Abstracts
Résumé
Cet article montre comment le film des frères Quay, Institut Benjamenta, propose une représentation métaphysique du monde. Les cinéastes développent une réflexion filmique sur le paradoxe caché dans la réalité phénoménale. En travaillant sur la perméabilité de concepts physiques tels que le lieu, le langage, l’homme, le film parvient à dépasser les antinomies séculaires qui divisent l’esprit du corps, l’intelligible du sensible. À travers la porosité des frontières topographiques, l’usage singulier de la parole et l’hybridation animale, le film explore toute l’ambiguïté qui couve sous les certitudes perceptives. Il crée un univers flottant et incertain dans l’entre-deux de la perception et confronte, dans la puissance poïétique de la fiction, l’homme avec ce qui lui échappe et avec ce à quoi il tente d’échapper. C’est dans le rapport du sensible et de l’intelligible que l’être, dans le film, fait l’expérience de lui-même.
Abstract
This article demonstrates how the Quay Brothers film Institute Benjamenta offers a metaphysical vision of the world. In it, the filmmakers think in film about a paradox hidden in phenomenal reality. By working on the permeability of physical concepts such as place, language and the individual, the film succeeds in overcoming the secular dichotomies dividing mind and body and the intelligible and the sensory. Through the porosity of topographical boundaries, a unique use of speech and animal hybridity, the film explores the ambiguity smouldering underneath our perceptive certainties. It creates a floating and uncertain universe in an in-between perceptual space and, in the powerful poesis of its fiction, brings individuals face to face with what escapes them and from which they are trying to escape. In this film, individuals experience themselves through the relationship between the sensory and the intelligible.
Appendices
Références Bibliographiques
- Epstein 1974 : Jean Epstein, « Le cinéma du diable », Écrits sur le cinéma, Tome 1, Seghers, coll. « Cinéma-Club », 1974.
- Merleau-Ponty 1945 : Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945.
- Turner 1967 : Victor Turner, The Forest of Symbols, Ithaca, Cornell University Press, 1967.
- Walser 1981 : Robert Walser, L’institut Benjamenta. Jakob von Gunten, Paris, Gallimard, 1981.