NouvellesNews

BRCA1: de l’identification du gène à l’estimation des risques tumorauxBRCA1: from the gene identification to the cancer risk estimation[Record]

  • Dominique Stoppa-Lyonnet and
  • Marc Jeanpierre

…more information

  • Dominique Stoppa-Lyonnet
    Service de génétique,
    Institut Curie,
    26, rue d’Ulm, 75248 Paris Cedex 05, France.
    dominique.stoppa-lyonnet@curie.net

  • Marc Jeanpierre
    Laboratoire de biochimie et de génétique moléculaire,
    Institut Cochin,
    22, rue Méchain, 75014 Paris,
    France.

En octobre 2003 est paru un article dans Science signé par Mary-Claire King sur l’estimation des risques de cancers du sein et de l’ovaire associés aux altérations des gènes BRCA1 et BRCA2 [1]; cet article est publié 13 ans quasiment jour pour jour après la publication par le même auteur et dans le même journal de la localisation de BRCA1 [2] et neuf ans après l’identification de BRCA1 [3]. Ce délai peut paraître long, et la publication dans Science inhabituelle, mais cela souligne combien l’estimation des risques est difficile, mais essentielle pour définir une stratégie de prise en charge des femmes ayant un risque important de développer une pathologie cancéreuse. L’étude de M.C. King n’est cependant pas la première qui ait examiné la pénétrance des altérations des gènes BRCA, mais son originalité vient de ce qu’après avoir identifié des femmes porteuses d’une mutation BRCA à partir de cas consécutifs de cancer du sein, c’est-à-dire sans faire intervenir l’histoire familiale dans la sélection (étude de population), le maximum de leurs apparentées ont été testées et la pénétrance a été estimée à partir de l’histoire médicale des seules apparentées porteuses d’une mutation BRCA. En effet, dans les études de population précédentes, l’analyse de la pénétrance prenait en compte la seule histoire médicale des apparentées et non l’analyse génétique des mutations des gènes BRCA. L’étude de M.C. King est donc plus informative. Entre 1996 et 2000, 1008 femmes atteintes de cancer du sein et d’origine ashkénaze ont accepté la recherche de trois mutations des gènes BRCA1: 185delAG, 5382insC, ou BRCA2: 6174delT, mutations dont la fréquence dans la population ashkénaze est estimée à 2,5%. Cent quatre (10,3%) se sont avérées porteuses de l’une des trois mutations, ce qui ne différait pas d’études précédentes. Les risques de cancer du sein et de l’ovaire ont donc été estimés à partir des antécédents de cancer du sein et de l’ovaire des apparentées porteuses de mutations, et sont présentés dans le Tableau I. Nous y avons également indiqué les risques estimés par d’autres études: (1) l’étude d’épidémiologie génétique de E.B. Claus (étude de ségrégation qui a permis de retenir que 5% des cas de cancer du sein dans la population générale américaine sont liés à une prédisposition génétique transmise selon le mode dominant et qui confère un risque donné de cancer du sein, risque non spécifique aux gènes BRCA) [4]; (2) études des familles du Breast Cancer Linkage Consortium, familles qui ont contribué à l’identification des gènes BRCA; et (3) méta-analyse de 22 études de population [4-8]. Dans leur ensemble, les risques de cancer du sein et de l’ovaire se rapprochent plus de ceux des études de familles que de ceux des études de population. Néanmoins, les risques de cancer du sein en présence de mutations BRCA1 et le risque de cancer de l’ovaire en présence de mutations BRCA2 ne sont pas différents quelles que soient les études. Bien que le plus grand soin ait été apporté pour limiter les biais, il n’est pas dit qu’ils l’aient été. En effet, pour un risque de cancer du sein de 82% (intervalle de confiance: 77-87) chez les femmes porteuses d’une mutation BRCA, et en prenant en compte un risque cumulé de cancer du sein de 12% dans la population générale, la fréquence attendue des femmes porteuses dans la population étudiée est de 14,9% (IC: 14,1-15,7) et non de 10,3%. On peut, de la même façon, calculer le risque de cancer du sein attendu pour une fréquence observée de 10,3% de femmes prédisposées: 54% et non 82%. Il faut souligner que lorsque l’ensemble des …

Appendices