Abstracts
Résumé
Nous souhaitons montrer dans ce texte que l’État canadien semble, en fait, s’être prévalu d’une sorte de « droit d’inventaire » quant aux débats, aux réflexions et aux propositions formulés dans le cadre de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, en choisissant de s’attarder davantage à trouver des solutions pour régler la « crise » politique que traversait alors le Canada, plutôt qu’en en suivant les recommandations. Ce faisant, si les conflits linguistiques au Canada se sont peu à peu pacifiés, un problème reste en suspens : celui de la reconnaissance des francophonies canadiennes. Il ne s’agit pas de proposer ici une analyse historique de la portée et des limites des travaux de la Commission, mais plutôt de comprendre l’influence de ses travaux sur les fondements du « modèle canadien de reconnaissance » à partir desquels sont pensées les principales politiques destinées aux communautés francophones en situation minoritaire (CFSM). Pour ce faire, nous chercherons à cerner la place relativement modeste qu’occupe la question de la reconnaissance politique dans une littérature pourtant dense consacrée aux communautés francophones en situation minoritaire, puis nous resituerons la Commission dans les débats identitaires qui traversaient à l’époque le Canada français. Nous montrerons ensuite que le législateur canadien s’est plutôt engagé dans une politique de protection des francophones en situation minoritaire, plutôt que dans une politique de reconnaissance de ces communautés. Cela nous permettra, enfin, en menant une réflexion plus prospective sur le « modèle » canadien, de nous attarder sur les conséquences de ces politiques sur les francophonies canadiennes elles-mêmes.
Abstract
In this article, we wish to demonstrate that the Canadian government, in the context of the debates, studies and propositions formulated during the Royal Commission on Bilingualism and Biculturalism, chose to prioritize the search for solutions to the political “crisis” faced by the country at the time, instead of following the recommendations of the Commission. As a result, although the linguistic conflicts present at the time calmed down, a problem remained: the acknowledgement of the different Canadian francophonies. Our aim isn’t to propose an historical analysis of the reach and limits of the efforts of the Commission, but rather to understand the influence of those efforts on the foundations of the “modèle canadien de reconnaissance” through which were conceived the main politics aimed at the “francophone communities in a minority situation”. To achieve this aim, we try to identify the relatively limited place occupied by this question of the “reconnaissance politique” in the dense literature on francophone communities outside of Quebec, and then to resituate the B&B Commission in the debates regarding identity within French-Canada at the time. We’ll demonstrate then that the Canadian legislator chose to protect francophone communities in a minority situation instead of acknowledging those communities. We’ll finally open on a prospective discussion on the Canadian “model” and on the consequences of those politics on francophone communities outside of Quebec.