Volume 38, Number 2, 2014 Le métis comme catégorie sociale : revendications, agencéité et enjeux politiques Métis as Social Category: Rights, Agency and Political Issues El mestizo como categoría social: Reivindicaciones, agenceidad y retos políticos Guest-edited by Denis Gagnon and Hélène Giguère
Table of contents (19 articles)
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Mot de la rédaction : la revue Anthropologie et Sociétés développe son site Internet et y ajoute un volet audiovisuel
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Présentation : le Métis comme catégorie sociale : Agencéité et enjeux sociaux
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Madagascar : une île métisse sans métis ? La catégorie « métis » et son contournement dans les Hautes Terres centrales de Madagascar pendant la période coloniale (1896-1960)
Violaine Tisseau
pp. 27–44
AbstractFR:
Le métissage est une notion associée à Madagascar depuis les premiers écrits européens sur l’île. En particulier, au XIXe siècle, il est associé au questionnement sur l’origine des Malgaches. Mais il sert aussi de prétexte aux Français pour conquérir l’île. La colonisation qui se met en place s’accompagne alors de la création d’une catégorie historique et coloniale, celle de « métis ». Soucieux de conserver l’ordre et le cloisonnement entre les groupes qui permettent son maintien, le pouvoir colonial entreprend une politique particulière à l’égard des métis, en particulier évaluation de leur nombre, prise en charge dans des institutions particulières, décret leur permettant d’accéder à la citoyenneté française plus aisément que les Malgaches. Toutefois, les métis ont échappé en partie à cette catégorisation et ont su la déjouer ou se la réapproprier par des stratégies leur permettant de jouer des codes français ou malgaches. le fonctionnement de la parenté et l’intervention modérée du pouvoir en direction des métis qui en est à la fois la cause et le résultat expliquent que les métis n’aient pas constitué de groupe ou de communauté distincte dans l’île.
EN:
Miscegenation is a notion associated with Madagascar since the first European writings on the island. In particular, in the 19th century, it is associated with questioning the origin of Malagasy. But it was also used as a pretext for the French to conquer the island. The colonization which was set up came along with the creation of a colonial category, that of « métis ». Worried of preserving the colonial order and the subdivision between groups, the colonial power chose to intervene towards the métis : estimation of their number, child-care in orphanages for métis, decree allowing them to gain French citizenship more easily than the Malagasy. However, the métis were able to bypass the colonial categorization and to elaborate strategies to gain French or Malagasy societies. The undifferentiated kinship and the moderate intervention of the power towards the métis explain why the métis did not constitute any group or separate community in the island.
ES:
El mestizaje es una noción asociada a Madagascar desde los primeros escritos europeos sobre la isla. Particularmente, en el siglo XIX, estaba asociada a la cuestión sobre el origen de los malgaches. Pero también sirvió de pretexto para que los franceses conquistaran la isla. La colonización que se instaló conllevó la creación de una categoría histórica y colonial, la de « mestizo ». Con el afán de conservar el orden y la compartimentación entre los grupos sobre los que se apoyaba, el poder colonial emprendió una política específica hacia los mestizos, como fue el caso de su evaluación numérica, de su captación en instituciones específicas y del decreto que les permitió acceder más fácilmente a la ciudadanía francesa que a los Malgaches. No obstante, los mestizos escaparon parcialmente a dicha categorización y supieron contornearla o repropiársela a través de estrategias que les permitieron eludir los códigos franceses o malgaches. El funcionamiento del parentesco, la intervención moderada del poder hacia los mestizos, que es tanto una causa como un resultado, explican que los mestizos no hayan constituido un grupo o una comunidad distinta en la isla.
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Métissage, multi-appartenance, créolité à l’Île de La Réunion
Laurence Pourchez
pp. 45–66
AbstractFR:
Initialement déserte lors de son peuplement à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, l’Île de La Réunion a été peuplée de Français, de Malgaches puis d’Indiens, d’hommes (les femmes étant particulièrement minoritaires) originaires d’Afrique de l’Est, d’Asie, et même, pour quelques-uns d’entre eux, d’Australie et de Polynésie. Durant les premières années d’occupation de l’Île, les mariages entre individus d’origines différentes étaient tolérés « pourvus que ceux-ci fussent baptisés ». Les premiers enfants nés dans l’Île étaient « métis », mais le gouverneur d’alors fit proclamer « l’interdiction faite aux blancs d’épouser des négresses » et « l’interdiction faite aux femmes blanches d’avoir commerce avec des noirs ». Cet édit fut renouvelé par trois fois sans être suivi d’effet par la population. Cet article se propose de discuter des notions de métissage, de multi-appartenance et de créolité à l’Île de La Réunion. Notre propos sera d’examiner, à l’aide de quelques exemples pris notamment dans la médecine traditionnelle, la manière dont les racines des Réunionnais se sont développées ; dans le sens parfois, de l’affirmation d’une créolité en terme de métissage et de création culturelle, d’une multi-appartenance qui peut être revendiquée (être Réunionnais et Français et…) ou parfois niée au profit du choix d’une appartenance unique associée à des racines supposées.
EN:
Reunion Island was originally inhabited. Initially deserted when its population from the second half of the 17th century, by Europeans and Malagasy and Indians, men (women are particularly minority) originating from East Africa, Asia, or Australia and Polynesia. During the first years of occupation of the island, marriages between people of the same origin were tolerated « provided that they were baptized ». The first children born on the island were « mixed », but then the Governor proclaimed « the ban on whites marrying black women » and « the prohibition of white women to have intercourse with blacks ». This edict was renewed three times without being acted upon by the people. This article aims to discuss the notions of hybridity, of multi-membership Creole and the Reunion Island. Our purpose is to examine, through a few examples, including traditional medicine, how the roots of Reunion people have developed, in some sense, the assertion of Creole in terms of mixing and cultural creation, a multi-membership that can be claimed (be Reunion and French, and more) or sometimes denied the benefit of choosing a single membership associated with supposed roots.
ES:
Inicialmente deshabitada, no fue sino hasta la segunda mitad del siglo XVII que la Isla de La Reunión fue poblada por los Franceses, Malgaches y posteriormente Hindús, hombres (pues las mujeres eran particularmente minoritarias) originarios de África occidental, Asia e incluso, en algunos casos, de Australia y de Polinesia. Durante los primeros años de ocupación de la Isla, los casamientos entre individuos de orígenes diferentes eran tolerados « a condición de que estuvieran bautizados ». Los primeros niños nacidos en la Isla eran « mestizos », pero el gobierno de aquel entonces proclamó « prohibir a los blancos de casarse con las negras » y « prohibir a las mujeres blancas de tener comercio con los negros ». Dicho edicto fue renovado tres veces sin haber sido obtemperado por la población. Este artículo propone discutir las nociones de mestizaje, multi-membrecía y criollismo en la Isla de La Reunión. Ternemos el propósito de examinar, gracias a algunos ejemplos provenientes de la medicina tradicional, la manera en que las raíces de los habitantes de La Reunión se desarrollaron ; en este sentido, la afirmación de un criollismo en términos de mestizaje y de creación cultural, de una multi-membrecía que puede ser reivindicada (entre originarios de La Reunión, Franceses y…) o a veces negada en beneficio de la opción de una membrecía única asociada a origines supuestos.
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Devenir « demi » en Polynésie française : les enjeux de l’ethnicité, du statut socioéconomique et du genre
Laura Schuft
pp. 67–88
AbstractFR:
Basé sur un travail doctoral mené entre 2004 et 2007 auprès de 54 personnes en couple dit « mixte » (« métropolitain »-« polynésien ») à Tahiti et à Moorea, cet article propose une analyse des usages sociaux de la catégorie de métissage : « demi ». La Polynésie française étant lieu de métissages transcontinentaux depuis 200 ans, Michel Panoff (1989) avait estimé qu’il n’existerait plus de Polynésiens non-métissés de fait. D’autres auteurs affirment que les « Demis » ne constituent qu’une classe sociale (Rallu et al. 1997). Dans ce contexte, quels critères symboliques sont employés pour démarquer la catégorie de « Demi » des autres appartenances ethniques de la société tahitienne contemporaine ? La genèse historique de cette catégorie prédit, dans son usage contemporain, le lien fort avec les statuts socioéconomiques des personnes. Or, les résultats de ce travail indiquent un autre facteur qui pèse sur la catégorisation ethnique : le genre. En effet, si toute l’ambigüité des distinctions sociales entre « Polynésien » et « Demi » repose sur l’affichage de symboles de statuts socioéconomiques dans le système de valeurs capitalistes et occidentales, la distinction devient saillante chez les hommes. Cet article se penche sur ces modalités dynamiques de catégorisation et de distinction entre appellations ethniques qui mobilisent autant les statuts socioéconomiques que le genre.
EN:
Based on doctoral research and interviews conducted between 2004 and 2007 with fifty-four people in « mixed » (« Mainlander »-« Polynesian ») couples in Tahiti and Moorea, this article analyzes the social uses of the category of ethnic mixing : « Demi ». French Polynesia having been the site of intercontinental migrations and ethnic mixing for 200 years, Michel Panoff (1989) estimated that « unmixed » Polynesians no longer existed. Other authors advance that the « Demis » represent purely a social class (Rallu et al. 1997). In this context, what symbolic criteria are employed to distinguish the category « Demi » from other ethnic categories in contemporary French Polynesia ? The historical genesis of this category predicts, in its contemporary use, the strong link with socioeconomic status. Yet the results of this work indicate another factor which weighs on ethnic categorization : gender. Although the ambiguity of social distinctions between « Polynesians » and « Demis » rely entirely upon the use of socioeconomic status symbols in a capitalistic and Western value-system, the distinction only becomes salient for men. This article shall consider these dynamic modes of categorization and distinction between ethnic categories which mobilize both socioeconomic status and gender.
ES:
Basado en un trabajo de doctorado realizado entre 2004 y 2007 entre 54 personas en pareja « mixta » (« metropolitano »-« polinesio ») en Tahití y en Moorea, este artículo propone el análisis de la utilización social de la categoría de mestizaje « medio ». La Polinesia francesa es un lugar de mestizajes transcontinentales desde hace 200 años. Miches Panoff (1989) había calculado que de hecho ya no existen Polinesios no mestizados. Otros autores afirman que los « Medios » constituyen una clase social (Rallu et al. 1997). En ese contexto, ¿ cuáles son los criterios simbólicos empleados para diferenciar la categoría de « medio » de las demás membrecías étnicas de la sociedad tahitiana contemporánea ? La génesis histórica de dicha categoría predice, en su uso contemporáneo, una relación fuerte con el estatus socioeconómico de las personas. Ahora bien, los resultados del presente trabajo señalan otro factor que influye la categorización étnica : el género. En efecto, si toda la ambigüedad de las distinciones sociales entre « Polinesio » y « Medio » se funda en la fijación de símbolos de estatus socioeconómicos en el sistema de valores capitalistas y occidentales, la distinción se vuelve remarcable entre los hombres. Este artículo analiza las modalidades dinámicas de categorización y de distinción entre apelaciones étnicas que movilizan tanto los estatus socioeconómicos que el género.
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Les transformations de la « question métisse » en Nouvelle-Calédonie (1853-2009)
Adrian Muckle and Benoît Trépied
pp. 89–108
AbstractFR:
À la lumière de l’instauration en 2009 de catégories de recensement inédites permettant une identification officielle des « métis », cet article analyse les façons dont le métissage a été problématisé et représenté en Nouvelle-Calédonie depuis les débuts de la colonisation. L’examen des principales évolutions de la « question métisse » dans le débat public permet ici de montrer qu’en dépit de leur assimilation juridique aux catégories coloniales de « citoyen » ou d’« indigène », les métis en Nouvelle-Calédonie n’ont jamais été pour autant socialement invisibles, mais ont fait en réalité l’objet de discussions récurrentes. Cet article se penche en particulier sur les transformations des discours sur le métissage à l’époque coloniale (avant 1946), au moment des « évènements » violents des années 1980, puis sous l’ère des Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998). Alors que la question métisse a le plus souvent disparu avec l’accession à l’indépendance des autres anciennes colonies françaises, le processus actuel de décolonisation en Nouvelle-Calédonie suscite au contraire de nouvelles évocations du métissage et de singulières expressions de l’identité métisse.
EN:
In light of the unprecedented emergence in 2009 of census categories allowing the identification of « métis », this article provides a fresh review of the ways in which « métis » have been problematized and represented in New Caledonia since the beginning of the colonial era. Outlining the principal evolutions of the « métis question » in public debate, the article shows that, despite their assimilation within the colonial legal categories of citizen and subject, métis in New Caledonia have been far from socially invisible and have been in fact the subject of perennial debate. Particular attention is paid to the transformations that occurred in the colonial era (before 1946), during the violent « events » of the 1980s and in the wake of the Matignon (1988) and Nouméa (1998) Accords. Rather than causing the métis question to disappear, as has occurred in other former French colonies, the contemporary decolonisation process in New Caledonia has given a new and singular meaning to evocations of métissage and expressions of métis identity.
ES:
A la luz de la instauración en 2009 de categorías de censo inéditas que permitieron la identificación oficial de los « mestizos », este artículo analiza las maneras en que el mestizaje ha sido problematizado y representado en Nueva Caledonia desde los principios de la colonización. El examen de las principales transformaciones de la « cuestión mestiza » en el debate público permite mostrar que a pesar de su asimilación jurídica a las categorías coloniales de « ciudadano » o de « indígena », los mestizos en Nueva Caledonia nunca han sido socialmente invisibles, más bien han sido objeto de discusiones recurrentes. Este articulo analiza las transformaciones de los discursos sobre el mestizaje durante la época colonial (antes de 1946) hasta los « hechos » violentos de los años 1980, y bajo la era de los Acuerdos de Matignon (1988) y de Noumea (1998). Mientras que la cuestión mestiza con frecuencia desapareció con el ascenso a la independencia de las antiguas colonias francesas, el proceso actual de descolonización en Nueva Caledonia suscita, al contrario, nuevas evocaciones del mestizaje, así como singulares expresiones de la identidad mestiza.
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Au pays des Mayas métis
Michel Boccara
pp. 109–130
AbstractFR:
Les Mayas du Yucatán s’appellent et sont appelés « Métis », cas unique en Amérique latine. Une étude historique est faite des raisons de cette appellation et des noms disponibles pour les « vrais » métis ainsi que les autres noms désignant les Yucatèques. Le concept de xaak’ (variante xak’, xa’ak’), dont un des sens est « métis » en maya yucatèque mais qui signifie aussi mélange, et en particulier mélange de graines et mélange d’épices, est ensuite analysé à des fins comparatives. Il est mis en rapport avec la mythologie yucatèque ; puis sont étudiées les relations entre l’identité maya yucatèque et l’identité métisse. En conclusion, la lutte politique des Yucatèques d’aujourd’hui est envisagée en s’appuyant sur le concept de métissage en français et en yucatèque.
EN:
The Mayas of Yucatán call themselves and are called « Mestizos » (cross-bred), a unique case in all Latin America. An historical study is done of the reasons why this designation is used, as well as for the names for the « real » half-breed and the other Yucatec Mayas. The concept of xaak’ (variables : xak’, xa’ak’), one of the meanings of which is « half-breed » in Yucatec Maya language, also means « mixed », and in particular « mixed of seeds » and « mixed of spices ». This concept will be analysed for comparative purposes. It will be put in relation with the Yucatec mythology. The relations between the Maya Yucatec identity and the « mestizo » identity will then be exposed. The conclusion will deal with the political fight back of the contemporary Yucatec, which perspective will be enlightened with the concept of « cross-breeding » in Yucatec and French.
ES:
Los mayas de Yucatán se llaman y son llamados « mestizos », caso único en toda America latina. Un estudio histórico es hecho de los motivos de este nombre y de los nombres disponibles para los verdaderos mestizos como de los otros nombres para designar los mayas yucatecos. El concepto de Xaak’ (variante xak’, xa’ak’), del cual uno de los sentidos es mestizo en maya yucateco, también significa mezcla, y particularmente mezcla de semillas, y recado. Lo estudiaremos con fines comparativas y lo relacionaremos con la mitología yucateca. Estudiaremos también las relaciones entre la identidad maya yucateca y la identidad mestiza. En conclusion, enfocaremos la lucha politica de los yucatecos de hoy, apoyandonos sobre el concepto de mestizaje en francés y en yucateco.
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Le métissage brésilien : du « mélange » généralisé au rappel des origines
Cécilia Gutel and Patrick Le Guirriec
pp. 131–149
AbstractFR:
Au Brésil le métissage s’enracine dans l’histoire longue du peuplement du pays. La nation brésilienne s’est constituée sur la base d’unions mixtes entre les trois « matrices initiales » amérindienne, européenne et africaine, formant un métissage tel que les différences ethniques semblent avoir été gommées, comme l’affirme le concept de « démocratie raciale ». Transformé en mythe d’origine de la nation brésilienne au début du XXe siècle, il laisse supposer la parfaite égalité de tous les citoyens. Pourtant, les inégalités socioéconomiques reposant sur les différences raciales dans l’accès aux richesses et aux pouvoirs n’ont pu échapper longtemps aux observateurs. En 2001, la société brésilienne idéalisée qui se pense et se déclare comme profondément métisse voit la mise en place de mesures de discrimination positive au bénéfice des plus pauvres, mais aussi des Noirs et des Indiens dans l’attribution de quotas dans les institutions publiques et universités. Il s’agit alors de la reconnaissance officielle de l’existence des inégalités et d’une remise en cause de l’homogénéité de la nation si longtemps affirmée. Le présent article se propose d’examiner le paradoxe sur lequel repose la représentation du métissage dans une société qui veut idéalement gommer les différences, mais dont les membres sont différenciés selon leur origine tant dans la construction des politiques publiques que dans la hiérarchisation des groupes.
EN:
Miscegenation in Brazil finds its roots in the long history of human settlement. The Brazilian nation was constituted on the basis of mixed unions among three « initial matrices » : the Amerindian, the European and the African. In this miscegenation process, ethnic differences seem to have been erased, as the concept of « racial democracy » indicates. Made into a myth of origins of the Brazilian nation in the early twentieth century, it suggests a perfect equality among citizens. However, socio-economic inequalities based on racial differences in access to wealth and power have long escaped to observers. In 2001, this idealized ethnically mixed Brazil is contradicted by the implementation of positives actions in favor of the poor, but also of Blacks and Indians in the allocation of quotas in public institutions, especially universities. Then, what is at stake is the official recognition of the existence of inequality and the reconsideration of the so long asserted ethnic homogeneity of the nation. This article examines the paradox laying under the representations of miscegenation in a society which conveniently erases its differences, and where its members appear as clearly differentiated in public policies and in the social hierarchies according their ethnic origin.
ES:
El mestizaje en Brasil tiene sus raíces en la larga historia de colonización del país. La nación brasileña se formó sobre la base de los matrimonios mixtos entre las tres « primeras matrices » (Ribeiro 1995) amerindias, europeas y africanas, constituyendo un mestizaje en el cual las diferencias étnicas parecen haber sido borradas, tal como lo indica el concepto de « democracia racial ». Transformado en un mito de origen de la nación brasileña en el siglo XX, sugiere una perfecta igualdad entre todos los ciudadanos. Sin embargo, las desigualdades socioeconómicas basadas en las diferencias raciales en el acceso, a la riqueza y al poder, siempre han escapado a los observadores. En 1998, esta sociedad brasileña idealizada, pensando y expresándose como profundamente mestiza, es contestada por la introducción de políticas de discriminación positiva a favor de los más pobres, de los negros y de los indios para la asignación de cuotas en universidades e instituciones públicas. Entonces, lo que está en juego es el reconocimiento oficial de la desigualdad y una relectura de la supuesta homogeneidad nacional. El artículo aquí presentado, propone examinar la paradoja de una sociedad que pretende borrar convenientemente las diferencias internas, pero cuyos miembros sufren una clara diferenciación en las políticas públicas y en las jerarquías sociales en función de su origen étnica.
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La communauté comme sujet et objet du droit : implications pour les Métis du Canada
Natacha Gagné, Claudie Larcher and Sébastien Grammond
pp. 151–174
AbstractFR:
Cet article se base sur les résultats d’une analyse qualitative de contenu menée à partir des transcriptions du procès Hirsekorn qui eut lieu du 4 mai 2009 au 24 juin 2010 devant la Cour provinciale de l’Alberta. L’arrêt Powley de 2003, qui fut la première décision de la Cour suprême portant sur les droits des Métis, sert de référence. En défense, les accusés affirment qu’ils avaient un droit ancestral de chasser protégé par l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Il s’agit donc pour les juges de déterminer l’identité métisse de l’accusé, ainsi que son appartenance à une communauté métisse titulaire de droits. Il s’agit surtout de déterminer l’existence d’une telle communauté. Dans cet article, les auteurs réfléchissent à la « communauté » comme sujet et objet du droit. Ils précisent les contours des définitions qu’en donnent la défense et la Couronne et leurs implications. Cette analyse s’inscrit dans le prolongement de travaux en anthropologie sur la notion de « communauté ».
EN:
This paper is based on the result of a qualitative content analysis of the transcripts of the Hirsekorn trial which took place from May 4, 2009 to June 24, 2010 before the Provincial Court of Alberta. The case was based on the framework established in the Powley case, handed down in 2003, the Supreme Court of Canada’s first decision on Métis rights. In defence, the accused asserted an aboriginal right to hunt protected by section 35 of the Constitution Act, 1982. Hence, the judges had to render a decision on the Métis identity of the accused and his membership in a right-holding Métis community. The main question at issue then becomes the existence of such a community. In this paper, the authors analyze the concept of « community » as a legal category and as a holder of rights. They highlight the various definitions given to that concept by the Crown and the defence, as well as their implications. This analysis follows the path of anthropological work regarding the concept of « community ».
ES:
Este artículo se basa en los resultados de un análisis de contenido cualitativo realizado a partir de las transcripciones del proceso Hirsekorn que se llevó a cabo entre el 4 de mayo de 2009 y el 24 de junio de 2010 ante la corte provincial de Alberta. El fallo jurídico Powley de 2003, que fue la primera decisión de la Suprema corte sobre los derechos de los Mestizos, sirve de referencia. En su defensa, los acusados afirman que tenían un derecho ancestral de caza protegió por el artículo 35 de la Ley constitucional de 1982. Se trata pues que los jueces determinen la identidad mestiza del acusado, así como su membrecía a una comunidad mestiza detentora de tal derecho. En este artículo, los autores reflexionan sobre la « comunidad » en tanto que sujeto y objeto legal. Precisan los contornos de las definiciones que ofrecen los defensores y la Corona y sus implicaciones. Este análisis se inscribe en la prolongación de los trabajos en antropología sobre la noción de « comunidad ».
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Confrontations entre le discours, la situation actuelle et les traditions : la place des femmes métisses du Manitoba sur la scène politique autochtone canadienne
Joanna Seraphim
pp. 175–192
AbstractFR:
Les Métis sont organisés en associations qui défendent leurs intérêts aux niveaux fédéral et provincial. Les discours de ces associations proclament que les sociétés autochtones sont traditionnellement égalitaires et que les femmes sont glorifiées en raison de leur maternité. Les Métisses sont-elles écoutées sur la scène politique autochtone ? Quel est le but de ces discours ? Cette analyse se base sur les concepts d’agencéité, de violence symbolique et de rôle de genre. La recherche se fonde sur un travail de terrain à Winnipeg. Dans ce cadre, nous démontrons que les sociétés autochtones n’étaient pas véritablement égalitaires, car elles attribuaient des rôles de genres bien définis et il n’était pas possible d’en changer. Quant aux discours sur la valorisation des femmes, ils précisent que les mères autochtones sont responsables de leur communauté. Finalement, ces discours constituent un moyen de cacher les discriminations basées sur le genre et de contrôler les femmes sans avoir recours à la force ou l’autorité. Cet article se distingue par sa remise en question du caractère égalitaire des sociétés autochtones.
EN:
Metis are organized in associations which defend their interests at the federal and provincial levels. These associations’ discourses proclaim that the Aboriginal societies are traditionally egalitarian and that women are glorified because of their motherhood. Are the Métis women heard on the Aboriginal political scene, or else what is the goal of these discourses ? This analysis is funded on the concepts of agency, symbolical violence and gender roles. The research is also based on a fieldwork in Winnipeg and interviews submitted to a qualitative content analysis. Through this theoretical and methodological framework, I realize that the Aboriginal societies were not actually egalitarian, because they attributed well defined gender roles and it was not possible to change them. The speech on the valorization of women stipulates that Aboriginal mothers are responsible of their community. Finally, these discourses constitute a way to hide gender-based discriminations and to control women without using either force or authority. This article is questioning the egalitarian character of Aboriginal societies.
ES:
Los Mestizos están organizados en asociaciones que defienden sus intereses al nivel federal y provincial. Los discursos de dichas asociaciones proclaman que las sociedades autóctonas han sido tradicionalmente igualitarias y que las mujeres han sido glorificadas debido a la maternidad. ¿ Se escucha a las Mestizas en la escena política autóctona ? ¿ Cuál es el objetivo de dichos discursos ? Este análisis se basa en los conceptos de agenceidad, violencia simbólica y rol de género. La investigación se basa en un trabajo de campo en Winnipeg. En ese marco, demostramos que las sociedades autóctonas no eran realmente igualitarias, pues atribuían roles de género bien definidos y no era posible modificarlos. En cuanto a los discursos sobre la valoración de las mujeres, se indica que las madres autóctonas son responsables de su comunidad. Finalmente, los discursos constituyen un medio para esconder las discriminaciones basadas en los géneros y controlar a las mujeres sin tener que recurrir a la fuerza o a la autoridad. Este artículo se distingue por su cuestionamiento del carácter igualitario de las sociedades autóctonas.
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Colonisation, acculturation et métissage : les Russes en Iakoutie (Sibérie orientale) du XVIIe au XIXe siècle
Mikhail Bashkirov
pp. 193–209
AbstractFR:
Cet article présente l’histoire et l’émergence des communautés métissées de la Iakoutie du XVIIe au XIXe siècle. Dès l’époque des premiers contacts au XVIIe, les Iakoutes, une population autochtone de la Sibérie, ont subi l’influence économique, sociale et politique des colonisateurs russes. Le métissage entre les Russes et les populations locales a permis l’émergence de communautés métissées dont la culture est distincte de leurs ascendants russes et autochtones. Le processus d’adaptation aux différentes conditions géographiques et naturelles des groupes d’immigrants russes a défini la ligne de développement de ces communautés en Iakoutie. Chaque communauté avait un caractère unique et une identité locale. L’histoire des villages de Amga-Sloboda, Russkoye Ustye et Pokhodsk peut illustrer cette tendance. En général, la population de ces villages porte le nom de russkie starozhilu (« vieux colons russes »), mais en même temps chacune de ces communautés a transformé des éléments de sa culture russe et iakoute et se distingue fortement des autres communautés voisines.
EN:
The present article recounts the emergence of Métis communities in Sakha (Yakutia) from the 17th to the 19th century. From the time of first contact in the 17th century, the Yakut people – the population native to Siberia – have been subjected to the economic, social and political impact of relations with the Russian colonizers. Contact between the Russian settlers and the local population led to the emergence of Métis communities whose culture is distinct from that of both their Russian and native ancestors. The process of adaptation by the Russian settlers to the varying geographic and environmental conditions determined the course of development within the individual communities in Yakutia. As a result, each community has seen the development of its own character and local identity. The histories of the villages Amga-Sloboda, Russkoye Ustye and Pokhodsk are representative of this tendency. In general, the inhabitants of these villages were known as russkie starozhilu (Russian old settlers). At the same time, however, each has transformed the Russian and Yakut elements of their native culture to distinguish themselves sharply from their neighboring communities.
ES:
En este artículo, se presenta la historia y el surgimiento de las comunidades de Yakutia del siglo XVII al siglo XIX. Desde la época de los primeros contactos en el siglo XIX, los Iakutes, población aborigen de Siberia, fueron influenciados económicamente, socialmente y políticamente por los colonizadores rusos. El mestizaje entre los rusos y las poblaciones locales permitió el surgimiento de comunidades mixtas cuya cultura es diferente de las culturas rusas y aborígenes. El proceso de adaptación a diferentes condiciones geográficas y naturales de los grupos de inmigrantes rusos definió la línea de desarrollo de estas comunidades en Yakutia. Cada comunidad tiene un carácter único y una identidad local. La historia de los pueblos Amga-Sloboda, Rússkoie Ustye, Pokhodsk puede ilustrar esta tendencia. En general, la población de estas aldeas se llama starozhilu Russkie (Colonos rusos viejos) pero al mismo tiempo cada una de estas comunidades ha transformado elementos de su cultura Rusa y Yakut y difiere significativamente de otras comunidades vecinas.
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L’identité des métis belges : entre post-colonisation africaine et globalisation européenne (note de recherche)
Dana Hennes
pp. 211–227
AbstractFR:
Cette note de recherche s’intéresse aux caractéristiques principales marquant le parcours identitaire varié des métis d’origine africaine vivant en Belgique ainsi que les obstacles qui entravent leur processus d’identification dans la société belge. L’analyse d’une quinzaine d’entrevues menées avec des métis mettra en évidence les forces du métissage qui ont été développées de manière stratégique en réponse à un environnement socio-médiatique peu favorable à l’acceptation et à la représentation de leur identité mixte. Face à une non existence symbolique dans la société belge, les métis témoignent d’une capacité remarquable d’adaptation sociale, ainsi que d’un certain devoir d’intermédiation culturelle et d’engagement social. Une réflexion sur la persistance de la stigmatisation phénotypique, hérédité du passé colonial belge (1908-1960), sera ensuite proposée, qui mettra en avant la construction identitaire des métis à travers les jugements et représentations de l’Autre. Enfin, l’auteure discute les forces du métissage belgo-congolais contemporain dans le contexte de la globalisation vis-à-vis du dualisme d’hétérogénéité et d’homogénéité.
EN:
This research note focusses on the main characteristics that influence the various metis identities in Belgium and stresses out the different barriers that impede the identification process within the Belgian society. Based on the transcription of several interviews with metis, the analysis points out the strengths that these metis have developed strategically in response to a rather unfavourable socio-media environment, which tends to hinder their representation and acceptation. Facing a symbolic non-existence in the Belgian society, the metis show a strong social adaptation capacity as well a certain duty to cultural intermediation and social commitment. Further on, the persistence of the phenotypic stigmatisation that was established during the Belgian colonial era (1908-1960) will be put into question, in order to highlight the metis’ identity construction through the judgements and representations of the others. Finally, the future of the Belgian-Congolese metis will be discussed with regards to their adaption and integration abilities in a context of syncretism and globalisation, facing the dualism of heterogeneity and homogeneity.
ES:
Esta nota de investigación aborda las características principales que marcan la trayectoria identitaria variada de los mestizos de origen africano que viven en Bélgica, así como los obstáculos que ponen trabas a los procesos de identificación en la sociedad belga. El análisis de una quincena de entrevistas realizadas con mestizos evidenciará las fuerzas del mestizaje que se han desarrollado de manera estratégica como respuesta a un entorno socio-mediático poco favorable a la aceptación y a la representación de su identidad mixta. Ante su inexistencia simbólica en la sociedad belga, los mestizos muestran una notable adaptación social, así como un cierto deber de intermediación cultural y de compromiso social. Una reflexión sobre la persistencia de la estigmatización fenotípica, heredada del pasado colonial belga (1908-1960) se realizará, con el fin de mostrar la construcción identitaria de los mestizos a través de los juicios y las representación del Otro. Finalmente, la autora discute las fuerzas del mestizaje belga-congolés contemporáneo en el contexto de la globalización ante el dualismo de la heterogeneidad y la homogeneidad.
Hors-thème / Off Theme / Al margen
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Métissages : étude comparative des systèmes de classification sociale et politique
Montserrat Ventura i Oller, Alexandre Surrallés, Maite Ojeda Mata, Josep Lluis Mateo Dieste, Mònica Martínez Mauri, Sabine Kradolfer, Pablo Domínguez, Alexandre Coello, Montserrat Clua i Fainé, Alice van den Bogaert and Verena Stolcke
pp. 229–246
AbstractFR:
Dans cet article, nous montrons que si les populations humaines se sont toujours déplacées et mélangées, les transgressions des frontières socioculturelles n’ont pas nécessairement engendré de nouvelles catégories relevant du mélange. Nous expliquons comment l’apparition (ou non) de ces dernières est liée aux structures sociopolitiques, aux ontologies, aux conceptions de la parenté et de la procréation propres aux différents groupes humains, en partant du processus historico-politique qui a donné origine à la catégorie hispano-américaine du mestizo. Outre l’étude de la société hispano-américaine coloniale, nous examinons les cas de la République d’Argentine, de trois sociétés indiennes d’Amérique latine (Kuna, Tsachila et Candoshi), du nationalisme catalan vis-à-vis des migrants internes espagnols, de la société Chamorra des Îles Mariannes, des habitants des oasis du sud du Maroc et de la société de castes du Nord de l’Inde. Notre objectif est d’identifier dans quelles circonstances les catégories « mixtes » sont politiquement inacceptables ou logiquement inconcevables. Ce faisant, le texte révèle aussi que, si la catégorie de métis n’est pas naturelle, sa naturalisation n’est pas non plus universelle.
EN:
In this article we will argue that although humans always migrated and mated, transgressions of socio-cultural group boundaries not necessarily engendered new categories of classification for mixed offspring. We will show, instead, that the presence or absence of mixed categories depends on the socio-political circumstances, ontologies, systems of kinship and reproduction that distinguish human groups that enter into contact, beginning with the example of how and why the Hispanic-American category of mestizo was introduced. The empirical background of this thesis is the comparative historical and/or ethnographic study of Colonial Hispano-American Society, of the Argentine Republic, of three Latin-American indigenous societies (Kuna, Tsachila and Candoshi), Catalan nationalism vis-à-vis Spanish immigrants, the Chamorro on the Mariana Islands, the inhabitants of Southern Moroccan Oasis, and the cast society in the north of India. The aim is to uncover the conditions under which « mixed » social categories are either politically inappropriate or logically unconceivable. The article will thus, furthermore, show that a category of « mixed » people is neither natural nor that its naturalization is, therefore, universal.
ES:
En este artículo mostramos que aunque las poblaciones humanas siempre se han desplazado y mezclado, las transgresiones de las fronteras socioculturales no han engendrado necesariamente nuevas categorías relacionadas con la mezcla. Explicamos cómo la aparición (o no) de estas últimas está relacionada con las estructuras sociopolíticas, las ontologías, las concepciones del parentesco y de la procreación propias de los diferentes grupos humanos, partiendo del proceso histórico-político que dio origen a la categoría hispano-americana del mestizo. Además del estudio de la sociedad hispano-americana colonial, examinamos los casos de la República Argentina, de tres sociedades indígenas de América Latina (Kuna, Tsachila y Candoshi), del nacionalismo catalán respecto de los migrantes internos españoles, de la sociedad Chamorra de las Islas Marianas, de los habitantes de los Oasis del sur de Marruecos y de la sociedad de castas del Norte de la India. Nuestro objetivo es identificar en qué circunstanciases las categorías « mixtas » son políticamente inaceptables o lógicamente inconcebibles. Así, el texto revela también que, si la categoría de mestizo no es natural, su naturalización tampoco es universal.
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Les hommes qui partent et ceux qui restent : migration et masculinité au Mexique et aux Philippines (note de recherche)
Asuncion Fresnoza-Flot and Anna Perraudin
pp. 247–264
AbstractFR:
La migration rurale-urbaine au Mexique et la migration internationale féminisée depuis les Philippines suscitent une reconfiguration des rôles genrés dans la famille : dans les deux cas, les femmes acquièrent une autonomie financière qui accentue la déstabilisation des rôles masculins auxquels se référaient leurs conjoints. En croisant les données de deux études portant sur les mouvements migratoires au Mexique et aux Philippines, cette note de recherche montre que les hommes mexicains et philippins adoptent des stratégies similaires afin de revaloriser leur place dans leur famille et dans leur société : gagner de l’argent en travaillant (en émigrant aux États-Unis ou en restant aux Philippines, respectivement), obtenir le soutien de leur épouse, et remplir leur rôle de père. Examiner cet effet sous-étudié de la migration des femmes sur l’identité masculine est important pour une compréhension globale des conséquences de la migration sur la famille.
EN:
The rural-urban migration in Mexico and the international feminized migration from the Philippines result in a reconfiguration of gendered roles in the family : in both cases, women acquire financial autonomy, which emphasizes the destabilization of masculine roles their partners refer to. Crossing data from two studies of migratory movements in Mexico and the Philippines, this research note shows that Mexican and Filipino men adopt similar strategies to revalorize their place in their family and society : earning money through work (by migrating to the United States or staying the Philippines, respectively), obtaining the support of their wife, and fulfilling their father role. Examining this understudied effect of women’s migration on masculine identity is important in order to get a global comprehension of the consequences of migration on the family.
ES:
La migración rural-urbana en México y la migración internacional feminizada desde las Filipinas generan una reconfiguración de los roles de género en las familias. En ambos casos, las mujeres logran una autonomía a nivel económico que contribuye a desestabilizar los papeles masculinos que sirven de referencia a sus esposos. Cruzando los datos de dos estudios sobre las migraciones en México y en Filipinas, este artículo muestra que los hombres mexicanos y filipinos adoptan estrategias similares para revalorizar su posición en sus familias y en sus sociedades de origen : ganar dinero con su trabajo, obtener el apoyo de sus esposas y cumplir con su papel de padres. El análisis de esta consecuencia poco estudiada de la migración de las mujeres sobre la construcción de las identidades masculinas, resulta esencial para un entendimiento del impacto global que genera la migración sobre las familias.
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Survivre dans un camp de réfugiés : entre réel et symbolique (note de recherche)
Roxane Caron and Dominique Damant
pp. 265–284
AbstractFR:
S’appuyant sur les résultats d’une recherche qualitative portant sur l’expérience d’exil de Palestiniennes vivant dans un camp de réfugiés au Liban, cette note de recherche propose une réflexion sur le sens que donnent ces femmes à leur vie en camp, et ce, malgré les guerres et l’exil prolongé. À travers les récits de vie de 42 Palestiniennes, on observe que les femmes et leur famille vivent dans un « camp réel », un espace qu’elles décrivent comme insalubre, instable et non sécuritaire. Or, la vie dans ce camp est tellement précaire et difficile que, pour « tenir bon », les femmes s’accrochent à un « camp symbolique », un camp porteur de mémoire, de souvenirs, de relations, de liens et de rêves. On verra que c’est d’ailleurs parce qu’il y a ce camp symbolique que le camp prend un sens, que la vie dans le camp peut être tolérée.
EN:
Based on the results of a qualitative research on the experience of exile of Palestinian women living in a refugee camp in Lebanon, this research note presents a reflection on the meaning that these women give to their lives in the camp despite the wars and prolonged exile that put them at risk. Through the life stories of 42 Palestinian women, this text shows that women and their families live in a « real camp », a space they describe as unsanitary, unstable and unsafe. But life in the camp is so precarious and difficult that to « stand firm » women cling to a « symbolic camp », a camp filled with memories, souvenirs, relationships and dreams. And it’s because this « symbolic camp » exists that life in the camp makes sense, that life in the camp is tolerable.
ES:
Esta nota se basa en los resultados de una investigación cualitativa sobre la experiencia del exilio de palestinas que viven en un campamento de refugiados en Líbano, y propone una reflexión sobre el significado que esas mujeres otorgan a su vida en el campamento, a pesar del exilio prolongado y de las guerras. A través de la historia de vida de 42 de palestinas, observamos que las mujeres y su familia viven en un « campamento real », un espacio que ellas describen como insalubre y peligroso. Ahora bien, la vida en el campamento es tan precaria y difícil que para « soportarla », las mujeres se aferran a un « campamento simbólico », un campamento dotado de memoria, de recuerdos, de relaciones y de sueños. Veremos que es precisamente gracias a la existencia de un campamento simbólico que el campamento adquiere significado y que la vida puede ser tolerada en el campamento.