Abstracts
Résumé
L’exclusion de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) de la légalité coloniale, en juillet 1955, consacre le recours aux savoirs médicaux endogènes dans la lutte contre le colonialisme au Cameroun. Dans les régions de la Sanaga-Maritime et de l’Ouest-Cameroun, où la répression oblige ses membres à mettre sur pied deux organisations paramilitaires dès décembre 1956, le milieu forestier va en effet revêtir un caractère sacré et protecteur. Tout au long de la guerre de libération, qui oppose le mouvement aux forces franco-camerounaises de 1956 à 1971, les feuilles, les écorces et les racines y seront récoltées pour guérir les blessés (de guerre) et les malades en dehors du système de santé public colonial (et postcolonial). De nombreux « féticheurs [sic] » seront également recrutés en brousse pour les rites de blindage et d’immunisation. Autant dire que la guerre de libération du Cameroun fut, en grande partie, un mouvement vers les savoirs et les rites ancestraux. Le présent article se donne pour objectif d’étudier l’importance de la pharmacopée traditionnelle et de la médecine rituelle dans la prise en charge des blessés et des malades au maquis pendant la guerre d’indépendance du Cameroun.
Mots-clés :
- Noumbou Tetam,
- pharmacopée traditionnelle,
- médecine rituelle,
- guerre d’indépendance,
- Ouest-Cameroun,
- Sanaga-Maritime
Abstract
The exclusion of the Union of the Peoples of Cameroon (UPC) from colonial legality, in July 1955, devotes the use of endogenous medical knowledge in the fight against colonialism in Cameroon. In the Sanaga-Maritime and West-Cameroon regions, where repression forced the members of this party to set up two paramilitary organizations in December 1956, the forest environment was indeed to take on a sacred and protective nature. Throughout the war of liberation, which opposed the movement of the Franco-Cameroonian Forces from 1956 to 1971, the leaves, the barks and the roots of plants were harvested and used to heal the (war)wounded and the sick outside the colonial (and post-colonial) public health system. Many “fetishers [sic]” were also recruited in the bush for shielding and immunization rites. As much to say that the Cameroon’s war of liberation was, in a large part, a movement toward the use of knowledges and ancestral rites. This article aims to study the importance of traditional pharmacopoeia and the use of ritualistic therapies in the care of the wounded and the sick in the maquis during the War of Independence in Cameroon.
Keywords:
- Noumbou Tetam,
- traditional pharmacopoeia,
- ritual medicine,
- War of Independence,
- West Cameroon,
- Sanaga-Maritime
Resumen
La exclusión de la Unión de los Pueblos de Camerún (UPC) de la legalidad colonial, en julio de 1955, consagró el recurso a los saberes medicinales endógenos en la lucha contra el colonialismo en Camerún. En las regiones de Sanaga-Maritime y del Camerún-Oeste, en donde la represión obliga a esos miembros a erigir dos organizaciones paramilitares en diciembre de 1956, el medio forestal va en efecto revestir un carácter sagrado y protector. A todo lo largo de la guerra de liberación, que opone el movimiento a las fuerzas franco-cameruneses de 1956 a 1971, las hojas, las cortezas y las raíces fueron recolectadas para curar a los heridos (de guerra) y los enfermos fuera del sistema de salud público colonial (y postcolonial). Muchos «feticheros [sic]» fueron reclutados en la selva para los ritos de blindaje y de inmunización. Se puede decir que la guerra de liberación del Camerún fue, en buena parte, un movimiento hacia los saberes y ritos ancestrales. El presente artículo tiene como objetivo estudiar la importancia de la farmacopea tradicional y de la medicina ritual en la atención de los heridos y enfermos en el maquis durante la guerra de independencia del Camerún.
Palabras clave:
- Noumbou Tetam,
- farmacopea tradicional,
- medicina ritual,
- guerra de independencia,
- Camerún-Oeste,
- Sanaga-Maritime
Appendices
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