Cahiers de recherche sociologique
Number 65, Fall 2018 La compassion : souci-pour-l’Autre. Enjeux théoriques et considérations pratiques Guest-edited by Viviane Châtel and Shirley Roy
Table of contents (10 articles)
La compassion : une notion à explorer
-
Quand compatir tient lieu de faire. Les paradoxes sociologiques de la compassion
Marc-Henry Soulet
pp. 25–46
AbstractFR:
L’objectif de cette contribution portant sur la compassion est d’examiner ce que cette notion veut dire d’un point de vue sociologique, ce qu’elle nous apprend et permet de comprendre de l’activité sociale. Cet article vise en ce sens à identifier les vertus sociologiques de la compassion, en dégageant ce qu’elle recouvre et ce à quoi elle engage à la lumière de deux variables : d’une part, sa qualité de relation sociale et, d’autre part, son rapport à l’action. Il en ressort une idée-force : la compassion est avant tout une relation sociale, mais a) une relation sociale paradoxale qui égalise sur la base d’une différence maintenue, b) une relation sociale marquée du sceau de l’impuissance en même temps qu’appelant une action et c) une relation momentanée de reconnaissance d’autrui. Ce texte se conclut par l’énoncé de quelques idées explicatives de l’origine de l’impuissance au coeur de la compassion.
EN:
The aim of this paper is to examine what the notion of compassion means from a sociological point of view, what it teaches us and allows us to understand about social activity. In this sense, this article aims to identify the sociological virtues of compassion, identifying what it covers and what it involves in light of two variables : on the one hand, its quality as a social relationship and, on the other, its link to action. A key idea emerges : compassion is first and foremost a social relationship, but a) a paradoxical social relationship that equalizes on the basis of a sustained difference, b) a social relationship marked by the seal of powerlessness while at the same time calling for action, and c) a momentary relationship of recognition of others. This text concludes with some ideas to explain the origin of impotence at the heart of compassion.
ES:
El objetivo de esta contribución que trata sobre el tema de la compasión, es el de examinar que significa desde el punto de vista sociológico, que nos enseña y que nos permite comprender como actividad social. En este sentido, este artículo está orientado a identificar las virtudes sociológicas de la compasión, distinguiendo entre aquello que incluye respecto de lo que se compromete a realizar, a la luz de dos variables : por un lado, la calidad de la relación social y por otro, su relación con la acción. De ello se desprende una idea-fuerza : la compasión es, ante todo, una relación social, pero a) una relación social paradójica que iguala sobre la base de una diferencia pre-existente b) una relación social marcada bajo el sello de la impotencia, que al mismo tiempo hace un llamado a la acción c) una relación momentánea de reconocimiento del ‘otro’. Este texto concluye enunciando algunas ideas explicativas sobre el origen de la impotencia en el seno de la compasión.
-
Sociologie, souffrance et compassion
Michèle Clément
pp. 47–69
AbstractFR:
Dans cet article, l’auteure s’inscrit dans ce courant de valorisation de l’individu, de l’intime et de l’émotionnel en montrant que s’il existe bel et bien des perspectives sociologiques cherchant à expliquer la souffrance des individus (la souffrance sociale, l’exclusion sociale et de la vulnérabilité), il persiste néanmoins pour chacune d’elles un vide analytique que la notion de compassion serait à même de compenser, en partie du moins.
EN:
In this article the author shows that despite the existence of sociological perspectives that explain the suffering (social suffering, social exclusion and vulnerability), it nevertheless persists for each of them an analytical vacuum that the notion of compassion would be able to compensate. This is true in part at least.
ES:
En este artículo, la autora se inscribe en la corriente de valorización del individuo, de lo íntimo y de lo emocional, demostrando que, si bien existen perspectivas sociológicas que buscan explicar el sufrimiento de los individuos (el sufrimiento social, la exclusión social y la vulnerabilidad), persiste, a pesar de ello, en cada una de las perspectivas mencionadas, un vacío analítico, que la noción de compasión debería compensar, al menos, parcialmente.
-
Compassion et conflit des solidarités
Patrick Savidan
pp. 71–87
AbstractFR:
Cet article examine la compassion comme ressort du souci de l’autre tel qu’il se manifeste quand il est associé à un problème d’injustice distributive, qu’il s’agisse de pauvreté ou d’inégalités socio-économiques. Dans cette perspective, on soutient parfois que les inégalités ou les injustices économiques et sociales augmentent parce que nous n’aurions pas suffisamment le souci de l’autre ou des autres, soit que nous ne nous préoccupions pas suffisamment de la place réservée à l’autre dans le système de production, soit que nous soyons indifférents à l’insuffisance des moyens mis en place pour compenser les injustices pourtant constatées. Ce qui signifierait, inversement, que pour pouvoir combattre ces injustices, il conviendrait de renforcer la compassion, de l’éveiller davantage. L’objectif serait d’inciter les membres d’une société donnée à se sentir plus solidaires les uns des autres et en particulier des plus défavorisés, soit dans une perspective caritative assumée, soit par un soutien renforcé aux pratiques, institutions et politiques de l’État social. Cette optique paraît cependant négliger une autre possibilité : nous pourrions assister actuellement à une mutation de l’économie générale de la solidarité qui a un impact direct sur la façon dont s’expriment le souci d’autrui et la perception de nos obligations en matière de solidarité privée et publique. Si cette hypothèse est vérifiée, elle peut offrir des clés d’interprétation de l’évolution de l’État social et des systèmes de redistribution publique.
EN:
This article examines compassion as a concern for others as it arises when it is associated with a problem of distributive injustice, whether it is poverty or socio-economic inequality. From this perspective, it is sometimes argued that economic and social inequalities or injustices increase because we do not care enough about others, either because we do not care enough about the place of others in the production system or because we are indifferent to the inadequacy of the means put in place to compensate for known injustices. This would mean, conversely, that in order to be able to put an end to these injustices, compassion should be strengthened and awakened more. The aim would then be to encourage the members of a given society to feel more responsible for one another and in particular for the most disadvantaged, either in a spirit of charity or through greater support for the practices, institutions and policies of the welfare state. However, this approach seems to overlook another possibility : we could be witnessing a change in the general economy of solidarity that has a direct impact on the way in which concern for others is expressed and on the way we perceive our obligations in terms of private and public solidarity. If this hypothesis is valid, it may offer keys to interpreting the evolution of the welfare state and public redistribution systems.
ES:
Este artículo examina la compasión como disparador de la preocupación por el ‘otro’ ; de qué manera se manifiesta cuando está asociado a un problema de injusticia distributiva, respecto a la pobreza o a las desigualdades socio-económicas. Según esta perspectiva, solemos sostener que las desigualdades o las injusticias económicas y sociales aumentan porque no tendríamos el suficiente cuidado por los otros o las otras, ya sea porque no nos preocupamos suficientemente del lugar reservado al ‘otro’ en el sistema de producción, o porque somos indiferentes frente a la falta de medios puestos en funcionamiento para compensar las injusticias existentes. Lo que significa, a la inversa, que para poder combatir estas injusticias convendría reforzar la compasión, de manera anticipada. El objetivo sería incitar a los miembros de una sociedad determinada a sentirse más solidarios respecto a los otros, particularmente en relación con los más desfavorecidos, sea dentro de una perspectiva caritativa aceptada, sea por el apoyo reforzado por las prácticas, instituciones y políticas del Estado social. Sin embargo, este punto de vista parece descuidar otra posibilidad : actualmente estaríamos en presencia de una mutación de la economía general de la solidaridad que tendría un impacto directo sobre la manera de expresar la preocupación por el otro y la percepción de nuestras obligaciones en materia de solidaridad privada y pública. Si esta hipótesis se verifica, podría ofrecer claves para interpretar la evolución del Estado social y los sistemas de redistribución pública.
-
La compassion : un pâtir-avec fragile
Viviane Châtel
pp. 89–111
AbstractFR:
La condition d’humanité se définit principalement par celle d’interaction. Seul sur son île déserte, Robinson se meurt. Mais l’organisation contemporaine du monde, axée principalement sur l’individualisation des comportements, associée au désir de réussite et aux impératifs de rentabilité et d’efficacité, a perverti largement cette condition, une perversion qui s’est retrouvée et qui se retrouve dans les actes les plus inhumains de la planète, comme les crimes contre l’humanité ou les génocides. Et si les catastrophes naturelles et les catastrophes humaines (comme les guerres) nous enjoignent en quelque sorte à la compassion, celle-ci s’avère principalement élective et éphémère, tant l’émotion ne saurait dicter l’acte moral. Aussi, proposons-nous de déplacer le focus vers la responsabilité-pour-autrui, celle qui, parce que appartenant à la même humanité, nous rend co-responsable de tout mal commis et de toute injustice commise dans le monde et, qui, à la différence de la compassion, s’adresse à tout être humain, d’où qu’il vienne et quel qu’il soit, une responsabilité qui nous oblige, une responsabilité qui nous solidarise.
EN:
The human condition is mainly defined by the condition of interaction. Alone on his desert island, Robinson is dying. But the contemporary organization of the world, mainly based on the individualization of behavior combined with the desire of success and the demands of rentability (profitability) and efficiency, has largely perverted this condition, a perversion that has found its way into the most inhuman acts on the planet, such as crimes against humanity or genocide. And if natural and human disasters (such as wars somehow enjoin us to compassion, it is mainly elective and ephemeral, so much so that emotion can’t dictate the moral act. Therefore, we propose to shift the focus to responsibility-for-others, which, because we belong to the same humanity, makes us co-responsible for every evil committed and every injustice done in the world, and which, unlike compassion, is addressed to every human being, wherever he or she comes from and whoever he or she may be, a responsibility that obliges us, a responsibility that binds us together.
ES:
La condición de la humanidad se define principalmente por la interacción. Solo en su isla desierta, Robinson se está muriendo. Pero la organización contemporánea del mundo, basada principalmente en la individualización del comportamiento, combinada con el deseo de éxito y con los imperativos de rentabilidad y eficiencia, ha pervertido en gran medida esta condición, una perversión que se ha abierto camino en los actos más inhumanos del planeta, como los crímenes contra la humanidad o el genocidio. Y si los desastres naturales y humanos (como las guerras) de alguna manera nos obligan a la compasión, es principalmente electiva y efímera, en tanto que la emoción no puede dictar el acto moral. Por lo tanto, proponemos cambiar el enfoque hacia la responsabilidad por los demás, que, por pertenecer a la misma humanidad, nos hace co-responsables de todo el mal que se comete y de toda la injusticia que se comete en el mundo, y que, a diferencia de la compasión, se dirige a todo ser humano, venga de donde venga, y sea quien sea, una responsabilidad que nos obliga, una responsabilidad que nos solidarice.
La compassion : des pratiques à analyser
-
Encombrante et inévitable compassion en gestion : entre principe éthique, valeur managériale et « business »
Jean Philippe Bouilloud
pp. 115–132
AbstractFR:
En gestion, la compassion est encombrante et ambivalente : c’est un impératif comportemental, une règle éthique, mais elle peut aussi être instrumentalisée au service d’un management efficace. Elle peut aussi être une activité florissante, à travers diverses formes de « social business ». Son développement traduit autant la montée de la prise en compte des sentiments dans le management, que le développement de la préoccupation compassionnelle dans les sociétés contemporaines. Mais en tant qu’impératif adressé aux managers, la compassion établit une critique indirecte du monde de la gestion : si l’empathie doit être demandée avec autant de vigueur, c’est qu’hélas elle ne va pas de soi dans l’univers du travail. La compassion est donc encombrante, mais c’est peut-être un moindre mal face aux conditions modernes du travail.
EN:
In management, compassion is cumbersome and ambivalent : it is a behavioral imperative, an ethical rule, but it can also be used in the service of effective management. It can also be a flourishing activity, through various forms of “social business”. Its development reflects both the rise in the consideration of feelings in management and the development of compassionate concern in contemporary societies. But as an imperative addressed to managers, compassion establishes an indirect criticism of the world of management : if empathy must be demanded with as much vigor, it is because alas it is not obvious in the universe work. Compassion is therefore cumbersome, but it is perhaps a lesser evil in the face of modern working conditions.
ES:
En gestión empresarial, la compasión es abrumadora y ambivalente : es un imperativo del comportamiento, una regla ética, pero también puede ser puesta al servicio de una gestión empresarial eficaz. Puede ser también una actividad floreciente puesta en funcionamiento a través de distintas formas del ‘negocio social’. Su desarrollo se traduce tanto en el fortalecimiento de los sentimientos puestos en la gestión empresarial, como así también en el desarrollo de las preocupaciones por la compasión, existentes en las sociedades contemporáneas. Pero, al ser una obligación que se dirige a los gerentes, la compasión establece una crítica indirecta al mundo de la gestión empresarial : si la empatía que es requerida a los mismos, requiere un alto grado de exigencia, no ocurre lo mismo con el mundo del trabajo. Si bien, la compasión es abrumadora, puede ser un mal menor frente a las condiciones de trabajo modernas.
-
La compassion – un impensé sociologique en Bulgarie
Svetla Koleva
pp. 133–151
AbstractFR:
L’article analyse les causes et les raisons de l’absence persistante du problème de la compassion dans la sociologie bulgare depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à nos jours. Pour expliquer ce vide thématique et conceptuel dans deux contextes politiques, économiques et idéologiques fort différents – l’un dominé par l’État-parti communiste, l’autre de la reconstruction libérale et démocratique de la société bulgare – la réflexion procède par un détour linguistique, historique et empirique. L’absence de reconnaissance sociale de la compassion dans la société totalitaire de type communiste et la défiance généralisée dans la société post-totalitaire sont considérées comme des caractéristiques de l’état du lien social révélatrices tant des carences de pratiques compassionnelles que des défaillances de la posture épistémologique de la sociologie en Bulgarie.
EN:
The article analyses the causes and reasons for the persistent absence of the problem of compassion in Bulgarian sociology from the end of the Second World War to the present day. To explain this thematic and conceptual vacuum in two very different political, economic and ideological contexts – one dominated by the communist party state, the other of the liberal and democratic reconstruction of Bulgarian society – the reflection proceeds through a linguistic, historical and empirical detour. The lack of social recognition of compassion in the communist-type totalitarian society and the generalized mistrust in the post-totalitarian society are considered as characteristics of the state of social relations that reveal both deficiencies in compassionate practices and failures in the epistemological posture of sociology in Bulgaria
ES:
El artículo analiza las causas y las razones de la persistente ausencia del problema de la compasión en la sociología búlgara desde el final de la Segunda Guerra Mundial hasta nuestros días. Para explicar este vacío temático y conceptual dentro de dos contextos políticos, económicos e ideológicos muy diferentes – uno, dominado por el Estado – bajo el Partido Comunista, y el otro, el de la reconstrucción liberal y democrática de la sociedad búlgara –, la reflexión proviene de un giro lingüístico, histórico y empírico. La ausencia de reconocimiento social de la compasión en la sociedad totalitaria del tipo comunista y el rechazo generalizado en la sociedad post-totalitaria, son considerados como características de la situacion de un lazo social revelador, tanto de la falta de prácticas compasionales como así también de las falencias de la epistemología de la sociología búlgara.
-
Compassion et action humanitaire : quand l’humanité de l’humanitaire est en jeu
Paul Bouvier
pp. 153–174
AbstractFR:
La compassion et le respect sont au coeur du principe d’humanité et fondent l’action humanitaire. Ce parcours de la compassion dans l’action humanitaire explore certains défis pratiques et éthiques liés au triage et aux priorités dans l’urgence, à des enjeux organisationnels ou aux soins compassionnels et palliatifs. Dans les crises et les violences les acteurs sont confrontés aux coûts émotionnels de cette activité et aux risques de détresse empathique. Cependant, face aux violences et à la déshumanisation, le geste d’humanité garde une place centrale, qui s’exprime parfois à travers de petites choses, un thé, une image ou un objet artisanal, des moments partagés et de reconnaissance mutuelle. La rencontre humaine peut ouvrir une voie vers la résilience et la réhumanisation. Alors que des défis nouveaux sont posés par l’utilisation de drones ou de robots, l’action humanitaire doit aujourd’hui redonner à la compassion et à la relation humaine leur rôle fondamental.
EN:
Compassion and respect are at the heart of the principle of humanity and underpin humanitarian action. This journey of compassion in humanitarian action explores some of the practical and ethical challenges related to triage and priorities in emergencies, organizational issues, as well as compassionate and palliative care. In crises and violence, actors are confronted with the emotional costs of their activity and the risks of empathic distress. However, in the face of violence and dehumanisation, the gesture of humanity remains central. It is sometimes expressed through very small things, a cup of tea, a shared image or handcrafted object, shared moments and mutual recognition. The human encounter can open a path towards resilience and re-humanization. At a time when new challenges are posed by the use of drones or robots, humanitarian action today must restore compassion and human relationships to their fundamental role.
ES:
La compasión y el respecto están en el centro del principio de la humanidad y constituyen la acción humanitaria. Esta trayectoria de la compasión dentro de la acción humana explora ciertos desafíos éticos ligados a la selección de prioridades en los casos de urgencia, en las pruebas organizacionales o en los cuidados compasivos y paliativos. En las crisis y los casos de violencia, los actores se enfrentan a los costos emocionales de esta actividad y a los riesgos de la angustia emocional. Sin embargo, frente a los actos de violencia y de deshumanización, el gesto de humanidad conserva un lugar central, que se expresa a veces a través de pequeñas cosas, un té, una imagen o un objeto artesanal, los momentos compartidos y el reconocimiento mutuo. El reencuentro humano puede abrir una vía hacia la resiliencia y la re-humanización. Debido a que los nuevos desafíos se establecen alrededor de la utilización de drones o robots, la acción humanitaria debe hoy en día, devolver a la compasión y a la relación humana su rol fundamental.
-
La compassion dans notre système de santé : le témoignage d’un praticien sur le terrain
Serge Daneault
pp. 175–193
AbstractFR:
Ce texte s’appuie sur l’expérience sur le terrain d’un praticien du monde de la santé. Il tente de définir la compassion à partir de trois composantes que sont le fait de percevoir la souffrance d’autrui, d’en être affecté et, enfin, de s’engager aux côtés du souffrant pour trouver une solution à la souffrance. Par la suite, la réflexion se poursuit dans le champ de nos services de santé qui ne sont plus le lieu par excellence du déploiement de la compassion dans notre société. Les soignants sont actuellement aux prises avec l’usure de leur compassion qui accompagne la déshumanisation de nos structures constamment bouleversées. Or, cette usure de la compassion des soignants se traduit par un effet délétère sur la souffrance des soignés. L’avenir de la compassion dans nos sociétés passe obligatoirement par une reconnaissance de l’inévitabilité de la souffrance et par le potentiel que son soulagement apporte à l’amélioration de notre monde.
EN:
This text is based on the field experience of a healthcare practitioner. It attempts to define compassion from three main components : perceiving the suffering of others, being affected by it and, finally, engaging with the sufferer to find a solution to the suffering. Thereafter, reflection continues in the field of our health services which are no longer the place par excellence for the deployment of compassion in our society. Caregivers are currently struggling with compassion fatigue that accompanies the dehumanization of our constantly upset structures. However, this compassion fatigue of caregivers results in a deleterious effect on the suffering of people who are affected by disease. The future of compassion in our societies necessarily requires recognition of the inevitability of suffering and the potential that its relief brings to the betterment of our world.
ES:
Este texto se sostiene sobre la experiencia en el terreno de un profesional del mundo de la salud. Intenta definir la compasión a partir de tres componentes : el hecho de percibir el sufrimiento del ‘otro’, de sentirse afectado por el mismo, y finalmente, de comprometerse junto a la persona que sufre para encontrar una solución a su sufrimiento. Luego, la reflexión continúa en el campo de nuestros servicios de salud, que no son más los espacios por excelencia del despliegue de la compasión en nuestra sociedad. El personal médico se enfrenta actualmente al desgaste de su compasión, que acompaña la deshumanización de nuestras estructuras, permanentemente colapsadas. Ahora bien, este desgaste de la compasión del personal médico se traduce en un efecto perjudicial sobre el sufrimiento de los que sufren. El futuro de la compasión en nuestras sociedades pasa obligatoriamente por un reconocimiento de la inevitabilidad del sufrimiento y por la posibilidad de que su recuperación aporte mejoras a nuestro mundo.
-
Le travail social, un métier de compassion
Henri Dorvil, Sarah Boucher Guèvremont and Vincent Marzano-Poitras
pp. 195–204
AbstractFR:
Les auteurs abordent les enjeux que soulèvent la compassion et le don de soi pour le travail social dans les contextes historiques et organisationnels de son inscription. Le rôle et la place de ces sentiments et de l’agir qu’ils appellent et rendent possibles sont explorés à partir de sources sociologiques, philosophiques, historiques et littéraires. La compassion est définie comme une émotion fondée sur l’empathie, qui relie à la souffrance d’autrui et peut structurer l’activité professionnelle, tout en participant parfois de la fonction de contrôle jouée par le travail social.
EN:
In this article, social work is presented as a practice of relational help and support, a profession of compassion. The concept of compassion was developed over the centuries, carried by the Catholic Church in the Middle Ages and taken up in the 18th century by philosophers and writers who brought humanity to reflect on social ties and solidarity. These reflections shaped the conceptualization of society.
ES:
Los autores abordan los desafíos que promueven la compasión y la entrega de uno mismo por el trabajo social, en un contexto histórico y organizacional determinado. El rol, el lugar de los sentimientos y de las reacciones que los convocan y los hacen posibles, son explorados a partir de fuentes sociológicas, filosóficas, históricas y literarias. La compasión se define como una emoción fundada sobre la empatía que, ligada al sufrimiento del ‘otro’, puede estructurar la actividad profesional, al mismo tiempo que participa, en ocasiones, de la función de control ejercida por el trabajo social.