Le terme autophagie englobe un ensemble de mécanismes cataboliques aboutissant à la dégradation de constituants cellulaires par le lysosome [1]. La découverte de la macro-autophagie, une des formes majeures de l’autophagie, est contemporaine de celle du lysosome par Christian de Duve [2]. La macro-autophagie, active à un niveau basal dans la plupart des cellules (prise en charge du renouvellement des protéines à durée de vie longue et de certains organites comme la mitochondrie), est stimulée en situation de stress ; ce processus représente un mécanisme de survie cellulaire et d’adaptation, par le recyclage - notamment des acides aminés - et l’élimination des macromolécules et des structures cellulaires altérées [3]. La découverte des gènes ATG (autophagy related genes), au milieu des années 1990, chez la levure Saccharomyces cerevisiae (pour revue, voir [4]) a été importante non seulement pour la dissection en termes moléculaires de la macro-autophagie mais aussi pour comprendre son importance en physiologie et physiopathologie [3]. Sur le plan cellulaire, la macro-autophagie débute par la formation d’une vacuole, l’autophagosome, qui séquestre de façon non sélective les constituants du cytoplasme. L’autophagosome est délimité par plusieurs feuillets lipidiques (en général quatre) dont l’origine est encore mal connue. Plusieurs compartiments cellulaires (réticulum endoplasmique, appareil de Golgi et réseau trans-golgien) et la membrane plasmique concourent probablement à la formation de l’autophagosome. Une quinzaine de protéines Atg, pour la plupart conservées de la levure à l’homme, sont nécessaires à sa biogenèse. À l’exception d’Atg9, ces protéines ne possèdent pas de domaine transmembranaire. Les protéines Atg, recrutées dans le cytoplasme, s’associent de façon transitoire avec la membrane pré-autophagosomale et à celle de l’autophagosome. La formation de l’autophagosome repose essentiellement sur deux systèmes de conjugaison, similaires à l’ubiquitinylation et la sumoylation des protéines [5] (Figure 1). Le premier conjugué, formé des protéines Atg5-Atg12, permet le recrutement du deuxième qui résulte de la conjugaison en carboxyterminal de la protéine Atg8 (MAP-LC3 chez les mammifères) par la phosphatidyléthanolamine (PE). Le complexe Atg5-Atg12 est recyclé vers le cytosol avant la formation complète de l’autophagosome. La protéine Atg4 hydrolyse la liaison entre Atg8 et la PE. En conséquence de cette hydrolyse, seule une fraction du complexe Atg8-PE reste associée à la membrane interne de l’autophagosome constituant un marqueur spécifique de cet organite. La protéine Atg6 qui interagit avec la phosphatidylinositol 3-phosphate kinase (PI3K) de type III sur la membrane du réseau trans-golgien (Figure 1) est nécessaire à la formation de l’autophagosome, de même que le phosphatidylinositol 3-phosphate (PtdIns3P), produit de l’activité de la PI3K de type III [6]. Les rôles intimes d’Atg6 et du PtdIns3P dans la formation de l’autophagosome restent encore à élucider. La recherche de nouveaux partenaires de la protéine antiapoptotique bcl-2, par le criblage d’une banque d’ADNc de cerveau de souris, a conduit à l’identification de la bécline 1 (en anglais, beclin :becl du fait de son interaction avec bcl-2, le suffixe in en raison de la structure coiled-coil de la protéine) [7]. Cette protéine est, chez les organismes pluricellulaires, l’orthologue de la protéine Atg6 de levure [8]. Le gène beclin 1 est localisé sur le chromosome 17 (17q21) proche du locus du gène BRCA1, gène de susceptibilité aux cancers du sein et de l’ovaire [9]. Des délétions mono-alléliques du gène beclin 1 sont observées dans 40 % à 70 % des cancers spontanés du sein et de l’ovaire. Sa réintroduction dans des lignées cellulaires de carcinome mammaire réduit leur prolifération et leur pouvoir tumorigène ex vivo et in vivo après transplantation chez la souris athymique [8]. Son invalidation arrête précocement le développement embryonnaire chez la souris [10, 11]. En revanche, les souris …
Appendices
Références
- 1. Cuervo AM. Autophagy : in sickness and health. Trends Cell Biol 2004 ; 14 : 70-7.
- 2. De Duve C, Wattiaux R. Functions of lysosomes. Annu Rev Physiol 1966 ; 28 : 435-92.
- 3. Klionsky DJ, Emr SD. Cell biology : autophagy as a regulated pathway of cellular degradation. Science 2000 ; 290 : 1717-21.
- 4. Klionsky DJ, Cregg JM, Dunn Jr WA, et al. A unified nomenclature for yeast autophagy-related genes. Dev Cell 2003 ; 5 : 539-45.
- 5. Ohsumi Y. Molecular dissection of autophagy : two ubiquitin-like systems. Nat Rev Mol Cell Biol 2001 ; 2 : 211-6.
- 6. Petiot A, Ogier-Denis E, Blommaart EFC, et al. Distinct classes of phosphatidylinositol 3’-kinases are involved in signaling pathways that control macroautophagy in HT-29 cells. J Biol Chem 2000 ; 275 : 992-998.
- 7. Liang XH, Kleeman LK, Jiang HH, et al. Protection against fatal Sindbis virus encephalitis by beclin, a novel Bcl-2-interacting protein. J Virol 1998 ; 72 : 8586-96.
- 8. Liang XH, Jackson S, Seaman M, et al. Induction of autophagy and inhibition of tumorigenesis by beclin 1. Nature 1999 ; 402 : 672-6.
- 9. Aita VM, Liang XH, Murty VVVS, et al. Cloning and genomic organization of Beclin 1, a candidate tumor suppressor gene on chromosome 17q21. Genomics 1999 ; 59 : 59-65.
- 10. Qu X, Yu J, Bhagat G, et al. Promotion of tumorigenesis by heterozygous disruption of the beclin 1 autophagy gene. J Clin Invest 2003 ; 112 : 1809-20.
- 11. Yue Z, Jin S, Yang C, et al. Beclin 1, an autophagy gene essential for early embryonic development, is a haploinsufficient tumor suppressor. Proc Natl Acad Sci USA 2003 ; 100 : 15077-82.
- 12. Melendez A, Tallòczy Z, Seaman M, et al. Autophagy genes are essential for dauer development and life-span extension in C. elegans. Science 2003 ; 301 : 1387-91.
- 13. Riddle DL, Gorski SM. Shaping and stretching life by autophagy. Dev Cell 2003 ; 5 : 364-5.
- 14. Levine B, Klionsky DJ. Development by self-digestion : molecular mechanisms and biological functions of autophagy. Dev Cell 2004 ; 6 : 463-77.
- 15. Clarke PGH. Development cell death : morphological diversity and multiple mechanismes. Anat Embryol 1990 ; 181 : 195-213.
- 16. Baehrecke EH. Autophagic programmed cell death in Drosophila. Cell Death Differ 2003 ; 10 : 940-5.
- 17. Yue Z, Horton A, Bravin M, et al. A novel protein complex linking the d2 glutamate receptor and autophagy : implications for neurodegeneration in Lurcher mice. Neuron 2002 ; 35 : 921-33.
- 18. Selimi F, Lohof AM, Heitz S, et al. Lurcher GIRD2-induced death and depolarization can be dissociated in cerebellar Purkinje cells. Neuron 2003 ; 37 : 813-9.
- 19. Gozuacik D, Kimchi A. Autophagy as a cell death and tumor suppressor mechanism. Oncogene 2004 ; 23 : 2891-906.
- 20. Martin DN, Baehrecke EH. Caspases function in autophagic programmed cell death in Drosophila. Development 2004 ; 131 : 275-84.
- 21. Yu L, Alva A, Su H, et al. Regulation of an ATG-7-beclin 1 program of autopahgic cell death by caspase-8. Science 2004 ; 304 : 1500-2.
- 22. Scarlatti F, Bauvy C, Ventruti A, et al. ceramide-mediated macroautophagy involves inhibition of protein kinase B and upregulation of beclin 1. J Biol Chem 2004 ; 279 : 18384-91.
- 23. Mills KR, Reginato M, Debnath J, et al. Tumor necrosis factor-related apoptosis-inducing ligand (TRAIL) is required for induction of autophagy during lumen formation in vitro. Proc Natl Acad Sci USA 2004 ; 101 : 3438-43.
- 24. Edinger AL, Thompson CB. Defective autophagy leads to cancer. Cancer Cell 2003 ; 4 : 422-4.
- 25. Yuan J, Lipinski M, Degterev A. Diversity in the mechanism of neuronal cell death. Neuron 2003 ; 40 : 401-13.
- 26. Nishino I. Autophagic vacuolar myopathies. Curr NeurolNeurosci Rep 2003 ; 3 : 64-9.
- 27. Kirkegaard K, Taylor MP, Jackson WT. Cellular autophagy : surender, avoidance and subversion by microorganisms. Nat Rev Microbiol 2004 ; 2 : 301-14.