Abstracts
Résumé
Le poète-critique haïtien Georges Castera fils (1936-2020) et le poète-penseur martiniquais Monchoachi (1946- ) écrivent en français et en créole. Si le premier évolue dans une nation formelle, indépendante, assortie d’une spécificité culturelle élitaire et populaire, le second évolue dans une société antillaise complexe, marquée par une culture singulière, à la fois créolisée et assimilée à la France. Cet article montre que l’haïtianité selon Castera s’édifie sur le matérialisme historique (Marx) et un nationalisme linguistique assez fermé, tandis que l’antillanité non nommée de Monchoachi s’accommode d’une vision matérialiste authentique, ouverte, en accord avec la parole sauvage et la pensée des Grecs anciens (Heidegger).
Abstract
The Haitian poet-critic Georges Castera son (1936-2020) and the Martinican poet-thinker Monchoachi (1946- ) wrote in French and Creole. If the former evolves in a formal, independent nation, accompanied by an elite and popular cultural specificity, the latter evolves in a complex West Indian society, with a unique culture, both creolized and assimilated to France. This article shows that Haitianness according to Castera is built on historical materialism (Marx) and a fairly closed linguistic nationalism, while the unnamed Antillanity of Monchoachi reconciles itself to an authentic, open materialist vision, in harmony with the unbridled words and thought of the ancient Greeks (Heidegger).
Appendices
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