
Volume 35, Number 2, 2024 Approches spatiales de la mort et des morts Guest-edited by Frédéric Dejean
Page couverture : « Lieu de mémoire » au bord du fleuve Saint-Laurent, à Montréal. Une photographie de Frédéric Dejean, juillet 2022.
Table of contents (9 articles)
Présentation
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Les lieux et les espaces de la mort et des morts : quelques jalons
Frédéric Dejean
AbstractFR:
Les sciences humaines et sociales ont connu ces dernières années un « tournant spatial », témoignant ainsi d’une prise en compte de la dimension spatiale des sociétés qui déborde la discipline géographique. Cette sensibilité à l’espace par les sciences humaines et sociales touche notamment les études sur la mort, ainsi qu’en témoigne ce numéro de la revue Frontières. Les sept textes qui le composent proviennent de la géographie, de la sociologie, de l’archéo-anthropologie, ou encore de l’histoire. Par-delà la diversité des disciplines, des objets de recherche ou des outils théoriques mobilisés, ces textes partagent le même souci de questionner les lieux et les espaces de la mort dans différents contextes. Ils mettent en lumière le fait que la mort, loin d’être un simple événement ponctuel, s’inscrit dans des pratiques sociales, des processus mémoriels et des dispositifs spatiaux qui continuent d’agir sur les vivants et leur quête de sens ».
Articles
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Au crématoire comme « chez soi » : hybridité d’une transition funéraire
Marc-Antoine Berthod, Catherine Gaignat and Alexandre Pillonel
AbstractFR:
Cet article porte sur la façon dont les crématoires – considérés à la fois comme espaces techniques et lieux d’accueil des proches et de préparation des corps – ont été progressivement intégrés à l’environnement des cimetières. Prenant appui sur une recherche ethnographique menée en Suisse romande, il décrit les tendances qui s’observent dès le tournant du 21e siècle lors de rénovations architecturales d’espaces funéraires, tendances qui mettent en exergue le caractère transitionnel et éphémère du cycle de vie, dans une perspective humaniste. Ces dernières s’articulent néanmoins avec les composantes monumentales des cimetières héritées du 19e siècle. Cela se traduit dans une forme d’hybridité funéraire qui alimente les imaginaires que les sociétés contemporaines entretiennent avec les morts et la mort.
EN:
This article examines the way in which crematoria - considered both as technical spaces and as places for receiving relatives and preparing bodies - have gradually been integrated into the cemetery environment. Based on an ethnographic research carried out in French-speaking Switzerland, it describes the trends that have been observed since the turn of the 21st century in the architectural renovation of funerary spaces, trends that emphasize the transitional and ephemeral nature of the life cycle, from a humanist perspective. These trends are nevertheless articulated with the monumental components of cemeteries inherited from the 19th century. This translates into a form of funerary hybridity that feeds contemporary societies’ imaginations of the dead and death.
ES:
Este artículo aborda cómo los crematorios, considerados tanto como espacios técnicos como lugares de acogida para los allegados y de preparación de los cuerpos, han sido progresivamente integrados en el entorno de los cementerios. Basándose en una investigación etnográfica realizada en la Suiza romanda, describe las tendencias observadas desde el cambio de siglo XXI en las renovaciones arquitectónicas de los espacios funerarios. Estas tendencias destacan el carácter transicional y efímero del ciclo de la vida desde una perspectiva humanista. No obstante, se articulan con los componentes monumentales de los cementerios heredados del siglo XIX. Esto se traduce en una forma de hibridación funeraria que alimenta los imaginarios que las sociedades contemporáneas mantienen con los muertos y la muerte.
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La scène post mortem : spatialisation et matérialisation du passage vie/mort en Unité de Soins Palliatifs
Pauline Launay
AbstractFR:
Institutionnalisée en 1986, la médecine palliative française est née d’une critique de la gestion hospitalière de la fin de vie. Les Unités de Soins Palliatifs (USP) sont des structures spécifiques pour les patients en phase avancée de maladies graves et incurables. Partant d’un travail ethnographique, nous nous centrerons sur les pratiques mises en oeuvre par l’équipe pour mettre en scène, en langage et en image les scansions du passage de patient à défunt. S’attarder sur le moment qui entoure le décès permettra d’analyser plus spécifiquement la scène post mortem et d’en interroger la ritualité et la sacralité pour montrer comment fonctionne cette double matérialisation architecturale et corporelle.
EN:
Established in 1986, French palliative medicine emerged as a response to criticism of the hospital management of end-of-life care. Palliative Care Units (PCUs) are specialized facilities for patients in the advanced stages of serious and incurable diseases. Drawing from ethnographic research, we will focus on the practices employed by the team to stage, in language and imagery, the transitions from patient to deceased. Examining the moments surrounding death will enable us to analyze the post-mortem scene more specifically and explore its ritualistic and sacred aspects, demonstrating how this dual architectural and corporeal materialization functions in tandem.
ES:
Institucionalizada en 1986, la medicina paliativa francesa nació de una crítica a la gestión hospitalaria en el final de la vida. Las Unidades de Cuidados Paliativos (UCP) son estructuras específicas para los pacientes en fases avanzadas de enfermedad grave incurable. A partir de un trabajo etnográfico, nos centraremos en las prácticas implementadas por el equipo para escenificar, en lenguaje e imagen, las secuencias del paso de paciente a difunto. Detenerse en el momento que rodea el fallecimiento permitirá analizar más específicamente la escena post mortem e interrogar su ritualidad y sacralidad para mostrar cómo funciona esta doble materialización arquitectónica y corporal.
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L’ultime mobilité. Des espaces du mourir aux espaces des morts, les trajectoires des morts à Douarnenez (Finistère, France)
Pierre Louer--Saingeorgie
AbstractFR:
Ces dernières décennies ont été marquées par une complexification des trajectoires des morts. L’habituel triptyque d’espaces traversés par les morts avec le décès à domicile, la cérémonie à l’église et l’enterrement au cimetière n’est plus majoritaire. Il laisse place à des déplacements diffus, parfois sur de longues distances. Cet article cherche à décrire et à analyser les trajectoires des morts observées dans les pompes funèbres et cimetières de Douarnenez, et plus généralement du sud du Finistère, en Bretagne. Il s’agira ainsi de présenter les processus qui sont à l’oeuvre dans la recomposition des trajectoires des morts en France et de rendre compte de la dimension symbolique des déplacements post mortem.
EN:
Over the past few decades, the trajectories of the dead have become increasingly complex. The usual triptych of trajectories of the dead – a death at home, a church ceremony, a burial in the cemetery – is no longer predominant and gives way to diffuse movements, sometimes over long distances. This article intends to describe and analyze the trajectories of the dead observed in funeral parlors and cemeteries in Douarnenez, and more generally in south Finistère, Brittany. The aim of this article is to examine the processes at work in the restructuring of the trajectories of the dead in France and investigate the symbolic dimension of post-mortem displacements.
ES:
En las últimas décadas, las han experimentado una creciente complejidad. El tradicional tríptico de espacios (fallecimiento en casa, ceremonia en la iglesia y entierro en el cementerio) ha sido reemplazado por desplazamientos más variados, a menudo de largas distancias. Este artículo describe y analiza las trayectorias de los muertos en las funerarias y cementerios de Douarnenez y el sur de Finisterre, en Bretaña. Examina los procesos que están transformando estas trayectorias en Francia y explora la dimensión simbólica de los desplazamientos post mortem.
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Accompagner les proches des victimes des attentats de l’aéroport de Zaventem en Belgique : de la trace indiciaire à la trace mémorielle
Bérangère Tarka
AbstractFR:
Le 22 mars 2016, les policiers du DVI (Disaster Victim Identification) de la police fédérale belge sont mobilisés pour redonner une identité aux 18 personnes décédées dans les attentats de l’aéroport de Bruxelles. Récupération des cadavres sur les lieux et investigation à l’institut médico-légal, entretien avec les proches des personnes signalées disparues et annonce du décès, ces professionnels suivent un protocole international pour apporter la preuve de l’identification et permettre ainsi à la famille de procéder au dernier hommage. S’appuyant sur un corpus d’entretiens, cet article interroge la reconfiguration de l’activité d’identification en contexte d’attentats terroristes sur le territoire national et la porosité des frontières entre le travail sur le corps des victimes décédées et sur les restes humains et la démarche d’accompagnement des familles endeuillées.
EN:
On March 22, 2016, police officers from Disaster Victim Identification were mobilized to restore the identity of the 18 people who died in the Brussels airport attacks. Recovering bodies from the scene and investigating them at the morgue, interviewing relatives about their missing family member and announcing the death, these professionals follow an international protocol to provide proof of identification and thus enable the next of kin to pay their last respects. Based on a corpus of interviews, this paper examines the reconfiguration of identification activities in the context of terrorist attacks on Belgian territory, and the porosity of the boundaries between work on dead bodies and support for the families of deceased victims.
ES:
El 22 de marzo de 2016, los policías del DVI (Disaster Victim Identification) de la policía federal belga fueron movilizados para devolver identidad a las 18 personas fallecidas en los atentados del aeropuerto de Bruselas. Desde la recuperación de los cuerpos en el lugar de los hechos hasta las investigaciones en el instituto médico-legal y las entrevistas con los familiares de las personas desaparecidas, estos profesionales siguieron un protocolo internacional para demostrar la identificación y permitir a las familias rendir el homenaje final. Basándose en un corpus de entrevistas, este artículo analiza la reconfiguración de la actividad de identificación en el contexto de atentados terroristas y la porosidad entre el trabajo técnico sobre los cuerpos y el acompañamiento a las familias en duelo.
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Quels espaces pour les malades au sein des espaces funéraires anciens ? Réflexions à partir de différents exemples archéologiques médiévaux et modernes en France
Hélène Réveillas
AbstractFR:
L’archéologie, et l’archéo-anthropologie en particulier, permettent d’approcher directement les morts par l’étude des ensembles funéraires mis au jour lors des opérations de fouille. L’étude de leur répartition dans l’espace, entre eux et par rapport aux autres vestiges (édifice religieux, structures domestiques, artisanales ou agricoles, voies…) est systématique car elle donne accès à une meilleure compréhension des gestes à l’origine de la constitution de l’ensemble funéraire donné. Il est parfois ainsi possible de mettre en évidence des sectorisations particulières comme le regroupement des sujets les plus jeunes dans un espace donné du cimetière, à éventuellement relier aux notions de baptême ou des limbes. La localisation de certaines architectures funéraires, aux matériaux coûteux, peut aussi par exemple conduire à discuter de la topographie sociale de l’espace funéraire. Dans cet article, nous nous proposons d’appréhender à partir de différents exemples un groupe particulier de la communauté des morts pour les périodes médiévales et modernes (VIe – XVIIIe s.), les individus victimes de pathologies, qu’elles soient endémiques ou épidémiques. Quelle va être leur place dans les espaces funéraires? Vont-ils être intégrés dans les mêmes espaces que les sujets considérés comme sains ou au contraire être relégués dans un espace réservé? Observe-t-on le même traitement pour les victimes d’épidémies? Ces questionnements, en particulier dans le cas de nombreuses morts simultanées, font écho à la récente pandémie ayant frappé le monde actuel. L’épidémie de Covid-19 a ainsi rappelé la nécessité de prendre en charge rapidement des décès simultanés et a pu remettre en lumière des pratiques que l’on pensait révolues dans nos sociétés, hors de tout conflit (fosses multiples, anonymisation des tombes, etc.).
EN:
Archaeology, and archaeoanthropology in particular, provides a direct approach to the dead through the study of funerary ensembles uncovered during excavation operations. The study of their distribution in space, among themselves and in relation to other remains (religious buildings, domestic, artisanal, or agricultural structures, roads, etc.) is systematic, as it provides a better understanding of the gestures behind the creation of a given funerary complex. In this way, it is sometimes possible to highlight sectorizations, such as the grouping of the youngest subjects in a given area of the cemetery, possibly linked to the notions of baptism or limbo. The location of certain funerary architectures, with their costly materials, can also lead to discussion of the social topography of the funerary space. In this article, we use various examples to examine a particular group of the community of the dead for the medieval and modern periods (6th - 18th c.): individuals who were victims of pathologies, whether endemic or epidemic. What will their place be in funerary spaces? Will they be integrated into the same spaces as those considered healthy, or relegated to a reserved area? Are victims of epidemics treated in the same way? These questions, particularly in the case of numerous simultaneous deaths, echo the recent pandemic that struck the world today. The Covid-19 epidemic was a reminder of the need to deal rapidly with simultaneous deaths, and brought back to light practices that were thought to be a thing of the past in our non-conflict societies (multiple graves, anonymization of graves, etc.).
ES:
La arqueología, y en particular la arqueo-antropología, permite acercarse directamente a los muertos mediante el estudio de los conjuntos funerarios desenterrados durante las excavaciones. El análisis de su distribución espacial, tanto entre ellos como en relación con otros vestigios (edificio religioso, estructuras domésticas, artesanales o agrícolas, vías...), es sistemático porque ofrece una mejor comprensión de los gestos que dieron origen a la constitución del conjunto funerario en cuestión. En ocasiones, es posible identificar sectorizaciones particulares, como el agrupamiento de los individuos más jóvenes en una zona específica del cementerio, lo cual podría estar relacionado con las nociones de bautismo o los limbos. La ubicación de ciertas arquitecturas funerarias construidas con materiales valiosos también puede, por ejemplo, llevar a discutir sobre la topografía social del espacio funerario. En este artículo, proponemos analizar, a partir de distintos ejemplos, un grupo particular dentro de la comunidad de los muertos durante los periodos medieval y moderno (siglos VI-XVIII): los individuos que fueron víctimas de patologías, ya sean endémicas o epidémicas. ¿Qué lugar ocupan en los espacios funerarios? ¿Fueron integrados en los mismos espacios que los sujetos considerados sanos, o, por el contrario, relegados a un espacio reservado? ¿Se observa el mismo tratamiento para las víctimas de epidemias? Estas cuestiones, especialmente en el caso de muertes simultáneas numerosas, resuenan con la reciente pandemia que ha afectado al mundo actual. La epidemia de COVID-19 recordó la necesidad de gestionar rápidamente fallecimientos simultáneos y sacó a la luz prácticas que se pensaban obsoletas en nuestras sociedades, fuera de contextos de conflicto (fosas múltiples, anonimización de tumbas, etc.).
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L’éducation au patriotisme selon la République populaire de Chine : mise en valeur et utilisation des espaces de commémoration des morts à Shenyang et à Jinzhou (Liaoning)
Vincent Mariet
AbstractFR:
Depuis plus de trente ans, en République populaire de Chine (RPC), l’éducation au patriotisme s’appuie sur des espaces liés à la commémoration des morts. À Shenyang et à Jinzhou, dans le nord-est chinois, elle a pour base solide le localisme, qui s’insère depuis les années 2000 dans le concept national de « tourisme rouge ». Les anciens camps de prisonniers, champs de bataille et autres lieux de massacre liés aux conflits du XXe siècle en RPC font maintenant l’objet d’une mise en valeur sous la forme de parcs mémoriels, bases d’éducation au patriotisme destinées à promouvoir la vision nationaliste du régime communiste. Cet article cherche à montrer de quelles manières, dans les milieux urbains, sont aménagés, intégrés et promus les mémoriaux de guerre et les espaces de commémoration des morts et quelle est la place faite aux défunts vis-à-vis des vivants.
EN:
For more than thirty years, in the People's Republic of China, so-called patriotic education has been based on spaces linked to death. In Shenyang and Jinzhou, in northeastern China, it has a solid basis in localism, which has been part of the national concept of “red tourism” since the 2000’s. Former prison camps, battlefields and other places of massacre linked to the wars of the 20th century in the PRC are now being developed in the form of memorial parks, bases of patriotic education intended to promote the nationalistic vision of the communist regime. This article seeks to show in what ways spaces of death due to the war are developed, integrated, and promoted in urban areas and what places are reserved for the dead regarding the living.
ES:
Desde hace más de treinta años, en la República Popular China (RPC), la educación en el patriotismo se basa en espacios relacionados con la conmemoración de los muertos. En Shenyang y Jinzhou, al noreste de China, esta se apoya en el localismo, que desde los años 2000 se integra en el concepto nacional de “turismo rojo”. Los antiguos campos de prisioneros, campos de batalla y otros lugares de masacres vinculados a los conflictos del siglo XX en la RPC han sido transformados en parques memoriales, bases educativas para promover la visión nacionalista del régimen comunista. Este artículo analiza cómo los memoriales de guerra y los espacios conmemorativos se diseñan, integran y promueven en contextos urbanos, así como el lugar que ocupan los difuntos respecto a los vivos.
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Kitsaniq (deuil) chez les jeunes Inuit du Nunavik. Des défis et des pistes de solutions pour les personnes qui veulent les soutenir
Shawn Renée Hordyk, Sarah Fraser and Lucie Nadeau
AbstractFR:
Au Nunavik, au Québec, un nombre démesuré de personnes sont confrontées à la perte de membres de la famille et de proches qui sont décédés dans des circonstances traumatisantes. Bien que ce phénomène soit documenté dans les publications scientifiques, on sait peu de choses sur le deuil qui s’ensuit, sur les services nécessaires pour soutenir les endeuillés − notamment lorsque ce sont des jeunes − et sur les besoins de ceux et celles qui travaillent à offrir ces services. La recherche présentée dans cet article a été réalisée en adoptant une approche ethnographique ciblée afin de combler cette lacune dans les connaissances. Des données ont été recueillies entre 2018 et 2021, au cours de sept visites de terrain de deux semaines effectuées dans une communauté inuit d’environ 1600 personnes. Des entretiens ont aussi été enregistrés avec treize personnes, dont six Inuit, travaillant dans des établissements d’enseignement et de services sociaux. Cette démarche nous a permis d’identifier les obstacles à l’accompagnement du deuil et d’explorer des stratégies susceptibles de guider les initiatives futures en matière de soins aux personnes endeuillées. Il importe de favoriser les stratégies qui s’appuient sur un échange de connaissances – notamment au sujet de l’effet guérisseur d’un retour au territoire – s’appuyant sur l’expertise culturelle, linguistique et expérientielle des Inuit, tout en mettant à contribution les développements récents de la recherche sur les pratiques d’accompagnement du deuil.
EN:
In Nunavik, Quebec, a disproportionate number of people are faced with the loss of family members and loved ones who have died in traumatic circumstances. While this phenomenon is documented in the scientific literature, little is known about the grieving that follows and the services needed to support the bereaved – particularly when they are young – and the needs of those who work to provide these services. The research presented in this article was conducted using a focused ethnographic approach to address this knowledge gap. Data were collected between 2018 and 2021, during seven two-week field visits to an Inuit community of approximately 1,600 people, and interviews were recorded with thirteen individuals, including six Inuit, working in educational and social service institutions. This approach allowed us to identify barriers to offering bereavement support and explore strategies that could guide future initiatives in bereavement care. It is important to promote strategies that are based on exchanges of knowledge – particularly regarding land-based treatment and healing – and on art, culture and other collective practices valuing the expertise of Inuit, in order to complement the recent developments in research concerning bereavement support practices.
ES:
En Nunavik, Quebec, un número desproporcionado de personas se enfrentan a la pérdida de miembros de la familia y seres cercanos que han fallecido en circunstancias traumáticas. Aunque este fenómeno está documentado en la literatura científica, se sabe poco sobre el duelo que le sigue, sobre los servicios necesarios para apoyar a las personas en duelo − particularmente cuando se trata de jóvenes − y sobre las necesidades de quienes trabajan en ofrecer estos servicios. La investigación presentada en este artículo fue realizada adoptando un enfoque etnográfico enfocado a llenar esta brecha en el conocimiento. Los datos se recopilaron entre 2018 y 2021, durante siete visitas de campo de dos semanas realizadas en una comunidad inuk de aproximadamente 1600 personas. También se grabaron entrevistas con trece personas, incluidas seis inuit, que trabajan en instituciones educativas y de servicios sociales. Este proceso nos permitió identificar los obstáculos en el acompañamiento del duelo y explorar estrategias que podrían guiar futuras iniciativas en materia de cuidados para personas en duelo. Es importante fomentar estrategias que se basen en un intercambio de conocimientos − en particular sobre el efecto curativo del regreso al territorio − y que valoren las prácticas culturales, artísticas y colectivas de los inuit, así como su experiencia, a la vez que aprovechen los desarrollos recientes de la investigación sobre prácticas de acompañamiento del duelo.
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« Land of the dead », « Land for the dead », « deadlands » : approches théoriques de l’espace dans les oeuvres de la zombie culture
Lionel Obadia
AbstractFR:
À partir d’une analyse de corpus filmique, textuel et graphique, cet article entend discuter les différentes dimensions spatiales qui se déclinent dans les oeuvres de la zombie culture depuis les années 1960 ainsi que les frontières qu’elles établissent entre le monde des humains et celui des morts, entre les contextes urbain et rural, entre le cimetière et la ville, entre espace souterrain et espace terrestre, mais aussi, de manière plus oblique, entre minorités et majorité. Les morts-vivants nourrissent d’autres allégories, sociales, cette fois, à travers les ondulations de l’espace (notamment urbain), entre le vide et le saturé de présence, entre l’inclusion/exclusion spatiale des vivants et des morts. Étant très mobiles, ils font saillir, à l’image des vivants qu’ils chassent, un rapport complexe et très déterminant à l’espace.
EN:
Based on an analysis of film, textual and graphic material, this article examines various spatial dimensions identified in the “zombie culture” since the 1960s, and discusses the boundaries they establish between the world of humans and the one of the dead, between urban and rural contexts, between the cemetery and the city but also, in a more oblique way, between minorities/majority. “The undead” nourish other allegories, social ones, that can be read through the variations of space (especially urban space), between the empty and the saturated with presence, between the spatial inclusion/exclusion of the living and the dead. These fairly mobile dead, like the living they chase, unfold a complex yet determining relationship to space.
ES:
A partir de un análisis de corpus fílmico, textual y gráfico, este artículo busca discutir las diferentes dimensiones espaciales que se despliegan en las obras de la «cultura zombi» desde los años 1960, y las fronteras que establecen entre el mundo de los humanos y el de los muertos, entre contexto urbano vs rural / cementerio vs ciudad / espacio subterráneo vs terrestre / pero también, de manera más oblicua, entre minorías / mayoría. Los muertos vivientes alimentan otras alegorías, sociales esta vez, a través de las ondulaciones del espacio (en particular el urbano) entre el vacío y la saturación de presencia / la inclusión / exclusión espacial de los vivos y los muertos. Estos muertos muy móviles resaltan, a imagen de los vivos que cazan, una relación compleja y muy determinante con el espacio.