Abstracts
Résumé
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, au moment précis où le temps exerçait l'emprise la plus pressante et la plus oppressante qui soit (voir notamment Darwin, Clausius et Schopenhauer), l'espace me paraît s'être substitué au temps comme expérience première de l'être au monde. Si Rimbaud échoue, certes, dans sa tentative de tuer le temps par une sorte d'accélération éperdue, il est en revanche le premier à le prendre au piège de l'espace, d'un espace poétique fait de simultanéité et de réversibilité.Mallarmé puis Valéry et Apollinaire feront de ce nouvel espace, proprement phénoménologique, le lieu où le Moi (celui de l'auteur comme celui du lecteur) pourra se frayer sa propre voie, à la rencontre ou à l'encontre de lui-même - inaugurant ainsi le XXe siècle au cours duquel l'écriture ne prendra sens, dans une large mesure, qu'à former cet espace où, littéralement, un Moi peut s'inventer.
Abstract
My hypothesis is that, during the second half of the nineteenth century, precisely when time was asserting itself so insistently and oppressively, as is emphasised by Darwin's, Clausius's and Schopenhauer's work, space replaced time as Man's primary experience of Being-in-the-world. If Rimbaud fails in his attempt to kill time, through a kind of frantic acceleration, he will, on the other hand, be the first to capture time in space, in a poetic space made up of simultaneity and reversibility.Mallarmé, then Valéry and Apollinaire will make this new space, truly phenomenological, the locus where the self (the author's as well the reader's) be able to effectuate itself, on the way to self-discovery - thus announcing the twentieth century, during which writing will largely derive its meaning from being the space where the self can literally invent itself.
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