Volume 39, numéro 2, automne 2011
Sommaire (13 articles)
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Présentation : Sémiotique et bouddhisme. Quelques repères
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Sémiotique bouddhiste : perspectives et questions ouvertes
Fabio Rambelli
p. 9–18
RésuméFR :
Après l’intérêt momentané de Roland Barthes pour le bouddhisme zen japonais, plusieurs auteurs ont étudié des aspects sémiotiques de la tradition bouddhiste en général. Dans cet article, nous allons décrire les caractéristiques principales de l’interprétation du zen proposée par Barthes, en particulier son attitude fondamentalement orientaliste et moderniste et sa distance d’avec la pensée bouddhiste classique. Ensuite, nous essaierons de donner un aperçu des questions et des méthodologies explicitement sémiotiques de par leur nature et leur contenu, telles qu’on les a développées au sein de la tradition bouddhiste, à commencer par le rôle de la sémiotique dans la doctrine bouddhiste du salut, avant de continuer par l’étude d’autres thèmes plus spécifiques, comme l’épistémologie, la réalité, et sa représentation, et la textualité. Nous présenterons aussi un exemple de stratégies bouddhistes de remotivation de signes. En conclusion, nous suggérerons de possibles directions de recherche fondées sur une collaboration entre sémioticiens et bouddhologues.
EN :
After Roland Barthes had shown a passing interest for Japanese Zen Buddhism, several authors have begun to study semiotic aspects of the Buddhist tradition more in general. In the present article, the author describes the main characteristics of Barthes’s interpretation of Zen, in particular his fundamentally Orientalistic and modernist attitude and his distance from classical Buddhist thought. Then the author presents a series of issues and methodologies endowed with an explicit semiotic nature and content as they have been developed within the Buddhist tradition, beginning with the role of semiotics in Buddhist soteriology, and followed by more specific themes such as epistemology, the nature of reality and its representations, and textuality. Next, the author discusses an example of Buddhist strategies of sign remotivation. Finally, he proposes further research possibilities that call for a closer collaboration among semioticians and Buddhologists.
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Une rencontre singulière entre structuralisme et bouddhisme : Saussure, Bouddha, Lévi-Strauss
Sungdo Kim
p. 19–29
RésuméFR :
Dans cette étude, en choisissant Saussure et Lévi-Strauss comme les figures exemplaires du mouvement structuraliste, j’ai tenté de faire un rapprochement philosophique entre le bouddhisme et le structuralisme et d’expliciter les raisons de ce rapprochement en me concentrant sur certains thèmes majeurs. Cette analyse comporte deux parties. En premier lieu, sur le plan historique, j’ai fourni des éléments méthodologiques de la comparaison des pensées lointaines et rappelé les indices historiques de la réception européenne du bouddhisme, de l’époque de Saussure à celle de Lévi-Strauss, pour saisir la profondeur et la nature du bouddhisme dans les sciences humaines européennes. Dans un deuxième temps, sur le plan ontologique, j’ai essayé d’analyser en parallèle le rejet des ontologies substantielles et la déconstruction du moi et du sujet de trois figures, Bouddha, Saussure, Lévi-Strauss, en mettant en relief trois éléments : vacuité, critique du moi, décentrement de l’anthropocentrisme.
EN :
In this paper we attempted to reveal some conceptual affinities or similarities between Buddhism and Structuralism. In the introduction we tried to characterize the limit and nature of this work in mentioning the lack of fundamental studies on the whole history of the influence that Buddhism hadd on the French human sciences of the 20th century. We want to make clear that this investigation is not a comparative philosophy in a strict sense. Meanwhile a certain comparativism was executed to find out some analogies in the deep structure of two great roads of human thinking. This article intends to focus on some convergences instead of divergences to examine the metaphysical foundations of two structuralist thinkers, Saussure and Lévi-Strauss, in Buddhist philosophy. The author evoked three main themes: emptiness, criticism of self, deconstruction of anthropocentrism.
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Neurosémiotique et bouddhisme : dialogue interculturel entre la science et la conscience
Daniel S. Larangé
p. 31–44
RésuméFR :
La neurosémiotique s’intéresse au(x) bouddhisme(s) dans le cadre d’un dialogue entre la science et la conscience. La neurosémiotique envisage un rapport fonctionnel entre la représentation qui découle du rapprochement Sa/Sé et l’émergence d’un état de conscience, de sorte que la manière de penser le réel détermine la façon de le vivre. Il en découle un paradoxe qui consiste à envisager la fiction comme précédant la réalité. Dès lors, la neurosémiotique propose d’expliquer l’émergence du sens à partir de l’élaboration de champs énergétiques formant une structure tensive articulant la mimesis à la semiosis à travers la diegesis. Le questionnement du rapport du sujet observant à l’objet observé intègre les données de la physique quantique afin d’expliciter le phénomène de participation au réel avec lequel le cerveau entre en connexion dans sa quête de compréhension. Cela conduit donc à s’interroger sur la nature même de la conscience qui s’auto-organise dans une coproduction conditionnée. Le dialogue interculturel qui s’établit à partir de résonances entre les investigations de la science et les pratiques du bouddhisme finit par devenir transculturel dans la mesure où la conscience de la science a son origine dans l’absence de ses assises, car l’univers évacue peu à peu le sujet et l’objet qui le forment dans le je(u) complexe des représentations en régime sémiotique.
EN :
Buddhism concerns neurosemiotics as part of a dialogue between science and consciousness. The neurosemiotics consider a functional relationship between the representation of the resulting approximation Signifier/Signified and the emergence of a state of consciousness, so that the real way of thinking determines how to live. It follows a paradox of considering fiction preceding reality. It therefore proposes to explain the emergence of meaning from the development of energy fields forming a structure linking tensive mimesis to semiosis through the diegesis. The inquiry’s relation between the observing subject and the observed object integrates data from quantum physics to explain the phenomenon of participation in the reality with which the brain is in connection. So this leads to the question of consciousness organizing itself in a conditioned coproduction. Intercultural dialogue, which reads resonances between the scientific investigations and the Buddhist practice, eventually becomes transcultural insofar as the scientific understanding ultimately originates in the absence of foundation because the universe gradually evacuates the subject and the object that formed it in a complicated semiotic combination of representations of the “I”.
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Approche sémiotique exploratoire des paraboles et des images langagières du Su̅tra du Lotus
Anna Ghiglione
p. 45–53
RésuméFR :
Cet article s’attache aux paraboles et aux images langagières de la version chinoise du Su̅tra du Lotus, traduit du sanskrit par Kuma̅rajīva en 406. Il souligne le rôle sémiotique que les métaphores filées revêtent dans cette Écriture en tant que signes évocateurs de la bouddhéité, à savoir d’une dimension qui n’est ni sensible ni intelligible, puisqu’elle suppose la disparition de tous les phénomènes et le dépassement de l’illusion identitaire. En exploitant la notion de semiosis illimitée, l’auteure cherche à comprendre quel type d’herméneutique est suggéré dans le texte à ses récepteurs (les lecteurs, les pratiquants) pour atteindre la vacuité et le salut. L’extinction totale et parfaite de la souffrance entraîne, en effet, la déconstruction ontologique de l’enchaînement causal qui régit non seulement le saṃsa̅ra, mais également les systèmes des signes et des significations.
EN :
This article focuses on the parables and on the imagery of the Chinese version of the Lotus Su̅tra, translated from Sanskrit by Kuma̅rajīva in 406. It underlines the semiotic role played by continuous metaphors in this scripture; it interprets them as linguistic signs evoking Buddhahood, namely a dimension that is neither sensible nor intelligible, since it supposes the extinction of all phenomena and the vanishing of all ego-oriented illusions. The author avails herself of the notion of unlimited semiosis and tries to understand which kind of hermeneutical approach is suggested in the text to the receptors (readers, practitioners) in order to reach emptiness and salvation. The perfect and total extinction of suffering actually implies the ontological deconstruction of the causal chain, which presides over not only saṃsa̅ra, but all systems of signs and meanings as well.
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Démystification du signe et destruction du sens dans le kōan zen
Simon Kim
p. 55–63
RésuméFR :
À la différence du zazen, la forme méditative du zen la plus connue, qui cherche à annihiler le rapport aux choses terrestres par le retrait dans la méditation (assise), le ko̅an zen choisit d’emprunter aux « choses terrestres » pour mieux en libérer l’esprit. Le ko̅an zen, en effet, se caractérise par son recours au langage en des phrases qui ne font pas sens (du type « Qu’est-ce que la Voie ? » – « Oui. ») ; autrement dit, les « devinettes » et autres « historiettes absurdes » que propose le ko̅an zen à ses pratiquants utilisent le signe, mais pour mieux le démystifier et défaire tous les liens qui le rattachent au sens. Il s’agit de dérouter non pas tant pour révéler l’absurdité ou le vide de toute pensée (langagière), mais surtout pour bousculer l’esprit dans son carcan de signification dans le but de l’amener à accéder au « non-moi (wu-wo) », à la « non-pensée (wu-nian) » qui sont autant de définitions négatives de l’illumination bouddhiste. Si le monde est conçu comme un langage, pour emprunter la formule de Lacan, le ko̅an zen propose une sortie du monde par la destruction du sens, afin d’ouvrir l’esprit à la vérité du « non-mental (wu-nian) », soit à l’éveil. On observera donc la stratégie du signe employée dans ces ko̅an par les maîtres zen pour sortir l’esprit de ses habitudes.
EN :
Whereas Zazen, the best known form of Zen meditation, aims at annihilating all ties with mundane matters through (seated) meditation, Ko̅an Zen chooses other means to free the mind from such “mundane” attachement: it uses language and communication, but in such a way that it appears absurd and utterly nonsensical (such as “What is the Way?” – “Yes.”). Described as a “special transmission outside the scriptures, not founded upon words and letters,” Ko̅an Zen uses the codes and signs of language only to best demystify and undo its ties to any kind of signified or meaning. By doing so the Zen master intends to free the disciple’s mind from its belief that the signs point to some external reality or to some transcendental truth. It is only when the language is thus demystified that the disciple can come to the realization that there is nothing to be signified – and Zen then talks of vacuity. But vacuity itself is merely a word, another sign, the ultimate achievement lying in the extinction of the mental mind, the generator of all (false) thoughts and discourses. Ko̅an Zen masers would agree with Lacan when he said the world was structured by language, and it is therefore Ko̅an zen’s goal to explode the language and liberate the world (which ultimately does not even exist) from the discursive structure our mind is bound to apply. Only then can the mind become “non-mental (wu-nian)” and realize its true nature (that of Buddhahood).
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Wei Zhao
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L’habit fait-il le moine ? Sémiotique sociale de « l’être bouddhiste » dans le contexte occidental
Lionel Obadia
p. 71–80
RésuméFR :
Cet article entend explorer une sémiotique sociale des bouddhistes, laquelle se propose d’approcher la question des usages sociaux des signes de l’« être bouddhiste », des modalités de décryptage de l’adhésion au bouddhisme par l’affichage de signes comportementaux, discursifs ou vestimentaires, au sein des communautés elles-mêmes. Autant de marqueurs qui tracent une ligne de démarcation entre la « communauté » (saṇgha) et le reste du monde, et de signes incarnés dans la culture matérielle susceptibles de signaler une adhésion religieuse ou une appartenance confessionnelle – facilement repérables en contexte asiatique. Dans le bouddhisme d’Occident en revanche, les cartes d’une lecture sémiotique des appartenances sont d’autant plus brouillées que, d’une part, la nature du rapport aux symboles et aux normes du bouddhisme est plastique, et que, d’autre part, l’affichage ostensible ou la dissimulation de signes normalement cadrés par les normes religieuses relève d’autres logiques – individuation, schismes, hétérodoxie, etc. À partir de la comparaison de cas concrets recueillis in situ en France et dans d’autres contextes nationaux, les jeux sur les codes sémiotiques de l’appartenance au bouddhisme relèvent en filigrane les enjeux d’adaptation auxquels est confronté le bouddhisme en Occident.
EN :
This paper aims at exploring a social semiotics of Buddhists. This approach encompasses issues such as the social uses of the signs of “Being Buddhist”, the modes of decoding adherence to Buddhism, by means of exposing behavioral, discursive or clothing signs, within communities of practitioners. These latter are labels by which is traced a frontier between “community” (saṇgha) and the “rest of the world”, and signals embedded in material culture by which religious adherence or belonging are expressed – and easily identified as such in the Asian context. In Western Buddhism, however, these semiotic “decipherings” of religious belongings are much more blurred for two reasons. First, because the ways to relate to Buddhist norms and symbols are malleable. Second, because the ways to display ostensibly or to hide Buddhist signs, usually framed by religious norms, partake of other logics – individualization, schisms, heterodoxy… Based upon ethnographic empirical data, gathered in France and in other national contexts, this paper examines the manners to play with the semiotic codes of belonging to Buddhism, and in conclusion, the ways they disclose the broader issues of adaptation of Buddhism in the West.
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Opérations de transformation dans l’iconographie du bouddhisme tibétain
Louis Hébert
p. 81–94
RésuméFR :
Après avoir interdéfini structure, terme, relation et opération, l’auteur propose une fusion de trois typologies d’opérations transformationnelles : celle de Groupe µ, celle de Claude Zilberberg et celle de François Rastier. Ensuite, l’auteur caractérise, principalement à l’aide de sa métatypologie, certains aspects de son corpus d’analyse. Celui-ci est constitué de quelque 270 représentations iconographiques d’êtres fantastiques du bouddhisme tibétain (divinités mondaines ou éveillées, démons, animaux mythiques, monstres, etc.). Il appert notamment que le corpus privilégie l’adjonction (et l’augmentation), parfois flamboyante, et très souvent une forme particulière de celle-ci : la réduplication d’éléments déjà présents dans la forme originelle (par exemple, l’adjonction d’yeux, de bras ou de jambes). Cependant, certains êtres échappent à ces règles, par exemple le Kirtimukha, monstre dont il ne subsiste – suppression maximale et conservation minimale – que la tête. Cette prépondérance d’une sémiotique tonique (adjonctions et augmentations) plutôt qu’atone (suppressions et diminutions) contraste d’une certaine manière avec la notion de vacuité, au coeur du bouddhisme, et le caractère ineffable et, plus généralement, irreprésentable de la réalité ultime.
EN :
Once he interdefines structure, term, relation and operation, the author proposes a fusion of three typologies of transformational operations: those of Groupe µ, Zilberberg and Rastier. Using primarily his metatypology, the author then describes certain aspects of his corpus for analysis. The corpus is made up of some 270 iconographic representations of fantastical beings from Tibetan Buddhism (worldly and enlightened divinities, demons, mythical animals, monsters, etc.). In particular, it appears that the corpus favours addition (and increase), which is sometimes flamboyant, and very often takes a particular form: a reduplication of elements already present in the original form (e.g., extra eyes, arms or legs are appended). However, some beings elude these rules, Kirtimukha, for example, a monster of which it is said that only the head remains, an example of maximum deletion and minimum continuance. This preponderance of a tonic semiotics (additions and increases) over an atonic semiotics (deletions and decreases) somehow contrasts with the core Buddhist notion of emptiness, and the ineffable and generally irrrepresentable nature of ultimate reality.
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Empreinte et réincarnation
Benoît Mauchamp
p. 95–104
RésuméFR :
L’article considère le concept bouddhiste de réincarnation au regard des éléments d’une sémiotique de l’empreinte telle qu’elle est proposée par Jacques Fontanille dans son livre Soma et Séma (2004). Après avoir dégagé les caractéristiques communes de la réincarnation et d’une théorie de l’empreinte, qui toutes deux allient notamment présence et absence, immanence et transcendance, rupture et continuité, le propos s’efforce d’observer plus concrètement ces phénomènes à travers l’étude d’objets filmiques. Les deux films considérés – une fiction populaire de Bertolucci, Little Buddha (1993), et un documentaire de Nati Baratz, Unmistaken Child (2008) – possèdent une intrigue similaire invitant à étudier, sur le plan de l’expression, comment l’empreinte d’un être éveillé peut s’inscrire dans le substrat signifiant du corps et, sur le plan du contenu, la quête d’un moine pour la nouvelle manifestation de son maître décédé.
EN :
This article addresses the Buddhist concept of reincarnation through notions taken from a “semiotics of print” as it was suggested by Jacques Fontanille in his book titled Soma et Séma (2004). First, the text analyses common features of reincarnation and this specific semiotics, considering the notions of presence and absence, immanence and transcendence, continuity and discontinuity… The article observes then more specifically these aspects in two films, which are a popular fiction by Bertolucci, Little Buddha (1993), and a documentary film by Nati Baratz, Unmistaken Child (2008). Both these films present a similar plot that allows one to reflect, on the one hand, on how the trace of an enlightened being inscribes itself in the signifying substance of a specific body, and to consider, on the other hand, a monk’s quest for (and recognition of) the new manifestation of his deceased master.
Hors dossier
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Du sens aux sens : les représentations mentales dans l’acte de lecture
Sylvain Brehm
p. 107–112
RésuméFR :
Le statut des représentations mentales dans la lecture n’a fait l’objet que de peu d’études approfondies. Les travaux fondateurs menés en théorie littéraire insistent surtout sur la dimension conceptuelle de ces représentations. Les sciences cognitives, de leur côté, s’intéressent également aux modalités de la compréhension des textes, mais ne prennent en compte ni la dimension esthétique de ces derniers ni la singularité de l’acte de lecture. Nous proposons d’instaurer un dialogue interdisciplinaire afin de montrer que les représentations mentales contiennent des composantes aussi bien sensorielles qu’émotionnelles et conceptuelles.
EN :
The status of the mental representations during reading was the object of only a few in-depth studies. The founding works in literary theory focus especially on the abstract dimension of these representations. The cognitive sciences, for their part, are also interested in the modalities of the understanding of texts, but do not take into account either their aesthetic dimension or the peculiarity of the act of reading. We suggest establishing an interdisciplinary dialogue to show that the mental representations contain sensory, emotional and abstract constituents.
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Images identitaires et rhétorique : la première de couverture de guides touristiques
Montserrat López Díaz
p. 113–122
RésuméFR :
Nous analysons la première de couverture de guides touristiques de la France, de l’Espagne et du Portugal, dans chaque cas à l’intention d’un public exogène. Chacun de ces territoires doit être capable de transmettre une spécificité et de la faire sienne dans l’ambiance absolument concurrentielle de la prolifération de lieux touristiques. C’est ainsi qu’une identité est bâtie à travers un discours fait de mots et surtout d’icônes servant à profiler le pays en question. La première de couverture des guides fournit alors un accès privilégié à une réalité réduite par la pars pro toto à quelques représentations devenues assez familières. On envisagera donc en quoi ces éléments construisent des emblèmes identitaires.
EN :
We examine the front pages of tourist guides of France, Spain and Portugal. In the three cases, they are addressed to foreigners. Each territory must convey a specificity and has its own particular characteristics in the absolutely competitive atmosphere of the proliferation of tourist sites. In this way, an identity is constructed by a discourse made with words and icons that are used to reflect the country at issue. So the guide’s front pages provide a special access to a reality, which is pars pro toto reduced to some representations, which become familiar. Therefore we will discuss how these elements construct emblems of identity.
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Temps narratif, temps dialectique : une étude d’un panneau de Max Beckmann
Anne Beyaert-Geslin
p. 123–129
RésuméFR :
L’article étudie la relation au temps d’une peinture de Max Beckman intitulée Tod ([mort] 1938) et observe comment la textualité construit cet effet de sens. Le panneau s’inscrivant dans le contexte des années 1930, il recourt au procédé de la distanciation de Brecht (Verfremdung) et prend ses distances vis-à-vis du temps narratif de la storia. Dans la perspective d’un temps narratif, l’effet de sens temporel est produit par l’aspectualisation, mais, en ce cas, le mouvement aspectuel est interrompu à chaque étape et la catégorie sémantique interrogée. L’effet de sens est alors donné par le rythme d’alternance du connu et de l’inconnu.
EN :
The text observes how a painting by Max Beckmann, called Tod ([death] 1938) deals with time and how its textuality actually produces this meaning effect. In the context of the thirties, the panel uses Bertold Brecht’s Verfremdung (alienation effect) and keeps its distance from the narrative time of the so called storia. From this point of view, time is a meaning effect due to aspectualization but in this case, this movement is at each stage interrupted and the semantic category called into question. The effect of time is due to the rhythm given by the alternating of known and unknown.