À quand remonte la dernière fois où vous avez ajouté un soupçon de Sriracha à votre goûter ou à votre repas? Ou que vous avez utilisé de la sauce soya ou du lait de coco pour préparer une sauce? Ou bien peut-être avez-vous passé quelques minutes de plus au rayon des aliments « ethniques » de votre épicerie? Nos expériences culinaires sont devenues de plus en plus hétérogènes : les repas de viande et de pommes de terre fades sont désormais choses du passé. Les consommateurs recherchent davantage l’excitation que leur procurent les produits « exotiques ». Car après tout, bien que la nourriture évoque un sentiment d’appartenance et procure une sensation de réconfort et de nostalgie, elle peut également donner au consommateur l’occasion de voyager (parfois même de sa propre cuisine!), de savourer la différence, et de sortir des sentiers battus. La nourriture est un moyen de reproduire à la fois la familiarité et la différence. Une manière de perpétuer son chez-soi, à l’étranger. Ou de faire de son chez-soi une destination exotique. La nourriture est une forme de mouvement créatif. Nous sommes ravies de vous faire part d’une nouvelle collaboration thématique, cette fois en compagnie des rédactrices invitées Emeline Pierre (Université de Montréal) et Geneviève Sicotte (Université Concordia). Les collaboratrices de ce numéro invitent le lecteur à examiner la manière dont la différence, la migration et l’idéologie influencent le cheminement des produits qui aboutissent dans les rayons des épiceries, de quelle façon la nourriture est représentée dans la littérature, comment certaines tendances alimentaires, tel le végétalisme, connaissent une popularité virale sur les médias sociaux, et à quel point la créativité constitue un ingrédient essentiel à ce mélange. D’autres observations nous incitent à réfléchir à l’anthropocentrisme : en effet, notre époque est d’ores et déjà définie comme celle de l’Anthropocène et la façon dont ce paradigme affecte nos modes et nos habitudes alimentaires mérite sans aucun doute un examen critique et concerté. Comme toujours, le point de départ pourrait être la nourriture en tant qu’objet d’étude, mais des cadres multidisciplinaires et interdisciplinaires – de la sociologie à la littérature et jusqu’au marketing – se regroupent afin de créer des études de cas stimulantes qui nous forcent à réfléchir aux ingrédients, aux recettes et aux pratiques comme étant le fruit d’échanges, d’antécédents et de négociations complexes et multidimensionnels. Après avoir pris connaissance de ce numéro empreint de dynamisme, je suis certaine que vous regarderez dorénavant les produits Old El Paso d’un autre oeil. Ou alors réfléchirez-vous de quelle façon certains livres de recettes, comme A Taste of Haida Gwaii, non seulement incitent les cordons-bleus à la maison à repousser leurs frontières culinaires, mais également à mieux comprendre comment certains paysages culinaires ont été façonnés et partagés par l’histoire, la mémoire, la collectivité, et parfois même la résistance. Au nom de CuiZine, j’aimerais remercier Geneviève et Emeline pour un numéro qui regroupe une variété de contributions fascinantes. Nous sommes également fiers que ce numéro soit composé d’une majorité d’articles rédigés au départ en français, ce qui illustre notre engagement à diffuser la recherche dans le domaine des études alimentaires dans les deux langues officielles du Canada sans devoir nécessairement accorder la priorité à des textes rédigés à prime abord en anglais. Nous aimerions également remercier nos traducteurs bénévoles, Céline Beaudoin ainsi qu’un groupe d’étudiants de premier cycle de l’Université de Saint-Boniface : notre mission, celle de promouvoir l’accès linguistique dans les deux langues officielles ne saurait être possible sans la contribution de ces bénévoles. Nous soulignons également le travail méticuleux de Marie-Christine Lambert-Perreault et de Jérôme-Olivier Allard, qui ont …
Introduction de l’équipe éditorialeEditor’s Introduction[Record]
Celia Bryn McLean est une artiste et photographe établie à Winnipeg, dont les travaux de graphisme allient la photographie traditionnelle aux technologies utilisées dans les montages photographiques. Ses travaux s’attardent sur la signification de la photographie et des modifications numériques à un moment où certains affirment que l’authenticité ne peut exister sans médiation filtrée et que le recours aux outils, tels Photoshop, signalent l’inauthenticité. Ses illustrations Consummate Condiments et Food Migration ont recours à l’humour et à l’analogie afin d’explorer les thèmes de la migration et des contextes minoritaires.
Celia Bryn McLean is a Winnipeg-based artist and photographer whose stylized work marries traditional photography and photo editing technologies. Her work examines what photography and digital alteration mean in an age where authenticity is connected to seemingly unfiltered images and tools like Photoshop are critiqued in some circles for their (supposed) inauthenticity. Her illustrations ‘Consummate Condiments’ and ‘Food Migration’ play on humour and analogy in relation to the study of food in migratory and minority contexts.