Note de lecture

Benoît Dubreuil et Guillaume Marois, Le remède imaginaire : pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec, Les Éditions du Boréal, 2011, 315 pages[Record]

  • Claire Benjamin

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  • Claire Benjamin
    Agente de recherche au Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC) de 1976 à 2011

En février 2011, la vague Dubreuil-Marois déferlait sur le Québec. Avec un titre aussi accrocheur que Le remède imaginaire : pourquoi l’immigration ne sauvera pas le Québec, les auteurs ont pu faire part de leurs points de vue sur plusieurs tribunes avant même la sortie du livre. Ce que l’on pouvait lire, avant la parution du 3 mars dernier, était l’avant-propos diffusé sur le site de l’éditeur, des articles des auteurs dans les médias ainsi que des entrevues accordées. Certes, un livre fort attendu. Après sa sortie, des commentateurs en ont parlé comme étant « indiscutablement une des contributions au débat public les plus sérieuses, salutaires et décapantes depuis longtemps » (Joseph Facal, Journal de Montréal) ; « un essai-choc, solidement argumenté, qui ébranle une idée reçue à peu près unanimement partagée » (Louis Cornellier, Le Devoir) ; « un livre qui secoue plusieurs idées reçues sur l’immigration comme espèce de remède miracle du vieillissement de la population » (Mario Dumont, Télévision V/Dumont) ; « Le livre de la rentrée 2011. Le remède imaginaire […] lézarde les fondations de la politique d’immigration du Québec » (Jean-François Lisée, L’Actualité). Dubreuil et Marois ont voulu écrire ce livre afin, disent-ils, de combler un manque, étant convaincus que « le public et les décideurs entretiennent une idée fausse de l’influence de l’immigration sur l’économie et la démographie québécoise » (p. 12). Cette idée fausse aurait pour effet d’empêcher une évaluation objective de la politique québécoise d’immigration. Elle créerait aussi des attentes démesurées auprès des Québécois qui « s’attendent à ce que l’immigration soulage la pression sur les finances publiques » et des immigrants qui « s’attendent à ce que leurs perspectives d’emploi soient particulièrement favorables » (p. 306). Or, avec la prémisse sur laquelle tout le livre s’est construit, soit l’immigration perçue comme un remède qui sauverait le Québec, les auteurs développent un argumentaire remettant en cause la politique d’immigration et ses pratiques. Mais l’argumentaire est-il aussi solide qu’il en donne l’image ? Si la prémisse peut être remise en question, qu’advient-il de toute la construction élaborée autour d’elle ? Si l’immigration n’était pas ce qui peut « sauver » le Québec, mais plutôt, en complémentarité avec les autres leviers sur lesquels il est possible d’agir, ce qui peut « aider » le Québec à mieux faire face à ses défis de développement ? Et si l’immigration internationale n’était pas un « remède » mais un « choix de société », ayant fait l’objet, en 1990, d’un Énoncé de politique en matière d’immigration et d’intégration (Ministère des Communautés culturelles et de l’Immigration, 1990a), adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale du Québec ? Avec l’intention de démontrer que le Québec n’a pas besoin d’immigration pour des raisons démographiques et économiques, Dubreuil et Marois traitent des impacts marginaux de l’immigration sur le vieillissement de la population et sur la prospérité économique. Cela fait l’objet des quatre premiers chapitres. Ils font appel à de nombreux ouvrages scientifiques traitant de la question des impacts démographiques et économiques de l’immigration. Afin d’illustrer les effets de l’immigration sur la démographie, Marois simule en outre ce qu’aurait été la population du Québec sans immigration, sur la période 1971-2006, ce qui ne manque pas de surprendre dans un essai qui s’intéresse au vieillissement démographique. Nous y reviendrons. Dans le chapitre 5, ils s’interrogent sur les causes de la « détérioration des performances économiques des nouveaux immigrants ». Ils font la revue des facteurs avancés pour expliquer la détérioration et ils en concluent que « [l]es difficultés d’intégration des immigrants ne sont pas surprenantes. Elles découlent naturellement …

Appendices