Volume 37, Number 1, 2013
Table of contents (14 articles)
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Introduction: reconstructions du passé inuit / Introduction: Reconstructions of the Inuit past
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Building from the ground up: Reconstructing visions of community in Cambridge Bay, Nunavut
Brendan Griebel and Kitikmeot Heritage Society
pp. 9–33
AbstractEN:
The Inuit qalgiq, or gathering house, once served as a forum for bringing communities together through acts of storytelling, drum dancing, shamanism, and the intergenerational transfer of knowledge. While the specific traditions associated with these structures have varied over time and space, they have remained of central importance to the affirmation of group identity and communal decision-making. In 2008, the excavation of an early Thule qalgiq near the Nunavut hamlet of Cambridge Bay provided a team of local participants and University of Toronto archaeologists with an opportunity to interpret the social position of the qalgiq in the context of a contemporary Inuit population currently struggling with issues of collective identity. This article presents a project originally designed to reconstruct a qalgiq as a museum exhibit with a structure drawn primarily from archaeological findings. By embedding the project in local understandings of history as a source for community wellness and revival, however, a different course was taken. While combining archaeological blueprints with contemporary realities and beliefs, the qalgiq was ultimately re-imagined as a venue in which ideas about community, both past and present, can be voiced.
FR:
Le qalgiq, ou maison communautaire inuit, servait de forum pour rassembler les communautés lors d’activités liées à des récits, des danses du tambour, du chamanisme et du transfert intergénérationnel des connaissances. Alors que les traditions spécifiques associées à ces structures ont varié avec les époques, elles sont restées cruciales pour l’affirmation de l’identité du groupe et la prise de décision commune. En 2008, une fouille archéologique d’un qalgiq du début du Thuléen près du hameau de Cambridge Bay, Nunavut, a été l’occasion pour une équipe de participants locaux et d’archéologues de l’Université de Toronto d’interpréter la position sociale du qalgiq dans le contexte d’une population inuit contemporaine aux prises avec des questions d’identité collective. Cet article présente un projet conçu à l’origine pour reconstruire un qalgiq dans un musée avec une structure dessinée principalement à partir de découvertes archéologiques. Toutefois, en intégrant le projet dans la vision locale de l’histoire comme source de bien-être de la communauté et de renouveau, une autre voie a été prise. En combinant des plans archéologiques avec les réalités et les croyances contemporaines, le qalgiq a été finalement réimaginé comme un lieu où les idées sur la communauté, passée et du présente, peuvent être exprimées.
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Demographic adversities and Indigenous resilience in Western Alaska
Kenneth L. Pratt, Joan C. Stevenson and Phillip M. Everson
pp. 35–56
AbstractEN:
Indigenous peoples in the Arctic have historically experienced a broad range of demographic and ecological adversities, the impacts of which sometimes included high mortalities and population dislocations. The anthropological literature has tended to emphasise the dramatic, negative impacts of such events on human groups—to an extent that implies the fabric of social life was typically devastated. This study takes a markedly different perspective by instead describing the resilience of Indigenous populations in the face of culturally traumatic events; in this case, a series of epidemic diseases and major declines in a very critical subsistence resource. Drawing on a rich collection of data documenting Indigenous land use and settlement patterns, the authors explore local responses to significant demographic adversities that befell the people of western Alaska in the 19th and early 20th centuries.
FR:
Les peuples autochtones de l’Arctique ont connu, historiquement, un grand nombre d’adversités démographiques et écologiques, dont les impacts comprennent des taux de mortalité élevés et des déplacements de population. La littérature anthropologique a eu tendance à accentuer les effets dramatiques et négatifs de ces évènements sur les groupes humains — à un degré qui implique que la fabrique de la vie sociale a été dévastée. Cette étude adopte une perspective nettement différente en décrivant au contraire la résilience des populations autochtones face à des événements culturellement traumatiques; dans le cas présent, une série de maladies épidémiques et le déclin majeur d’une ressource essentielle à la subsistance. Tirant parti de la riche collection de données qui documentent les modes d’occupation et d’exploitation du rerritoire, les auteurs explorent les réactions locales aux adversités démographiques majeures qui ont touché les populations de l’ouest de l’Alaska au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
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Les rôles contemporains de la culture matérielle inuit ancienne
Marie-Pierre Gadoua
pp. 57–78
AbstractFR:
Cet article explore le potentiel des collections ethnographiques inuit pour la recherche archéologique collaborative. Nous présentons une étude réalisée au Musée McCord à Montréal, où des groupes d’aînés inuit ont été invités à partager leurs connaissances à propos d’objets inuit du quotidien, collectés durant la première moitié du XXe siècle au Canada. Cette recherche visait à mieux comprendre les significations sociales de l’équipement de chasse, des outils pour la préparation des peaux et la confection de vêtements, des ustensiles domestiques et des divers objets personnels (couteaux, peignes et ornements) chez les Inuit au début du siècle dernier, afin d’aider les analyses archéologiques d’objets thuléens analogues. Plus particulièrement, nous exposons la méthodologie de ces ateliers au Musée McCord où les participants étaient invités à manipuler librement les objets et expliquons comment ces interactions ont joué un rôle dans les processus de remémoration et de partage des savoirs. Nous concluons en présentant quelques résultats des analyses archéologiques qui ont suivi ces ateliers, ainsi qu’une discussion sur notre vision de la collaboration entre les Inuit, les institutions muséales et les archéologues.
EN:
This article explores the potential for Inuit ethnographic collections to contribute to collaborative archaeology. It presents a study, conducted at the McCord Museum in Montreal, in which groups of Inuit elders were invited to share their knowledge about objects of everyday life that had been collected among Inuit in Canada during the first half of the 20th century. The aim was to better understand the social meanings of the hunting equipment, sewing tools, household utensils, and various other personal items (knives, combs, and ornaments) during this period, in order to assist archaeological analyses of analogical Thule artefacts. In this article, the focus is on the methodology of the McCord Museum workshops, whereby participants were invited to handle the objects without constraint, and on how these interactions contributed to the process of remembering and sharing knowledge. The article concludes with some results of the archaeological analyses inspired by these museum workshops and discusses future prospects for collaboration between Inuit, museum institutions, and archaeologists.
Essai / Essay
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Archaeology and the Sugpiaq renaissance on Kodiak Island: Three stories from Alaska
Gordon L. Pullar, Richard A. Knecht and Sven Haakanson
pp. 79–94
AbstractEN:
The Sugpiat people have lived in the Kodiak Archipelago for at least 7,500 years, but suffered extraordinary pressure on their cultural identity beginning with violent Russian conquest in 1784 and followed by Russian and American colonisation. Recognising that drastic actions were needed to preserve Sugpiaq heritage, the Kodiak Area Native Association began a cultural revitalisation movement. The centrepiece was a Native-owned state-of-the-art museum that opened in 1995. This essay recounts the stories of three participants in the beginning of a process that has transformed the cultural landscape of Kodiak.
FR:
La présence sugpiaq dans l’archipel Kodiak remonte à au moins 7500 ans. Les Sugpiat ont cependant subi d’intenses pressions sur leur identité et leur culture avec la violente conquête russe de 1784 suivie par la colonisation russe et américaine. Consciente qu’il fallait recourir à des moyens radicaux pour préserver le patrimoine sugpiaq de l’île Kodiak, la Kodiak Area Native Association a entrepris un mouvement de revitalisation culturelle, dont la pièce maîtresse fut l’ouverture, en 1995, d’un musée autochtone d’avant-garde. Cet essai relate l’expérience de trois participants au début d’un processus qui a transformé le paysage culturel de l’île Kodiak.
Notes de recherche / Research notes
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The origin of William Richardson’s 1771 description of a Labrador Inuit snow house
Marianne P. Stopp
pp. 95–102
AbstractEN:
Researchers of Labrador Inuit history have long known of William Richardson’s brief account of his 1771 voyage to southern Labrador and his detailed description of a snow house. This research note compares this description to George Cartwright’s text on the same subject to show that Richardson’s information derives from Cartwright’s. Although Richardson correctly describes a snow house, it is nevertheless secondary information. The comparison also shows the importance of differentiating verifiable information from speculation or, in this case, replication and how easily an historical narrative can take on the appearance of a primary source.
FR:
Les chercheurs qui étudient l’histoire des Inuit du Labrador connaissent depuis longtemps le bref compte rendu qu’a fait William Richardson de son voyage de 1771 au sud du Labrador, et sa description détaillée d’un iglou. Cet note de recherche compare cette description au texte de George Cartwright sur le même sujet afin de montrer que les informations de Richardson dérivent de Cartwright. Bien que l’iglou de Richardson soit correctement décrit, il s’agit néanmoins d’information secondaire. Cette comparaison montre également l’importance de faire la différence entre des informations vérifiables et la spéculation ou, dans ce cas-ci, la répétition et la façon dont un récit historique peut facilement avoir l’apparence d’une source primaire.
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Revisiting an Early Thule Inuit occupation of Skraeling Island, Canadian High Arctic
Lesley Howse
pp. 103–125
AbstractEN:
This paper presents the faunal material excavated from an Early Thule Inuit semi-subterranean house, house 15, from the Skraeling Island site (SfFk-4). In an effort to understand how the occupants of the house interacted with animals, a fine-grained zooarchaeological analysis is employed. Patterning in taxonomic and bone modification frequencies, skeletal element distributions, and prey demography are discussed. Inuit oral histories, mythology, and ethnographic sources are used to help interpret the results of the analysis and reconstruct the group’s subsistence economy.
FR:
Cet article présente le matériel faunique provenant d’une habitation semi-souterraine datant du Thuléen ancien, l’habitation 15, située sur l’île Skraeling (SfFk-4). Afin de comprendre l’interaction entre les occupants de l’habitation et les animaux, une analyse détaillée des données zooarchéologiques a été produite. La répartition taxonomique, les fréquences des modifications des os, la répartition des éléments du squelette et la démographie des proies sont discutées. L’histoire orale inuit ainsi que les sources mythologiques et ethnographiques ont été utilisées pour contribuer à l’interprétation des résultats de l’analyse et pour reconstruire l’économie de subsistance du groupe.
Hors thème / Off-theme
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Jørgen Meldgaard’s film works and books on art from the Arctic
Anne Mette Jørgensen
pp. 127–145
AbstractFR:
L’archéologue danois Jørgen Meldgaard (1927-2007) était un cinéaste passionné. Les archéologues d’aujourd’hui pourraient s’inspirer de sa passion pour ce médium qu’est le film. Il a produit trois documentaires incontournables au cours de sa carrière, chacun d’eux illustrant une tendance importante de la représentation scientifique de l’Autre durant la seconde partie du XXe siècle. Cet article analyse ses films en portant une attention particulière à la manière dont Meldgaard est passé d’une représentation des Inuit en tant qu’objets à une représentation en tant que sujets. Il effectue également une comparaison de ses films avec ses deux ouvrages sur l’art inuit et les replace dans le contexte des développements méthodologiques contemporains en archéologie et en anthropologie. Il conclut en recommandant aux futurs archéologues de suivre l’exemple de Meldgaard en s’engageant dans le partage de la connaissance, par l’intermédiaire des médias audiovisuels, avec les gens concernés par les fouilles archéologiques, plutôt que de laisser entièrement la représentation de la connaissance archéologique aux professionnels des médias.
EN:
Danish archaeologist Jørgen Meldgaard (1927-2007) was a dedicated filmmaker, and today’s archaeologists may find inspiration in his engagements with the medium of film. He produced three major pieces of film work during his career. Filmed in very different styles, each illustrates a significant trend in the scientific representation of the Other during the last half of the 20th century. This article analyses the films with particular attention to Meldgaard’s changing ways of engaging with the Inuit as objects and subjects, respectively. It also compares Meldgaard’s films with his two books on Inuit art, and discusses his films in the context of contemporary methodological developments in archaeology and anthropology. It concludes by recommending that future archaeologists follow Meldgaard’s example and engage in sharing knowledge, through audiovisual media, with people affected by archaeological excavations, instead of letting media professionals take over the representation of archaeological knowledge.
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Inuit knowledge and use of wood resources on the west coast of Nunavik, Canada
Stéphanie Steelandt, Najat Bhiry, Dominique Marguerie, Caroline Desbiens, Minnie Napartuk and Pierre M. Desrosiers
pp. 147–173
AbstractEN:
Driftwood and shrubs are the primary wood resources available in most areas of coastal Nunavik. Today, they are mainly used as fuel for campfires, but historically they were very important for the ancestors of present-day Inuit. This article documents Inuit traditional knowledge about the origin, availability, gathering, and exploitation of wood resources in this region located in the Low Arctic and the Subarctic. Interviews were conducted with 27 Inuit between 60 and 89 years of age in the villages of Ivujivik, Akulivik, Inukjuak, and Umiujaq on the east coast of Hudson Bay. Our data reveal, among other things, that Inuktitut names for pieces of driftwood were based on shape, aspect, colour, and texture. This traditional knowledge was very accurate and highly diverse in the southern villages because of their significant exposure to driftwood. Wood from shrubs (i.e. willows, birches, and alders) was mainly harvested in the fall and used to make fires, mattresses, sleeping mats (alliat), and other objects. According to the participants, driftwood originates in southern Hudson Bay and James Bay and is washed up on the beaches in late summer and the fall. In the far north of Nunavik, where driftwood is small and slender, Inuit used to collect it during the summer from a boat (umiaq or qajaq). Further south, it was gathered during the winter by dogsled.
FR:
Le bois flotté et les arbustes sont les principales ressources en bois présentes dans la plupart des régions côtières du Nunavik. Aujourd’hui, ces matières premières sont utilisées pour le feu dans les campements mais dans le passé, elles tenaient une place importante dans la vie des ancêtres des Inuit. Cet article documente le savoir traditionnel inuit concernant l’origine, la disponibilité, la collecte et l’exploitation des ressources en bois dans cette région située en Bas-Arctique et en Subarctique. Des entrevues ont été réalisées avec 27 Inuit âgés de 60 à 89 ans habitant à Ivujivik, Akulivik, Inukjuak et Umiujaq, des villages de la côte est de la baie d’Hudson. Nos données révèlent que, entre autres, les noms en inuktitut des pièces de bois flottés leur étaient donnés en fonction de leur forme, leur aspect, leur couleur et leur texture. Les savoirs traditionnels sont plus précis et diversifiés dans les villages les plus au sud car le bois flotté y est plus abondant. Le bois d’arbustes (saules, bouleaux et aulnes) était principalement coupé en automne pour faire du feu, des matelas, des tapis (alliat) ou d’autres objets. Selon les participants, le bois flotté proviendrait du sud de la baie d’Hudson et de la baie James, et s’échouerait sur les plages à la fin de l’été ou en automne. À l’extrême nord du Nunavik, où le bois flotté est petit et grêle, les Inuit le collectaient durant l’été par bateau (umiaq ou qajaq) alors que plus au sud, c’était en hiver, en utilisant des traîneaux à chiens.
Essai / Essay
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Housing issues in Nuuk (Greenland) and how to get students involved
Jane Buus Sørensen and Ulla Willumsen
pp. 175–193
AbstractEN:
In this essay, we discuss housing policy in Nuuk (Greenland), which is characterised by disparity, undemocratic decision-making, and lack of open, frank discussion. Greenland has a culture of conflict avoidance and reluctance to accept criticism, due to its small population and its cultural traditions. Moreover, the city council’s housing policy has to take both the affluent and the less well-off into consideration. The latter, however, find it harder to influence policy-making. At the Ilinniarfissuaq (Institute for Learning) in Nuuk, we want our future teachers to take part in the development of society and in public debates over social issues. They should in turn be able to teach their students to get involved and to take a stand in debates. But how can we help these future teachers develop a critical view of housing policy without feeling oppressed and powerless? We tried to solve this problem through a technical solution—a GIS program. This program forced our teacher trainees to take a position and express their opinions.
FR:
Dans cet essai, nous discutons de la politique du logement à Nuuk (Groenland), qui se caractérise par une grande disparité, des prises de décisions non démocratiques et une absence de discussions franches et ouvertes. Il existe au Groenland une culture de l’évitement des conflits et de la réticence à accepter les critiques, qui tient à sa petite population et à ses traditions culturelles. En outre, la politique du logement du conseil municipal doit prendre en considération autant les gens aisés que les plus pauvres. Ces derniers, cependant, trouvent qu’il leur est difficile d’avoir une influence sur les décisions politiques. À l’Institut d’apprentissage Ilinniarfissuaq de Nuuk où nous formons des enseignants, nous voulons que ces derniers prennent part à l’avenir au développement de la société et aux débats publics sur les questions sociales. Ils devraient à leur tour être capables d’inculquer à leurs étudiants la façon de s’impliquer et de prendre parti dans un débat. Mais comment aider ces futurs enseignants à se forger leur propre opinion au sujet de la politique du logement sans qu’ils se sentent opprimés et impuissants? Nous avons tenté de résoudre ce problème au moyen d’une solution technique — un programme SIG. Ce programme a obligé nos futurs enseignants à prendre parti et à exprimer leur opinion.
Recensions
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BORDIN, Guy, 2011 On dansait seulement la nuit. Fêtes chez les Inuit du nord de la Terre de Baffin, Nanterre, Société d’ethnologie, Anthropologie de la nuit, 3, 117 pages.
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McGREGOR, Heather E., 2010 Inuit Education and Schools in the Eastern Arctic, Vancouver, University of British Columbia Press, 220 pages.
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RICHLING, Barnett, 2012 In Twilight and Dawn: A Biography of Diamond Jenness, Montreal, McGill-Queen’s University Press, 413 pages.