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Dans « Lu, Reshaping » de Madeleine Thien, l’attention que la narratrice-focalisatrice Lu porte aux mots concrétise sa condition d’immigrante. Y est mis en relief le mouvement de balancier entre un anglais mâtiné d’un cantonnais imagé, polysémique (c’est la langue de Lu et de leur ancien monde), et un anglais des affaires d’autant plus efficace qu’il se restreint à sa plus simple expression (c’est la langue de la fille aînée de Lu, sa traductrice, qui imite, pour les besoins de la cause, la langue des collègues de bureau de Lu, qui représente l’anglais direct du nouveau monde). C’est le constant contraste entre ces deux anglais qui révèle la difficile position des immigrantes, qui fait d’elles des traductrices culturelles. On pourrait ainsi considérer les migrantes de certaines fictions, particulièrement intéressées à la langue, comme des traductrices fictives.