VertigO
La revue électronique en sciences de l’environnement
Volume 12, numéro 2, septembre 2012 Natures et Métropoles Sous la direction de Antonio da Cunha, Michèle Dagenais, Philippe Deboudt, Carlos Vainer et Éric Duchemin
Sommaire (24 articles)
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Évolution de la place du végétal dans la ville, de l’espace vert a la trame verte
Lotfi Mehdi, Christiane Weber, Francesca Di Pietro et Wissal Selmi
RésuméFR :
La place attribuée aux espaces verts par les politiques urbaines depuis le XIXe siècle en France a connu plusieurs phases. Selon les tendances urbanistiques adoptées, trois périodes principales peuvent être identifiées : il s’agit de l’ère de l’urbanisme fonctionnaliste, de celle de l’urbanisme durable et enfin l’émergence de l’urbanisme écologique. Tout au long de ces périodes, de nouvelles pratiques de gestion et différentes typologies d’espaces verts sont apparues. Les espaces végétalisés urbains ont ainsi évolué par rapport à un « gradient de naturalité », allant des jardins privés à forte valeur ornementale à la trame verte urbaine multifonctionnelle. De nos jours, les études menées sur « la nature » en ville se structurent en fonction de deux orientations principales : (i) l’évaluation des services écosystémiques rendus par la biodiversité et (ii) la mise en connectivité des habitats particuliers. L’objectif de cet article est de proposer une synthèse de l’évolution de la place du végétal en ville à la fois dans les diverses théories urbanistiques et dans les pratiques urbanistiques.
EN :
Since the XIX century, the role of green space in French urban policies underwent significant changes. Regarding the objectives of planning, we can identify three periods in which new management practices and many novel typologies of green spaces appeared: functionalist urban planning, sustainable urban planning and ecological urban planning. Therefore, the evolution of urban green spaces was based on “aturalness gradient”: from private garden with a high aesthetic level to multipurpose urban greenways. Nowadays, studies that focus on “ature”in the city are based on tow principles: (i) the evaluation of ecosystem services and (ii) the connectivity of particular habitats. The aim of this paper is to trace the historic evolution of the role of green areas in cities with reference to the diverse theories and practices of urban planning.
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Habitabilité et nature urbaines : vers un outil d’évaluation des projets urbains : exemple de la métropole lyonnaise
Muriel Delabarre et Solène Marry
RésuméFR :
L’objet de cet article — dont le terrain d’analyse s’inscrit dans la métropole lyonnaise en se focalisant plus spécifiquement sur les jardins aquatiques du projet urbain de La Confluence — a trait à la question d’habitabilité urbaine. Nous apportons un questionnement sur les indicateurs évaluatifs de nature en ville et tentons de déterminer une grille d’évaluation des projets urbains. Toute la complexité d’une démarche évaluative réside dans les critères de choix des indicateurs, notamment lorsque l’objet d’étude se révèle mouvant spatialement et temporellement.
EN :
The ground of analysis of this article is the metropolis of Lyon and more specifically aquatic urban gardens of The Confluence project. This article concerns the question of urban habitability. We will wonder on the evaluative indicators in urban nature and try to determine an assessment grid of the urban projects. All the complexity of an evaluative approach lies in the criteria of choice of indicators, in particular when the object of study shows itself unstable spatially and temporarily.
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L’agriculture urbaine dans les quartiers défavorisés de la métropole New-Yorkaise : la justice alimentaire à l'épreuve de la justice sociale
Flaminia Paddeu
RésuméFR :
La notion de justice alimentaire irrigue les discours des tenants du food movement aux États-Unis. Elle se traduit par l’essor de l agriculture urbaine dans les grandes métropoles américaines. Loin de se cantonner à son statut de mouvement de classes moyennes blanches préoccupées par leur bien-être alimentaire, la justice alimentaire cherche à favoriser la sécurité alimentaire des populations pauvres et des minorités ethniques des quartiers défavorisés. Elle introduit dès lors des enjeux de justice sociale dans les enjeux alimentaires des métropoles. Le cas d’étude de la ville de New York, et notamment du quartier de Hunts Point dans le South Bronx, permet de rendre compte des pratiques contemporaines locales de justice alimentaire et de souligner leurs apports théoriques, notamment à partir des concepts dont le mouvement s’inspire : justice sociale, justice spatiale et justice environnementale.
EN :
In the United States, the idea of Food Justice is more and more a part of the Food Movement narrative. Food Justice is expressed by the development of urban agriculture in large American metropolises. Not only a white, foodie and middle-class movement, Food Justice seeks to increase food security in low-income communities and communities of color. It brings social justice matters in metropolitan food issues. New York City case study, particularly focusing on Hunts Point (South Bronx), allows us to portray today's Food Justice practices at a local scale and to insist on their theoretical contributions drawn from inspiring concepts, such as social justice, spatial justice and environmental justice.
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Des inégalités garantes de la protection des Calanques ? Un parc national dans l’agglomération marseillaise
Valérie Deldrève et Arlette Hérat
RésuméFR :
Le futur Parc national des calanques, aux portes d’une agglomération de près de deux millions d’habitants, est porteur de nombreux enjeux liés à la proximité de la ville. Ceux-ci sont mis en débat dans des arènes instituées par le GIP, et dans celles plus spontanées qu’animent des collectifs de résidents — usagers locaux, dont les pratiques et la nécessaire implication sont reconnues par la nouvelle loi sur les parcs (2006). L’objectif de notre article est de montrer comment au nom de la protection de la nature sont finalement renforcées des formes plurielles d’inégalités environnementales. Ni la dimension périurbaine du parc national, ni sa mission d’accueil n’ont permis de faire valoir des préoccupations en termes d’égalité d’accès ou d’ouverture au public. L’occultation de cette périurbanité, voire son assimilation à ses seuls impacts négatifs sur le milieu naturel (sur ou mal-fréquentation, pollutions), ainsi que la délégitimation des usages du plus grand nombre (« non-traditionnels » et « moins méritants ») l’explique en grande partie. Afin de compléter notre réponse et de mieux mettre en exergue l’articulation entre ville et nature dans le projet de parc, nous focalisons ensuite sur l’exemple du quartier de la Cayolle, porte d’accès viaire de la calanque habitée de Sormiou (cabanons). Les interactions entre politique de préservation et stratégie de requalification urbaine y sont patentes. Mais l’évitement des questions qu’elles posent en termes d’inégalités n’a pas permis au parc en constitution d’être un catalyseur de développement social pour le quartier.
EN :
The future National park of creeks, near an urban area of about two million inhabitants, is cause for numerous stakes connected to the nearness of the city. These issues are discussed in both arenas established by the Public Interest Grouping , and in those more spontaneous leaded by action groups of residents - local users, which practices and their necessary implication are recognized by the new law on parks (on 2006). Our aim is to show how the plural forms of environmental inequalities are linked to the development of claims in terms of nature conservancy. Neither the national park peri-urban dimension, nor its welcoming task allowed expression of concerns about access equality or the opening of these areas to the public. The shadowing of this peri-urban phenomena and even its assimilation to its only negative impact on the environment (too many visitors or damaging behaviour, pollutions), explain it largely, as well as the legitimation absence of the largest number of users ("non-traditional" and " worthless "). In order to complete our answer and to better highlight the articulation between city and nature in the park project, we focus then on the special case of “La Cayolle” district, recognized as the gateway of the inhabited “Sormiou creek” (cottages). The interactions between preservation policy and urban requalification strategy are visible. However, the questions in terms of equalities were avoided. This did not allow to the park to be a social development catalyst for the district.
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Les espaces verts urbains : étude exploratoire des pratiques et du ressenti des usagers
Nathalie Long et Brice Tonini
RésuméFR :
De nos jours la végétation, par opposition au minéral, occupe une place importante dans le tissu urbain des villes occidentales. Elle est de plus en plus désirée par les urbains pour leur permettre de supporter la ville, de l’accepter dans leurs pratiques et usages quotidiens. Les espaces verts sont des lieux de détente et de récréation, prisés par les citadins (Emelianoff, 2007; Da Cunha, 2009). Les apports de la végétation sont indéniables : elle est une source de bien-être et de plaisir, et son pouvoir apaisant contribue à la réduction de certains maux urbains comme la pollution de l’eau et de l’air ou l’îlot de chaleur urbain. (Akbari, 2002; Nowak et al., 2006; Matusoka et al., 2008). Si 7 Français sur 10 choisissent aujourd’hui leur lieu de vie en fonction de la présence d’espace vert à proximité de leur habitation (UNEP, 2008), les raisons de cet engouement sont diverses : relaxation, rencontre des autres habitants ou pratique d’un sport ou d’une activité récréative (Sanesi et al., 2006). D’après une enquête menée sur les pratiques et le ressenti de visiteurs de trois parcs urbains nantais et auprès d’habitants d’un quartier durable d’Angers, il en ressort une volonté réelle des usagers de faire une coupure avec la ville, de se retrouver dans un endroit calme ou de pratiquer une activité. L’ambiance du parc (entretenu/sauvage) ne semble pas avoir d’influence sur le ressenti des usagers. Ces résultats permettent de cerner les demandes de nature pour pouvoir mieux y répondre lors de futurs aménagements urbains.
EN :
Nowadays, vegetation takes large place in the urban fabric of the occidental cities. Natural spaces are wanted by the urban population to support the city and accept it (Emelianoff, 2007; Da Cunha, 2009). The vegetation contribution is undeniable: vegetation generates calm, well-being, a quality of living environment and contributes to reduce several urban problems like air pollution, water pollution, urban heat island,… (Akbari, 2002; Nowak et al., 2006; Matusoka et Kaplan, 2008). If seven out of ten french people opt for a dwelling near an urban park (UNEP, 2008), several reasons explain this wish : relaxation, meeting, recreation or sport activities, … (Sanesi et Chiarello, 2006). From a survey about feeling and practice of users, realized in three urban parks of Nantes and in a sustainable district of Angers, the users want to be separated from the city, to stay in a quiet space or to practice a recreation activity which varies according to age. The park atmosphere (well-kept garden or wild nature) has not a direct influence on the users feeling. These results precise which vegetation is desired in the city to improve the next urban planning.
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« Marchands de nature » : 20 ans de communication institutionnelle dans la métropole lyonnaise de 1989 à 2009
Inès Méliani et Paul Arnould
RésuméFR :
Dans le débat sur « quelle place pour la nature dans les métropoles? », l’agglomération lyonnaise constitue un cas exemplaire. Dans le jeu concurrentiel qui l’oppose aux autres grandes métropoles européennes, les discours promotionnels véhiculés par les services de communication utilisent la nature comme une ressource au service de l’urbanisme et de l’aménagement pour donner l’image d’une métropole verte. La réflexion proposée repose sur l’analyse lexicométrique d’articles issus de la presse institutionnelle lyonnaise de 1989 à 2009. Une approche diachronique interroge le recours à la nature sous les mandats successifs de Michel Noir, Raymond Barre et Gérard Collomb. Une utilisation des techniques de traitement de données quantitatives et qualitatives contextualise et donne du sens aux contenus de ces articles. Le dépouillement de l’intégralité des journaux couvrant la période d’étude porte sur 441 articles. Les résultats montrent l’ambivalence de la thématique nature en milieu urbain. Au début des années 1990, la métropole lyonnaise met en place les modalités d’action et les outils de sa politique environnementale. Vingt ans plus tard, l’artificialisation des sols gagne pourtant toujours du terrain au détriment des espaces de nature. Entre actions concrètes et durables, nous postulons que la nature est de plus en plus instrumentalisée, c’est-à-dire utilisée de manière détournée à des fins de marketing territorial. La mobilisation des objets de nature mêle des références philosophiques, des préoccupations sociales, des objectifs écologiques et des aspects marchands. La nature des uns n’est pas forcément celle des autres.
EN :
In the current debate “how the major cities attach importance to the notion of the nature?”, the metropolis of Lyon constitutes an exemplary case. In the competitive climate in which Lyon is compared to the other big European metropolises, promotional speeches carrying by communications groups exploit the nature issue. The following reflection is based on a lexicometric analysis of the Lyons institutional press dated from 1989 to 2009. A diachronic approach question the use of the nature issue under the successive mandates of Michel Noir, Raymond Barre and Gerard Collomb. A use of techniques in quantitative and qualitative data treatment puts in context and gives sense to the content of these articles. The analysis of all the newspapers covering the study period is about 441 articles. The results show the ambivalence of the nature issue in urban environment. In the beginning of 1990’s, the metropolis of Lyons introduces the methods of action and the resources of his environmental policy. Twenty years later, the improvement of the soil gains ground to the detriment of natural area. Between concrete, long-lasting action and territorial marketing, we postulate the nature issue as a more and more exploited notion. The mobilization of nature objects combines philosophic references, social preoccupations, ecological goals and commercial aspects. The nature is not necessarily the same from each other.
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Extension urbaine et protection naturelle. La difficile expérience d’Abidjan
Raphaël Kouadio Oura
RésuméFR :
Les métropoles, dans une dynamique spatiale accélérée, engendrent des effets néfastes sur la nature, comme c’est le cas d’Abidjan. Cette métropole africaine s’individualise par son urbanisation accélérée, hébergeant plus de trois millions de citadins. Pourtant, depuis son érection en capitale ivoirienne, les planificateurs ont prévu son développement. Pour ne pas mettre en péril la biodiversité face à la croissance économique, l’État adopta une politique au service de l’écosystème urbain avec la création d’un parc national à l’intérieur d’Abidjan et d’une forêt classée (Anguédédou) à la périphérie nord de la ville. Mais au-delà des retombées économiques, que de difficultés de gestion du croît démographique! Au niveau économique, l’activité informelle se développe dans l’anarchie. Les gouvernements tentent vainement de les réorganiser et les impacts environnementaux sont significatifs. Le développement des activités économiques en bordure des voies routières rend difficiles les tentatives de verdissement de la ville. À cela s’ajoute la réduction significative des espaces naturels au profit de l’immobilier. Abidjan s’étale pour répondre à la forte demande de logement des citadins quand l’agriculture périurbaine s’hypothèque continuellement. La dégradation du patrimoine naturel d’Abidjan est tellement préoccupante que les impacts de la pression démographique s’étendent aux aires protégées. Pour la pratique agricole, certaines populations ont infiltré ces dernières années la forêt classée d’Anguédédou et s’y sont même établies. La menace d’extinction de la forêt primaire de la périphérie abidjanaise est réelle alors que les mesures de lutte contre la dégradation de l’environnement urbain ne semblent pas prendre en compte le problème de l’étalement de la métropole.
EN :
Cities, facing accelerated spatial dynamics, generate adverse effectson nature as is the case of Abidjan. This African metropolis iswell-known for its rapid urbanization- with more than three millionpeople living there. Yet, since it has been designated as the Ivoriancapital city, its development has been planned. So as not to jeopardizebiodiversity as regards economic growth, the government adopted apolicy to serve the urban ecosystem by creating a national park withinAbidjan and a reserved forest (Anguededou ) on the northern outskirtsof the city. But beyond the economic benefits, there stand problems dueto the management of population growth. At the economic level, informalactivities develop in a chaotic way. Governments try in vain toreorganize them and environmental impacts are significant. Thedevelopment of economic activities along roadways makes it difficult toreach green city objectives. There is also a significant reduction ofnatural areas for the benefit of housing. Abidjan spreads to meet thehigh demand for housing of urban people when suburban agriculture iscontinually threatened. The degradation of Abidjan natural heritage isso worrying that the impacts of population pressure extend to protectedareas. For agricultural practice, some populations infiltrated theclassified forest of Anguededou a few years ago and even settled there.The threat of the primary forest’s extinction of Abidjanoutskirts is real while the measures against the deterioration of theurban environment do not seem to consider the problem of city spread.
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Le jardin individuel au coeur des enjeux fonciers et écologiques dans une métropole régionale : le cas de Tours en France
Pascal Oillic, Jean Louis Yengué et Alain Génin
RésuméFR :
Le travail présenté est une tentative pour saisir l’évolution de la place des espaces verts et la structuration des grandes villes qu’ils induisent à travers le sol, compris ici à la fois dans son horizontalité, composante foncière, et dans sa verticalité, entité vivante. Le sol est de fait le support des espaces verts, enjeu foncier de premier ordre, mais aussi investissement social et écologique. Le travail porte sur une métropole moyenne de rayonnement régional, Tours, caractérisée comme ville verte et plus précisément sur Saint-Cyr-sur-Loire, commune de l’agglomération, banlieue verte et aisée, riche en espaces verts avant tout de types privés. Fondée sur des entretiens menés auprès d’associations, d’habitants et de représentants de la municipalité, la recherche fait ressortir que le jardin individuel est le médiateur entre le sol, l’usager et la municipalité. Les pratiques spatiales des habitants dans les jardins sont au coeur de leur relation au sol comme entité vivante. Les représentations de la nature qui les motivent sont majoritairement celles d’un espace d’agrément dans lequel le sol est perçu comme une contrainte engendrant des stratégies d’adaptation variées.
EN :
This work is an attempt to capture the changing role of green spaces and structure of cities they lead through the soil, taken here in both its horizontal, land component, and in its verticality, living entity. The soil is the support for parks, a major land tenure issue, but also a social and environmental investment. The study focuses on an average size town, Tours, characterized as a green city and more precisely on Saint-Cyr-sur-Loire, a leafy and wealthy suburb, filled with green spaces, most of them privately owned. Based on interviews with associations, residents and city officials, this research shows that individual gardens are the mediators between soil, users and municipality. The spatial practices of residents in the gardens are at the heart of their relationship to the soil as a living entity. Representations of nature that motivate them are mostly that of a recreational area where the soil is seen as a constraint leading to a variety of adapted strategies.
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La gouvernance urbaine en question : le cas des lieux de nature cultivée : une lecture de la situation rennaise
Paula Nahmias et Emmanuelle Hellier
RésuméFR :
Phénomène géoéconomique puissant, la métropolisation transforme également les conditions et les modes de la gouvernance aux différentes échelles, notamment locales : concurrence interurbaine pour l’attraction des personnes et des activités, hybridation des modes d’intervention public-privé, montée en puissance des revendications d’une société civile de mieux en mieux organisée. Les lieux de nature cultivée dans la ville sont traversés par ces mutations de la gouvernance. L’article vise ainsi à montrer que le caractère multifonctionnel de ces lieux de nature (bien écologique, ressource alimentaire, creuset d’interactions sociales et d’attachement individuel) en fait des « espaces enjeux » pour les acteurs de l’aménagement urbain. En effet, les objectifs des institutions urbaines et la manifestation des demandes habitantes y entrent en tension, car ils ne relèvent pas des mêmes points de vue sur les espaces vécus et pratiqués. À partir de l’exemple de l’agglomération de Rennes, dans l’ouest de la France, on peut ainsi questionner la capacité des institutions urbaines à assurer une démocratie locale à partir de la participation habitante, et à intégrer véritablement toutes les formes d’activités productives dans une même vision métropolitaine.
EN :
Metropolitan growth is a powerful geographical-economic phenomenon that transforms both conditions and forms of governance at different scales, especially local scales: inter-urban competition for the attraction of people and activities, importance of public-private action, rise of the claims from organized civil society. Places of cultivated nature in the city are crossed by these mutations of governance. The article aims to show that the multifunctional character of these places of nature (ecological health, food resource, hub of social interactions and individual attachment) produces some “spaces issues” for those involved in urban planning. Indeed, objectives of urban institutions come into tension with the expression of the demands of inhabitants, because there are different views about the lived and practiced spaces. From the example of the city of Rennes, in western France, we can question the ability of urban institutions to provide local democracy from residents participation, and to effectively integrate all forms of productive activities in a shared metropolitan project.
ES :
El poderoso fenómeno geoeconómico de la metropolización transforma también las condiciones y los modelos de gobernanza a diferentes escalas, en particular a nivel local: competencia interurbana por la atracción de personas y de actividades, hibridación de los modelos de intervención público-privado y un poder creciente en las reivindicaciones de la sociedad civil que se encuentra cada vez mejor organizada. Los espacios naturales cultivados en la ciudad son afectados por estas mutaciones de la gobernanza. El artículo muestra que el carácter multifuncional de estos espacios naturales cultivados (bien ecológico, recurso alimentario, fuente de interacciones sociales y de apego individual), constituyen «espacios estratégicos» para los actores de la planificación urbana. Los objetivos de las instituciones urbanas y las demandas de los habitantes entran en tensión, porque corresponden a puntos de vista diferentes en cuanto a las experiencias y a los usos de estos espacios. A partir del ejemplo de la aglomeración de Rennes en la zona oeste de Francia, se pretende cuestionar la capacidad de las instituciones urbanas para asegurar la democracia local a partir de la participación de los habitantes e integrar verdaderamente todos los espacios naturales cultivados en una misma visión metropolitana.
Section courante
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Vers une définition multidimensionnelle du risque
Céline Kermisch
RésuméFR :
Le statut du risque se révèle intrinsèquement ambigu, tant au niveau ontologique qu'au niveau épistémologique. L’objectif de cette contribution consiste à le clarifier, à travers une analyse des diverses conceptions du risque véhiculées par la littérature. Plus précisément, l’examen des conceptions réalistes et représentationnelles du risque conduit à privilégier ces dernières. Nous montrons que les différentes conceptions représentationnelles – quantitative et constructiviste – gagnent à être envisagées dans leur complémentarité. Pour en rendre compte, nous proposons l’adoption d’une définition multidimensionnelle du risque fondée sur deux composantes, l’une quantitative, l’autre qualitative. Cette définition du risque est ouverte et contextuelle, capable de prendre en compte la complexité et la spécificité de chaque type de risque dans le contexte où il se développe. L’intérêt d’une telle définition réside dans la réhabilitation des valeurs et des critères qualitatifs dans un cadre d’analyse plus global, qui rend justice au pluralisme social, dont une gestion éthique du risque ne peut plus faire l’économie.
EN :
The status of risk is intrinsically ambiguous and difficult to grasp both ontologically and epistemologically. The purpose of this paper is to clarify it through an analysis of the various conceptions of risk found in the literature. More precisely, the study of the realistic and the representational conceptions of risk leads to favour the representational ones. We show that the different representational conceptions – quantitative and constructivist – should be conceived as being complementary. We translate this complementarity by supporting a multidimensional definition of risk based on a quantitative component as well as on a qualitative one. This definition is open and contextual, in order to take into account the complexity and the specificity of each kind of risk in its context. Such a definition is helpful insofar as it restores the role of values and of qualitative criteria in a more global framework, which takes social pluralism into account and thereby helps ensuring an ethical risk management.
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Le concept de résilience à l’épreuve du génie urbain
Bruno Barroca, Damien Serre et Diab Youssef
RésuméFR :
Chaque événement naturel appliqué sur des territoires urbains révèle la limite des stratégies actuelles de gestion des risques et montre l’importance prépondérante des réseaux techniques dans la gestion de la crise et de l’après-crise. Le génie urbain permet d’analyser, par une approche transversale, d’une part l’analyse des contraintes techniques qui amènent à la conception et à la gestion des réseaux, d’autre part l’inscription de ces réseaux dans les territoires et dans les usages. Ainsi, le réseau dépasse l’unique objet dédié au fonctionnement urbain et s’insère dans un ensemble d’éléments en relation dont le fonctionnement s’apparente à un système technique. Pour comprendre et analyser les risques urbains, de type naturel ou technologique, appliqués à des systèmes techniques, le concept de résilience permet de dépasser les ambitions de fiabilisation souvent sectorielles des réseaux techniques. La résilience est un concept récent dans les sciences du territoire. Ce concept s’applique généralement à des systèmes et aborde le risque par l’adaptation des enjeux, l’absorption de l’aléa, la récupération du territoire après la crise. Pour aborder la résilience, le génie urbain doit redéfinir sa façon d’aborder la relation entre le risque et les systèmes techniques et se doter d’un référentiel.
Cet article présente un modèle conceptuel de résilience pour les systèmes techniques qui repose sur l’identification de trois types de résilience complémentaires. La résilience fonctionnelle représente la capacité d’un système technique à se préserver de dommages importants tout en assurant au minimum le service nécessaire aux infrastructures critiques. Par la résilience fonctionnelle, les systèmes techniques cherchent de manière intrinsèque à augmenter leur propre résilience. La résilience corrélative caractérise la relation entre la demande de service et la capacité du système technique à y répondre. Diminuer la sollicitation faite à un système peut permettre de le maintenir en fonctionnement et de le protéger afin qu’il se rétablisse plus rapidement. Il s’agit d’adapter la demande à la capacité des systèmes techniques. Au-delà de la crise et de sa gestion, le retour à une situation « viable » est aussi un élément d’appréciation de la résilience. Des relations de solidarité entre les systèmes techniques et d’autres territoires peuvent aussi constituer un facteur de résilience des systèmes techniques. La résilience territoriale exprime cette capacité à mobiliser un territoire bien au-delà de l’espace impacté.
EN :
Every natural event impacting urban territories reveals the limits of present risk management strategies and shows the prominent role played by technical networks in crisis and post-crisis management. By means of a transversal approach, urban engineering can be used for analysing technical constraints that lead to the way networks are designed and managed, on the one hand, and to including these networks into territories and habits, on the other. In this way, a network goes beyond being just an object devoted to helping urban activities operate and it becomes a part of a set of inter-related elements, whose operation is similar to that of a technical system. For understanding and analysing urban risks of a natural or technological nature applied to technical systems, using the resilience concept enables us to go beyond technical networks’ reliability objectives, which are often sector-based. Resilience is a recent concept in territorial sciences. The concept is generally applied to systems and deals with risks by the adapting issues at stake, absorbing hazards and the making the territory recover after the crisis. To be able to tackle resilience, urban engineering must redefine the way in which it handles the relations between risks and technical systems and endow itself with a reference tool.
This article presents a conceptual model of resilience for technical systems based on identifying three complementary types of resilience. Functional resilience represents a technical system’s capacity to protect itself from important damage and at least provide the service needed for critical infrastructures to operate at the same time. Through functional resilience, technical systems intrinsically endeavour to increase their own resilience. Correlative resilience characterises the relation between service requirements and the technical system’s capacity to fulfil these requirements. Reducing the demand made on a system may enable it to be kept in operation and be protected so that it can recover more rapidly. This means adapting demand to technical systems’ capacity. Over and above the crisis and its management, the return to a “viable” situation is also an element for assessing resilience. Interdependence relations between technical systems and other territories may also form a resilience factor in technical systems. Territorial resilience expresses the capacity to mobilize a territory outside the area impacted.
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Les perspectives de la biodiversité en Afrique subsaharienne : repenser collectivement le modèle de gestion
Robert Kasisi
RésuméFR :
En 2002, les pays signataires de la Convention sur la diversité biologique se sont fixés pour objectif de freiner l’érosion de la biodiversité avant 2010. Un constat unanime de perspectives sombres pour la biodiversité en Afrique subsaharienne a été dressé à la suite de plusieurs bilans dressés par des acteurs, des chercheurs et organisations d’assistance scientifique, technique et financière engagés dans le processus de conservation de biodiversité. Suite à la désignation par l’ONU de la période 2011-2020 comme étant la Décennie pour la biodiversité, au lancement du Plan stratégique pour la diversité biologique et à la tenue du Sommet de Rio+20 en juin 2012 au Brésil, l’auteur, à partir d’une chronique de l’escalade de l’impact humain sur la biodiversité en Afrique subsaharienne, contextualise l’évolution de la biodiversité à travers l’histoire de ses interactions avec les communautés africaines et ce, de l’époque précoloniale à nos jours. Par la suite, il procède à une analyse critique des processus de planification de la conservation de la biodiversité en démontrant combien la mise en oeuvre des actions se heurte à des défis de taille notamment le néomalthusianisme qui préside la pensée de certains experts de la faune responsable de la gestion de la biodiversité.
Il observe que les approches s’appuient généralement sur un certain nombre de concepts dont le sens commun n’a pas été significativement clarifié. Il démontre ensuite pourquoi et comment ces approches doivent être inclusives par une ouverture aux savoirs, aux perceptions, aux représentations et à l’univers culturel de l’autre.
EN :
The signatory countries of the Convention on Biological Diversity set the objective of halting the decline of biodiversity by 2010, but as the target date arrived and passed, the status of biodiversity on the planet remained dismal. As the UN Decade for Biodiversity dawned by the Rio+20 Earth Summit in June 2012 and the UN Biodiversity Strategic Plan moves forward, this article contextualizes biodiversity prospects in sub-Saharan Africa by examining the history of interactions between African communities and the environment, from the pre-colonial period to today. It provides a critical analysis of the current biodiversity conservation planning methodologies and pinpoints several inherent obstacles, including the neo-Malthusianism that dominates the thinking of certain wildlife experts.
Setting out an argument with far-reaching implications for the success of future conservation efforts all over the world, the author examines the basis of emerging conservation approaches in sub-Saharan Africa, focusing on the need to forge a more inclusive conservation practice and open up to the perceptions, representations and cultural universe of the Other.
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Test de charge de la durabilité urbaine : Le cas de « l’écoquartier exemplaire » de la zone de l’Union (Nord, France)
Caroline Lejeune et Bruno Villalba
RésuméFR :
L’Union, ancien territoire industriel, espace intercommunal des villes de Tourcoing, Roubaix, Wattrelos, fait l’objet d’une réhabilitation urbaine sur un territoire en situation de précarité. Désigné dans les années 2000, pôle d’excellence économique de Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU), il est élu écoquartier pilote de la métropole lilloise en 2006 conformément à l’application de l’Agenda 21 communautaire. L’intégration de la durabilité sur un territoire paupérisé permet de se saisir des modalités d’adaptation d’un projet urbain à la crise écologique. De quelle manière la planification stratégique de l’écoquartier tient-elle compte des seuils d’irréversibilité de la crise écologique? Les politiques publiques territoriales d’aménagement intègrent-elle l’incertitude et l’urgence environnementale dans l’adaptation urbaine des modes de vies? Le test de charge sur la durabilité urbaine du territoire contribuera à évaluer un certain nombre de tensions (participative, sociale, écologique, territoriales) dans la capacité du territoire à résister au choc écologique.
EN :
The Union, the former industrial territory, the intermunicipal space of the cities of Tourcoing, Roubaix, Wattrelos, been the object of an urban rehabilitation on a territory in situation of poverty. Indicated in the 2000s, economic center of excellence of Lille Métropole Communauté urbaine (LMCU), it is elected experimental ecodistrict of the Lille metropolis in 2006 according to the application of the Schedule(Diary) 21 community. The integration of the durability on a pauperized territory allows to seize modalities of adaptation of an urban project to the ecological crisis. How does the strategic planning of the ecodistrict take into account thresholds of irreversibility of the ecological crisis? The territorial public policies of development it integrate the uncertainty and the environmental urgency into the urban adaptation of the lifestyles? The test of load on the urban durability of the territory will contribute to estimate certain number of tensions (participative, social, ecological, territorial) in the capacity of the territory to resist the ecological shock.
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Évaluation des politiques environnementales accompagnant les projets autoroutiers : cas de l’a75 et via egnatia
Lamara Hadjou
RésuméFR :
Les projets de construction de nouvelles autoroutes s’accompagnent souvent de mesures environnementales visant à préserver les espaces de proximité. Ces mesures classiques relèvent d’une obligation réglementaire à la charge des sociétés concessionnaires, dans le cas des autoroutes concédées, et de l’État si elles ne sont pas mises en concession. Ces dernières années, nous assistons en France à une politique autoroutière qui est passée du stade de rattrapage à celui de l’aménagement et du développement durable. Des zones rurales et fragiles mises à l’écart des grands réseaux de transport, à cause de leur manque de rentabilité, bénéficient désormais de projets routiers dans une perspective d’aménagement du territoire. La nature des milieux traversés, souvent des régions montagneuses assez sensibles et au paysage exceptionnel, a mené les acteurs à réfléchir sur une nouvelle politique d’accompagnement, tenant à la fois compte des espaces directement traversés et de ceux extérieurs à l’emprise autoroutière. Dans cet article, nous essayons de décortiquer ces évolutions en mettant l’accent sur les innovations introduites et sur le rôle du milieu local. Ce dernier a souvent été occulté, alors même que sa mobilisation est indispensable dans la mise en oeuvre de ces politiques environnementales. Nous prenons les cas de l’autoroute A75 en France et de la Via Egnatia en Grèce afin d’établir une comparaison au niveau européen.
EN :
The projects of building new highways are often accompanied by environmental measures to preserve the areas impacted. These traditional measures are a regulatory obligation under the responsibility of concessionary companies, in the case of conceded highways, and the state if they are not under concessions. In recent years a new highway policy has been developed in France, passing from the stage of catching up to one of planning. Rural and fragile areas isolated from the major transport networks, because of their lack of profitability, now benefit from road projects with a view to planning. The nature of the territories crossed, often mountainous and sensitive areas with unique landscapes, led the actors to think about a new support policy, taking into account both the areas directly crossed and those beyond the highway. In this paper, we try to discuss these developments with emphasis on innovations and the role of the local milieu. The latter has often been omitted, even though its mobilization is essential in the implementation of environmental policies. We take the case of the highway A75 in France and the Via Egnatia in Greece to establish a European comparison.
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Représentations de la forêt et répercussions sur la gestion des ressources forestières au Sénégal
Mamadou Diop, Bienvenu Sambou et Boubacar Ly
RésuméFR :
En Afrique, les programmes de gestion des ressources naturelles forestières ont souvent des difficultés pour donner les résultats escomptés. La plupart des concepteurs de ces programmes ne perçoivent généralement de la forêt que la fonctionnalité et la nécessité d’une utilisation rationnelle de ses ressources. Ils négligent souvent les dimensions symboliques qui pourtant influent sur les rapports des populations avec la nature environnante. C’est ainsi que cet article cherche à comprendre les représentations que les populations se font de la Forêt classée de Patako ainsi que les répercussions possibles sur la gestion de ses ressources. Les données collectées ont révélé que pour 23,5 % des populations interrogées la forêt n’est qu’une brousse. Pour 23 %, elle représente un bien de l’État. 20,7 % la perçoivent comme des terres de culture soustraites de leurs terroirs villageois et seuls 13,4 % des populations pensent que la forêt classée est un espace boisé appartenant aux villages riverains. La forêt classée est aussi représentée dans les textes d’entretien comme foreb buur (forêt de l’État), foreb ñépp (forêt de tout le monde) ou comme xeewëlu Yàlla (don divin). S’agissant de l’appropriation des ressources de la forêt classée, 61,8 % des populations interrogées pensent que ces dernières appartiennent à l’État et seuls 16,6 % pensent qu’elles appartiennent aux populations locales. Ces représentations ont engendré des attitudes difficilement compatibles avec une gestion intégrée des ressources naturelles en ce sens qu’elles traduisent un affaiblissement de l’appropriation de la forêt par les riverains.
EN :
In Africa, programs targeting the management of natural forest resources often struggle to be successful. Most of those who conceptualize those programs usually only focus on the functionality and necessity of a reasonable use of its resources. They often neglect symbolic dimensions which nonetheless influence the relationship between the residents and the natural environment. Consequently, this article seeks to understand the representations that residents have of the Classified Forest of Patako as well as the possible consequences on the management of its resources. The collected data have revealed that for 23.5 % of interviewed residents, the forest is merely a bush. For 23 %, it represents a State good. 20.7 % perceive it as farming ground taken from the village land and only 13.4 % of residents believe that the classified forest is woodland belonging to bordering villages. The classified forest is also represented in the interview transcripts as foreb buur (State forest), foreb ñépp (everyone’s forest) or as xeewëlu Yàlla (divine gift). With respect to ownership of resources from the classified forest, 61.8 % of residents believe that the resources belong to the state, and only 16.6 % believe that they belong to local residents. These representations have engendered attitudes that are difficulty compatible with an integrated management of natural resources in that they suggest a weakening of ownership of the forest by the residents.
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La trame verte et bleue et ses réseaux : science, acteurs et territoires
Pierre Alphandéry et Agnès Fortier
RésuméFR :
La trame verte et bleue adoptée lors du Grenelle de l’environnement, en France, renouvelle l’approche des politiques de conservation de la biodiversité tout en inscrivant cette mesure dans une logique d’aménagement du territoire. Son ambition est de remédier à la fragmentation des espaces et des habitats naturels engendrée par les activités humaines en rétablissant les continuités écologiques indispensables à la circulation des espèces et des gènes. L’analyse sociologique développée ici s’attache à resituer la TVB dans la succession des politiques de la nature conduites en France et elle met l’accent sur la manière dont s’articulent les dimensions écologiques et territoriales. À partir de l’examen du dispositif TVB, appréhendé comme instrument de gouvernement (au sens de M. Foucault), nous montrons comment ce dispositif est prescriptif dans sa volonté de garantir la cohérence écologique de la trame nationale et régionale tout en accordant une grande marge de manoeuvre aux collectivités locales dans le processus de mise en oeuvre. Ce mélange de prescription et d’autonomie qui participe de la complexité du dispositif rend également possible – au-delà du consensus affiché lors du Grenelle de l’environnement - l’existence de conceptions différentes de la trame. En définitive, à travers le processus de mise en oeuvre de la TVB se pose la question des modalités d’inscription de l’écologie dans les projets de territoire et, symétriquement, celle de la manière dont les groupes sociaux et les institutions s’approprient le projet de TVB.
EN :
The bill to set up the French ecological network called “Trame verte et bleue (TVB) “was passed in 2007 at the end of debates which characterised the process of Grenelle de l’Environnement. The outcome has renewed the approach of biodiversity policy as it was envisioned in a logic of land management. Its goal is to balance the fragmentation of space and natural habitats caused by human activities by the means of restoring connections in order to make possible the movement of species and genes. Our sociological work highlights the place of TVB in French nature policy and focuses on how ecological and teritorial aspects are linked. Starting from the analysis of the TVB system viewed as a government tool (in the manner of Michel Foucault) we point out how prescriptive the scheme is on the regional and national scales, in the name of scientific relevance, while giving a large autonomy to local authorities in the process of implementing the TVB. Beyond the consensus of the Grenelle de l’environnement, this mixture of prescription and autonomy, which partly explains the complexity of the scheme, makes possible different ways of looking at the TVB. In the end, the implementation process of the TVB raises the issue of the way ecology is applied in territory projects and symmetrically, the way social groups and institutions appropriate the TVB project.
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Évolution des politiques publiques dans le Delta du Sénégal : les réponses organisationnelles et spatiales au désengagement de la SAED : solutions préventives aux conflits d’usage ou facteur d’inégalités dans le Delta du Sénégal ?
Souleymane Dia
RésuméFR :
Cet article se propose de mobiliser les outils théoriques de l’économie de proximité pour montrer comment des évolutions dans les politiques publiques ont enclenché dans le Delta du Sénégal des dynamiques organisationnelles et spatiales sur la toile de fond de fortes inégalités. Il examine le rôle des coordinations comme réponses collectives et concertées face aux risques de conflits d’usage dans le contexte de désengagement de la Société d’Aménagement et d’Exploitation des terres du Delta (SAED). Il souligne au passage les inégalités entre espaces hérités des choix antérieurs de la SAED et perpétués par les actions collectives.
EN :
This article aims to mobilize the theoretical tools of the economical proximity to show how changes in public policy have engaged in the Senegal Delta organizational and spatial dynamics on the backdrop of strong inequalities. It examines the role of coordination and concerted collective responses facing to risks of conflicts of use in the context of disengagement of SAED. Attention is drawn to space inequalities inherited from the previous choices of SAED and perpetuated by the collective actions.
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SCoT est-il plus SAGE ? Gestion de l’eau et aménagement du territoire en France depuis la loi du 21 avril 2004
Sylvain Barone
RésuméFR :
Les politiques d’aménagement du territoire ont un impact direct sur la ressource en eau et les milieux aquatiques. C’est la raison pour laquelle il est exigé, depuis la loi française du 21 avril 2004, que les schémas de cohérence territoriale (SCoT), qui déterminent les orientations générales de l’organisation de l’espace local, soient compatibles avec les schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE), qui fixent des objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur, de protection quantitative et qualitative de la ressource en eau à l’échelle du bassin versant. Mais qu’en est-il dans la pratique ? À partir de trois terrains français contrastés (Arc provençal, basse vallée de l’Ain et bassin de Thau), nous observons que le degré d’articulation entre SAGE et SCoT est extrêmement variable selon les endroits et cherchons à rendre compte de ces différences. À l’issue de notre enquête, il apparaît que l’évolution de la législation ne constitue pas en soi une garantie de meilleure prise en compte de l’eau dans l’aménagement du territoire. Cette prise en compte dépend beaucoup plus de la manière dont est défini l’intérêt général local en fonction de compromis validés et diffusés par les acteurs politiques dominants au sein des territoires concernés.
EN :
Spatial planning policies have a direct impact on water resources and aquatic ecosystems. That is why it is required, since the 21 April 2004 French Act, that local development plans (schémas de cohérence territoriale – SCoT), which determine global orientations on local space organization, be compatible with water management plans (schémas d’aménagement et de gestion des eaux – SAGE), which set general objectives on the uses, promotion and quantitative and qualitative protection of water resources at a river basin scale. But what can be observed in practice ? Drawing on three contrasted territorial cases (Provençal Arc, Ain lower valley and Thau basin), we noticed that the degree of connection between SAGE and SCoT is extremely variable from one case to another and we tried to explain these differences. In the end, it seems that the evolution of legislation does not guarantee in itself that water issues would be more taken into account in spatial planning policies. This consideration of water issues over all depends on the way in which local general interest is defined according to agreements formalized and spread by dominant political actors in the concerned territories.
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Promouvoir la durabilité par l’analyse du cycle de vie des produits
Michel Gueldry et James Knuckles
RésuméFR :
Nous proposons ici une méthode pour gérer l’impact du cycle de vie des produits (CVP) sur le triple impératif (social, environnemental et économique), cette durabilité entrepreneuriale que l’on exprime aussi souvent comme la réconciliation multiforme du « triple P » (Population, Planète et Profits/Prospérité) pour dépasser les excès et contradictions du système actuel, ce « triple C » (Carboniferous Consumer Capitalism) non durable. Notre analyse des flux et des processus qui constituent le CVP englobe ses trois dimensions complémentaires identifiées par Chris T. Hendrickson et al., à savoir « inventory, impact, and improvement » (2006). Dans ce but, nous nous situons d’abord par rapport aux idées dominantes dans le champ de l’analyse du CVP. Ensuite, nous proposons de lier cet inventaire systématique à ses impacts, c’est-à-dire, selon l’expression de Marc J. Epstein et Bill Birchard, consultants bien connus aux États-Unis pour la responsabilité sociale des entreprises, de « compter ce qui compte » (2000). Cette évaluation du CVP permet d’en discuter les applications et améliorations pratiques (« improvement ») par la comptabilité intégrée ou « triple ». Cet instrument permet de hiérarchiser les décisions, de minimiser l’impact négatif et d’augmenter l’impact positif du CVP, et, au bout du compte, de servir des finalités plus vastes que le seul lucre ou le seul profit.
EN :
In this article, we propose a way to analyze the impact of aproduct’s life cycle on the triple bottom line (social,environmental, and economic) — that corporate sustainabilityconcept so often described as the reconciliation of the Triple P(People, Planet, and Profit) — to move beyond the excesses andcontradictions inherent to the current unsustainable system, which canbe described as the Triple C (Carboniferous Consumer Capitalism). Ouranalysis of the inputs and outputs that constitute a product’slife cycle connects the three complementary dimensions identified byHendrickson et al., namely “inventory, impact, andimprovement.” In this manner, we first situate our analysis amongthe predominant ideas in the field of life cycle analysis (LCA). Wethen propose a link between the LCA inputs/outputs inventory and itsbroader impacts, or, as Marc J. Epstein and Bill Birchard, well-knowncorporate social responsibility consultants in the United States,write, “counting what counts.” This LCA evaluation allowsfor a discussion of the practical improvement of business operationsthrough an integrated accounting of what counts. Our methodologyfacilitates a decision hierarchy, and offers a way to minimize thenegative impacts of a product’s life cycle, to augment thepositive impact of a product’s life cycle, and, finally, to servea greater end than just profit maximization.
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La genèse de l’éco-conception en Chine dans le secteur des TIC, une exportation européenne
Dai Yue Huang, Chao Liu, Laura Draetta et Gilles Puel
RésuméFR :
Cet article présente les premiers résultats d’une recherche empirique sur l’émergence des pratiques de l’éco-conception dans le secteur des technologies de l’information et de la communication en Chine. Il montre que la structuration du champ organisationnel de l’éco-conception est sous la contrainte d’effets territoriaux extérieurs, principalement les contraintes réglementaires européennes. Le gouvernement central avec le relais des grandes entreprises exportatrices du secteur est conduit à construire un écosystème de l’éco-conception combinant efficacité économique et réglementations incitatrices pour servir à la fois des visées stratégico-utilisatrices et répondre à la demande globale environnementaliste.
EN :
This paper presents the first results of an empirical research on the emerging practices of eco-design in the field of information technology and communication (ICT) in China. It shows that the structuring of the organizational field of eco-design was commissioned by external actors-networks, mainly the European regulatory constraints. The central government, with the relay of the major exporting companies in the sector, was taken to build an eco-system of eco-design combining economic efficiency and incentive regulation to serve both strategic-utilisation set and meet global demand environmentalist.
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Estimation des teneurs en nitrates dans les eaux potables par l’utilisation de bandelettes réactives : un exercice d’éducation à l’environnement dans la vallée du Sourou au Burkina Faso
Francis Rosillon, Boubacar Savadogo, Aminata Kabore, Jean Noël Poda, Hortense Bado-Sama et Dayeri Dianou
RésuméFR :
Dans le cadre de l’application du contrat de rivière Sourou au Burkina Faso, une estimation des teneurs en nitrates dans les eaux a été effectuée en utilisant un test rapide par bandelettes réactives. De 2008 à 2011, 29 forages et puits et 9 points de prélèvement en eaux de surface localisés dans la vallée du Sourou ont fait l’objet d’une étude comparative entre le test bandelettes et l’analyse classique en laboratoire. Les résultats étaient comparables dans 90 % des cas. Nous avons pu vérifier simultanément par les deux méthodes que la norme de potabilité de l’OMS de 50 mg de nitrates par litre (NO3/L) était dépassée dans l’eau souterraine pour 12 ouvrages sur les 29 testés. Des concentrations supérieures à 500 mg de NO3/L ont parfois été observées. Les contaminations seraient d’origine multiple : défécation animale et humaine, latrines, eaux usées. L’utilisation de dynamite pour le creusement des ouvrages a aussi été évoquée. Au-delà de l’utilisation d’un test rapide pour produire, à faible coût, des données valables estimant les teneurs en nitrates dans les eaux, cette démarche revêt un caractère pédagogique à l’instar des opérations sources qui avaient été organisées en Belgique dans les années 90. Une transposition de cette activité d’éducation relative à l’environnement est suggérée au Burkina Faso en collaboration avec les écoles.
EN :
Within the framework of the application of the contract of Sourou river in Burkina Faso, an estimation of the nitrates contents in waters was made by using a fast test by reagent strips. From 2008 to 2011, 29 drillings and wells and 9 points in surface waters located in the Sourou valley were the object of a comparative study between the test strips and the classic analysis in laboratory. The results were comparable in 90 % of the cases. We were able to verify simultaneously by both methods that the safe water WHO standard of 50 mg NO3/L was exceeded in the groundwater for 12 drillings and wells on 29 tested. Concentrations superior to 500 mg NO3/L were sometimes observed. The contaminations would be of multiple origins : animal and human defecation, latrines, waste water, and the use of dynamite for the digging having also been evoked. Beyond the use of a fast test to produce, at low cost, valid data estimating the nitrates contents in waters, this approach takes on an educational character following the example of the springs operations which had been organized in Belgium in the 90s. A transposition of this educational activity relative to the environment is suggested in Burkina Faso in association with schools.
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Réhabilitation des sites pollués par phytoremédiation
Nadia Origo, Stanislas Wicherek et Micheline Hotyat
RésuméFR :
La phytoremédiation compte parmi les méthodes innovantes de dépollution des sols de plus en plus utilisées dans des milieux complexes en fonction de la nature des polluants à traiter. Elle fait partie de la famille des traitements biologiques appliqués aux sols pollués dont l’usage remonte au milieu des années 80, mais dont la généralisation ne date que des années 90. D’abord en pleine expansion en Amérique du Nord (États-Unis et Canada), la phytoremédiation était il y a encore une dizaine d’années très faiblement employée en Europe, en France, et en Afrique, notamment au Gabon. La phytoremédiation offre une réelle alternative, aussi bien écologique que paysagère et financière face aux techniques de dépollution traditionnelles telles que l’excavation, l’épandage ou l’incinération, pour aider à la réhabilitation des terrains contaminés et leur reconversion à des fins d’aménagement agricole, urbain ou de loisirs. La ferme expérimentale d’Auby ou le site Total de Vendin-Le-Vieil dans la région du Nord-Pas-de-Calais et celui des bourbiers de torchage de l’île Mandji au Gabon en sont de bons exemples. Même si cette technique présente des limites, notamment au niveau de la durée des traitements et de la revalorisation des résidus contaminés (cendres), elle demeure moins onéreuse et assez fiable. Elle s’inscrit aussi dans la durabilité, dans la mesure où la reconversion d’un site pollué en espace vert engendre d’une part un paysage verdoyant et d’autre part un système naturel de dépollution des terrains, ce qui de toute évidence facilitera la tâche des décideurs de l’aménagement raisonné du territoire.
EN :
Phytoremediation counts among the innovating methods of depollution increasingly used on grounds in complex conditions of environment and according to the nature of the pollutants to be treated. Phytoremediation belongs to the family of the treatments known as biological, applied on polluted ground. Their use went up in the middle of the Eighties, but their generalization occurred only in the Nineties. Initially in full expansion in North America (USA and Canada), phytoremediation was only ten years ago very slightly employed in France and Europe. From now, it is experiencing a remarkable dash in France and in the rest of Europe. That is probably because phytoremediation offers a real alternative, from financial as well as ecological and landscaping point of view for the rehabilitation of contaminated grounds, in front of traditional techniques of depollution such as excavation, landfarming or incineration. Even if American and Canadian experiments are very advanced in this field, one notes in France a team work which implies public as well as private actors. From universities to the research centers, including Research Development within some companies, French research on bio-depollution augurs well. Examples like the experimental farm of Auby or the Total company site of Vendin-Le-Vieil in the region of Pas-de-Calais and Gabon in central Africa testify. Even if this technique presents limits particularly at the levels of the treatments duration and contaminated residues (ashes) revalorization, it remains nevertheless cheaper and reliable. It also fits in durability, insofar as the reconversion of a polluted site into park generates on one hand a green landscape and on the other hand a natural system of grounds depollution.
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La méningite, une maladie des « variations » : pratiques préventives et gestion des épidémies de méningite à Kombissiri et Réo Burkina Faso
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Environnement et éducation : analyse d’une stratégie d’introduction d’une éducation à l’environnement en Algérie
Ahmed Ghouati
RésuméFR :
L’introduction de l’éducation relative à l’environnement en Algérie s’inscrit dans une stratégie institutionnelle d’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable (EEDD). Des moyens humains et matériels ont été mobilisés dans le cadre de cette stratégie. Cependant, cette introduction n’a pas constitué un moment pour repenser l’orientation polytechnique de l’école, ni réaménager l’emploi du temps. Par exemple, bien avant la mise en place de la stratégie nationale d’EEDD, l’incorporation au début des années 2000 d’une matière dite « Étude du milieu » n’a pas affecté significativement l’emploi du temps. Nous avons également analysé des manuels scolaires censés traduire les objectifs de l’EEDD tels que définis dans l’accord signé en 2002 entre les ministères de l’Environnement et de l’Éducation nationale pour l’introduction de l’Éducation à l’environnement. L’analyse a utilisé quatre catégories d’items, à savoir « Nature, Écologie, Vie », « Santé, Culture, Famille, Éducation », « Pollution, Menaces » et « Actions de protection et aménagement ». Quantitativement, les résultats obtenus indiquent un changement significatif par rapport à l’analyse des anciens manuels par Remki, Clément et Khemmar (2000). Néanmoins, qualitativement les thèmes liés à l’environnement ne sont pas toujours problématisés. En outre, sur la question de la problématisation, les manuels se distribuent en deux grandes catégories : les manuels normatifs et prescriptifs et les manuels descriptifs et explicatifs. Dans le premier type, nous trouvons les manuels d’éducation religieuse et civique et, dans le second, les manuels d’éducation scientifique/technologique et de géographie. La seconde catégorie offre de meilleures possibilités pédagogiques, en particulier pour l’implication des enseignants et des élèves.
EN :
The introduction of the Education for the environment in Algeria is connected with an institutional education strategy for the lasting environment and development (Education for the Environment and Sustainable Development, EEDD). Within the framework of this strategy, human and material means were mobilized. However, this introduction did neither represent a moment to reconsider the polytechnical orientation of the school nor to rearrange the utilization of time and to distribute the contents of the textbooks better. For example, much before the establishment of the national strategy of EEDD, the incorporation of a subject called "Environment studies" at the beginning of the years of 2000 has not included significantly the utilization of time. We have also analyzed sensible textbooks translating the objectives of the EEDD such as defined in the agreement signed in 2002 between the ministries of environment and national education for the introduction of the Education for the environment. The analysis has utilized four catagories of items, namely "Nature, Ecology, Life", "Health, Culture, Family, Education", "Pollution, Threats", "Measures of protection and reorganization". Quantitatively, the obtained results indicate a significant change with regard to the previous textbooks examined by Remki, Clément, and Khemmar (2000). Nevertheless, the subjects connected with the environment are not always problematized qualitatively. Furthermore, the textbooks are divided into two large categories as far as the question of problematization is concerned : the normative and prescriptive textbooks and the descriptive and explicative textbooks. In the first type, we find the textbooks of religious and civic education and in the second one, the textbooks of scientific/technological education and of geography. The second category offers better pedagogical possibilities, particularly for the implication of the teachers and pupils/students.