poids de naissance par restriction à la croissance in utero. La santé de la mère intervient, et les difficultés, en particulier de présentation, au cours de l’accouchement. La résistance supérieure des filles a été évoquée, mais aussi leur infanticide en Chine. Il reste incontestable que la pauvreté est un facteur majeur de disparité, tant pour les morts postnatales que pour la fréquence des enfants mort-nés. L’enquête, enfin, a cherché à évaluer le rôle d’un service de santé et d’un personnel qualifié, cela à plusieurs étapes : le diagnostic d’un état pathologique, l’accès à une instance de soins, la disponibilité et l’efficacité de ces soins. Un point particulier, quoique différent, est la transmission du sida de la mère à l’enfant. Sur une base épidémiologique valable, il est évident que ces différentes causes appellent des stratégies variables, et une étude de faisabilité et de coût. Trois causes …

Appendices