Abstracts
Résumé
Dans La Grande Beune (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 1996), Pierre Michon prolonge son parcours de la peinture occidentale entrepris depuis Vie de Joseph Roulin (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 1988) et achevé avec Les Onze (Lagrasse, Verdier, coll. « Jaune », 2009), mais en s’attachant cette fois aux fresques rupestres. Ce « presque roman » est marqué tout entier par une teneur préhistorique et archaïque, qui transforme le narrateur, un jeune instituteur dans les années 1960, en un chasseur et le récit en une traque érotique : c’est tout ensemble un récit d’éducation interrompu et une quête érotique, transfigurés en parcours cynégétique. Cet article s’attache à suivre ce motif cynégétique, pour en faire, à la suite des travaux de Carlo Ginzburg, le modèle même de la narration. Voilà sans doute pourquoi les figures de l’écriture et du récit graphique entrent pour ainsi dire en concurrence avec les représentations rupestres. Pas de peinture de chasse dans la grotte, mais à défaut, une multiplication de présences animales tout au long du récit.
Abstract
In La Grande Beune (The Origin of the World) (Lagrasse, Verdier, coll. “Jaune,” 1996), Pierre Michon continues his depictions of Western painting, first embarked upon with Vie de Joseph Roulin (Life of Joseph Roulin) (Lagrasse, Verdier, coll. “Jaune,” 1988) and rounded out with Les Onze (The Eleven) (Lagrasse, Verdier, coll. “Jaune,” 2009), but this time zeroing in on rock-hewn rupestrian frescos. There’s a prehistoric and archaic tone to this novella that transforms the protagonist, a young teacher in the 1960s, into a stalker and turns the narrative into an erotic hunt: ultimately it’s a tale of arrested education and an erotic quest transfigured into a cynegetic pursuit. This article focuses on the cynegetic motif and, following the work of Carlo Ginzburg, creates the very model of narration, with the writing and graphical account juxtaposed against the rupestrian images. There are no paintings of the hunt in the grotto but instead a multitude of animals inhabit the path of the narrative.