Recensions d'ouvragesBook Reviews

NUNGAK, Zebedee and Tagak CURLEY, 2017. Wrestling with Colonialism on Steroid : Quebec Inuit Fight for Their Homeland. Montréal, Véhicule Press[Record]

  • Jean-Daniel Marcoux

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Zebedee Nungak, intellectuel et homme politique bien connu du Nunavik, est l’auteur de Wrestling with Colonialism on Steroids : Quebec Inuit Fight for Their Homeland. Ce livre nous présente un survol de l’histoire politique des Inuit du Nunavik selon la perspective d’un personnage ayant participé activement au processus d’organisation politique et de revendications territoriales. De ce court rappel de l’histoire de la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ), deux aspects principaux ressortent : premièrement, l’auteur souligne le rapport de force dans lequel les négociateurs étaient pris et leur impossibilité de dire « non » à leurs opposants ; deuxièmement, Nungak signale la rupture sociale produite par ces négociations au sein des communautés inuit du Nunavik, la considérant comme l’un des effets les plus destructeurs du traité. Originaire de Puvirnituq et vivant à Kangirsuk, Zebedee Nungak est un personnage très actif dans la politique du Nunavik. Ayant participé aux négociations de la CBJNQ en tant que membre de la Northern Quebec Inuit Association (NQIA), il a été signataire de l’entente en 1975. Il a également occupé diverses positions de leadership au Nunavik. Nungak a notamment été président de la Société Makivik de 1995 à 1998. Aujourd’hui, il continue d’être actif dans sa communauté pour renforcer la culture et l’influence politique des Inuit, tout en étant très impliqué dans la préservation de la langue inuit. En 2017, il a été nommé chevalier de l’Ordre national du Québec. Tagak Curley, président fondateur de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), contribue à la préface du livre. Originaire des Territoires du Nord-Ouest (TNO) et contemporain de Zebedee Nungak, il s’est également très impliqué dans l’organisation politique des Inuit de ce qui est aujourd’hui le Nunavut et a participé dans les négociations qui ont mené à sa création. Il a notamment été directeur de l’Inuit Cultural Institute, de 1975 à 1983, et a aussi fait carrière dans la politique des TNO et du Nunavut où il continue d’être actif. En 2003, il a été nommé chevalier de l’Ordre du Canada et en 2015 de l’Ordre du Nunavut. Zebedee Nungak débute son récit en rappelant l’histoire de l’inclusion du Nunavik dans la province du Québec en 1912 et l’absence totale du gouvernement provincial dans la région pendant plus de cinquante ans. Il souligne le fait que ce changement d’administration fut un acte de colonialisme et que le gouvernement fédéral a failli à sa responsabilité fiduciaire en omettant de consulter les Inuit avant d’opérer ce transfert. L’auteur parle notamment de ce processus comme d’une « osmose non naturelle » du fait que le Québec refusait sa responsabilité devant les peuples inuit (Nungak 2017 : 26). Ceci n’était en réalité qu’un avant-goût de l’imposition du « projet du siècle » qui suit le même modus operandi, en vertu duquel le gouvernement force un changement et essaye ensuite de convaincre la population locale de l’accepter (Ibid. : 39). Il est ainsi possible de voir pourquoi l’attitude du gouvernement québécois paraissait aussi absurde aux yeux des Inuit. Nungak fait un lien entre l’atmosphère politique du « maître chez nous » et les politiques coloniales du gouvernement. Il explique que l’intérêt des Québécois pour le Nouveau-Québec était avant tout tourné vers les ressources naturelles. Ceci se reflète dans les commentaires de Gourdeau (2009 : 38) qui indique que l’objectif du gouvernement était de préparer les Inuit à jouer un rôle clé dans le développement du territoire, donc l’intérêt principal de la prise en charge fut toujours le territoire et non les Inuit. Pour faire face aux projets gouvernementaux, les Inuit avaient très peu de leadership …

Appendices