Volume 43, numéro 1, printemps–été 2010 Les jeunes et la rue Sous la direction de Céline Bellot
Sommaire (11 articles)
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Introduction
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Travailler pour survivre : exploration du travail des jeunes de la rue
Jeff Karabanow, Jean Hughes et Sean Kidd
p. 7–29
RésuméFR :
Le présent article explore les diverses formes que prennent l’emploi et les « petits boulots » dans la vie des jeunes de la rue. L’étude a été faite à Halifax, au Canada, et porte sur un matériel tiré d’entretiens menés auprès de 34 jeunes. Les résultats de l’enquête suggèrent que l’économie du travail à laquelle doivent faire face les jeunes de la rue revêt un aspect autant formel qu’informel. Ils montrent aussi que ces jeunes sont motivés mais vivent aussi des enjeux tant personnels qu’environnementaux. La plupart des jeunes interrogés réalisent des activités informelles rémunératrices parmi lesquelles figurent entre autres la mendicité, la pratique du squeegee (du nom anglais de la raclette servant à nettoyer les pare-brise), et l’art ambulant, la vente de créations artistiques, la composition et la déclamation de poèmes, la diffusion de blagues et autres activités créatrices. La diversité de ces activités témoigne de l’esprit d’entreprise et de la capacité de résilience de cette jeunesse itinérante. Pour survivre, les jeunes sans-abri sont en effet prêts à entreprendre un grand nombre de tâches souvent peu valorisées dans notre société. À vrai dire, il leur est surtout difficile d’accéder à un travail socialement reconnu. Pourtant, la société, en s’inscrivant dans une logique de criminalisation de certains types de pauvreté, réprime le plus souvent les activités informelles qu’adoptent les jeunes comme stratégies de survie.
EN :
This paper explores how employment and labor are situated within the lives of homeless youth and is based upon the findings emerging from in-depth interviews with 34 youth in Halifax, Canada. The findings suggest that street-involved and homeless young people are straddling formal and informal work economies while mediating layers of external and internal motivations and tensions. For the most part, youth interviewed engaged in informal money-making activities including panhandling, squeegeeing, busking, making and selling art, performing poetry and/or jokes, among many other creative pursuits. The diversity of these activities demonstrates the entrepreneurial spirit and creativity/resilience of street-involved young people. They are willing to undertake any number of often undesirable tasks to survive. The reality is that the participants in this study could not very easily engage in formal work. In addition, their stories showed how society takes particular effort to criminalize certain types of poverty – in this case much of the informal work in which homeless youth engage.
ES :
Con base en 34 entrevistas a fondo con jóvenes de Halifax, Canadá, el presente artículo analiza el lugar que el trabajo formal e informal ocupan en las vidas de los jóvenes de la calle. La investigación sugiere que los jóvenes que habitan o realizan actividades en la calle oscilan entre las economías formal e informal, con diversas mediaciones, motivaciones y tensiones internas y externas. La mayoría de jóvenes entrevistados realiza actividades cuyos ingresos son informales, entre ellas la mendicidad, el limpiado de parabrisas y diversas actividades creativas como la interpretación musical, la fabricación y venta de arte y la presentación de poesía y comedia, entre otras. Esta diversidad de actividades muestra el espíritu empresarial y la creatividad y perseverancia de los jóvenes de la calle, dispuestos para sobrevivir a emprender actividades muchas veces consideradas indeseables. Una realidad es que los participantes de este estudio no podrían fácilmente obtener empleo formal. Además, lo que cuentan ilustra la forma en que la sociedad se empeña en criminalizar cierto tipo de pobreza, en este caso el trabajo informal en que los jóvenes de la calle se autoemplean.
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Jeunes de la rue et prison : constructions subjectives de l’identité
Annie Larouche
p. 31–56
RésuméFR :
Le présent article est le second issu d’une recherche dont l’objectif principal était de comprendre comment des jeunes vivant dans la rue à Montréal perçoivent l’expérience carcérale et les effets de cette expérience sur la construction de leur identité. Plus précisément, l’objectif de cet article est d’analyser les perceptions des participants quant à leur expérience carcérale à la lumière de la théorie de la gestion relationnelle de soi de Bajoit (1997, 2000, 2003, 2004), des travaux de Chantraine (2004), Kokoreff (2004), ainsi que d’Otero, Poupart et Spielvogel (2004). Cette étude qualitative est basée sur dix entretiens semi-directifs centrés sur l’expérience carcérale de jeunes vivant ou ayant vécu dans la rue pendant une période d’au moins six mois.
EN :
The present article is the second to result from a research which the main objective was to understand how Montreal street youth perceive the effects of imprisonment on the construction of their identity. The objective of this article is to analyze more precisely the participants perceptions about their prison experience in the light of Bajoits’ (1997, 2000, 2003, 2004) theory on identity construction, the works of Chantraine (2004), Kokoreff (2004), as well as Otero, Poupart and Spielvogel (2004). This qualitative study is based on ten semistructured interviews centered on the prison experience of youth living or having lived on the street for at least six consecutive months.
ES :
El presente artículo es el segundo derivado de una investigación cuyo principal objetivo era analizar la forma en que los jóvenes de la calle de Montreal perciben los efectos del encarcelamiento en la construcción de su identidad. El artículo se propone, de manera específica, analizar las percepciones de los participantes en relación con su experiencia en prisión según la teoría de Bajoit (1997, 2000, 2003, 2004) sobre la construcción de la identidad y los trabajos de Chantraine (2004), Kokoreff (2004) y Otero, Poupart y Spielvogel (2004). Este estudio cualitativo se basa en diez entrevistas semidirigidas sobre la experiencia en prisión de jóvenes que habitan o habitaron en la calle por al menos seis meses consecutivos.
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Analyse de la structure sociale des conflits et des alliances intergangs
Karine Descormiers et Carlo Morselli
p. 57–89
RésuméFR :
Cette étude propose un cadre analytique qui permet d’étudier le réseau social des gangs montréalais, dont certains s’identifient aux deux grandes coalitions étatsuniennes : les Bloods (les rouges) et les Crips (les bleus). L’objectif de cette recherche est de décrire la structure de ce réseau social en s’intéressant d’abord à la constitution et à l’organisation interne de ces gangs et, ensuite, aux dynamiques relationnelles qui les unissent une fois mis en interaction les uns avec les autres. Nous souhaitons donc comprendre dans quelle mesure les dynamiques intergangs, tant positives que négatives, s’orchestrent selon la conception polarisée des conflits Crips versus Bloods. Nos données ont été recueillies auprès de 20 membres juvéniles de gangs pris en charge par le Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire. Ces participants, qui appartiennent à différents gangs rivaux ou alliés, ont été rencontrés dans le cadre d’une série d’entrevues de groupe réalisée au cours de l’année 2007. Ensemble, ils ont identifié un total de 35 gangs qui occupent des territoires précis à Montréal. La structure obtenue comprend des modèles de relations attendus par la conception traditionnelle, conflits inter-consortiums (77 % de l’ensemble des dynamiques négatives n = 43) et alliances intra-consortiums (87 % de l’ensemble des dynamiques positives n = 40). Des exceptions à cette conception sont soulevées et nuancent la compréhension de la structure relationnelle à l’étude.
EN :
This study proposes an analytical framework to study the network of street gangs in Montreal, including some affiliated to the two major American coalitions : Crips (blue) and Bloods (red). The objectives are two-fold : a) Describe the nature of the gangs themselves, emphasizing some of their core organizational features ; b) Describe the relational dynamics within the network, once the gangs are allowed to interact (positively or negatively) with each other. We also want to understand in which ways the dynamics are orchestrated along the traditional perspective, that is, rivalries only occur between opposite consortiums. These objectives are fulfilled through an analysis of focus group interviews involving 20 youth gang members currently doing time in Centre jeunesse de Montreal-Institut universitaire. These youth gang members were affiliated to a diversity of gangs and coalitions. Together, they identified a total of 35 active gangs in Montreal. The resulting structure includes models of relationships expected by the traditional view, conflicts inter-coalitions (77 % of all negative relations n = 43) and allies intra-coalition (87 % of all positive relations n = 40). Exceptions to the rule have been raised in our study and lead to a more nuanced understanding of Montreal’s street gang network.
ES :
Este artículo propone un marco analítico para el estudio de la red de pandillas callejeras de Montreal, entre otras las que se identifican con dos de las grandes bandas de Estados Unidos, los Crips (azules) y los Bloods (rojos). El objetivo es doble : describir la naturaleza misma de las pandillas, principalmente sus características organizativas, y describir la dinámica relacional al interior de la red cuando las pandillas interactúan entre sí, de forma positiva o negativa. De manera específica, se investiga en qué medida las relaciones entre las pandillas se dan en términos polarizados Crips contra Bloods. Los datos se obtuvieron a partir de entrevistas de grupo realizadas en 2007 con 20 miembros de diferentes pandillas y coaliciones que estaban a cargo en ese momento del Centre jeunesse de Montreal-Institut universitaire. Los entrevistados identificaron 35 pandillas activas en Montreal en territorios específicos. La estructura derivada incluye modelos de relaciones de concepción tradicional, con conflictos inter coalición (77 % de dinámicas negativas n = 43) y de alianzas intra coalición (87 % del conjunto de dinámicas positivas n = 40). Las excepciones que el estudio encontró en esta dinámica confirman y matizan la estructura de relaciones encontrada en el estudio.
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Prévention des gangs de rue à Montréal : autour d’un projet de médiation urbaine
Gilles Sénécal, Léa Méthé Myrand et Amélie Dubé
p. 91–114
RésuméFR :
Le présent article analyse le processus de relance d’un projet de médiation urbaine destiné spécifiquement aux jeunes Noirs du quartier de la Petite-Bourgogne à Montréal. Ce projet nommé BUMP (Burgundy Urban Mediation Project) s’inscrit dans les orientations définies au Québec en matière de prévention des gangs de rue et qui font appel à la concertation des partenaires sociaux à l’intérieur du quartier. L’analyse du processus a mis en lumière les conditions particulières du quartier et des modèles organisationnels des réseaux sociaux. Notre étude dégage les termes de la transaction sociale survenue entre les partenaires sociaux et les représentants des organismes de la communauté noire pour qu’un tel projet de médiation urbaine puisse être relancé. Elle s’intéresse aux obstacles et aux facteurs favorables à une telle démarche participative et partenariale. Elle conclut sur le rôle des représentants des communautés marginalisées dans les instances de concertation de quartier.
EN :
In this paper, we analyse the revival process of an urban mediation project intended specifically at Black youth living in Montréal’s Little Burgundy neighbourhood. The project known as BUMP (Burgundy Urban Mediation Project) is consistent with wider Québec tendencies that seek to facilitate a dialogue between social partners. The analysis of this process shows the conditions under which the neighbourhood is evolving and the emerging organizational models of social networks. The aim of our study is to consider the way social transactions take place between social partners and representatives of Black community organizations in order that urban mediation projects can be revived. Obstacles and opportunities for fostering such a participatory and partnership initiative are identified. The study concludes with a discussion on the position held and the role played by representatives of disenfranchised communities taking part in local cooperative bodies.
ES :
El presente artículo analiza el proceso de relanzamiento de un proyecto de mediación urbana orientado a jóvenes negros del barrio La Petite-Bourgogne de Montreal. Denominado BUMP (Burgundy Urban Mediation Project), el proyecto sigue las orientaciones generales del gobierno de la provincia de Quebec en materia de prevención del pandillaje basadas en la concertación entre diferentes actores sociales del propio barrio. El análisis de este proceso de relanzamiento pone de manifiesto las condiciones específicas del barrio y los modelos organizativos de sus redes sociales. El estudio analiza por otra parte la forma en que se efectuaron las transacciones sociales entre los diversos actores sociales y los representantes de organizaciones de la comunidad negra y que permitieron relanzar este proyecto de mediación urbana. Se analizan también los obstáculos y los factores que favorecieron dicha iniciativa de colaboración entre los participantes. El estudio concluye con una discusión sobre las posiciones de los representantes de las comunidades marginadas y su papel en las organizaciones de cooperación locales.
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Les jeunes de la rue sont-ils militants ? Une réflexion
Élisabeth Greissler
p. 115–135
RésuméFR :
Dans le présent article, nous proposons de réfléchir à la question : « Les jeunes de la rue sont-ils militants ? » C’est un exercice compliqué. C’est d’abord un phénomène qui paraît improbable : le militantisme des jeunes de la rue est un thème qui, dans chacun de ses termes, semble aussi original et complexe que paradoxal et controversé. Cette réflexion est l’occasion de montrer que la rue n’est pas un espace de « désengagement social », mais un espace ayant une véritable « fonction créatrice » à l’origine de la possibilité d’un militantisme. Nous formulons ainsi des hypothèses quant aux contextes d’engagement. Enfin, nous esquissons l’ébauche d’une approche théorique en termes de « carrières », à partir des complexités du choix individuel d’engagement des jeunes de la rue.
EN :
In this paper, we bring forth the question : are street youths activists ? It is a complicated exercise because first of all, that phenomenon seems improbable. The militancy of street youth is a theme that in each of its terms seems as much original and complex as paradoxical and controversial. This reflection is an opportunity to show that the street is not an area of social disengagement, but a space with a true creative function which leads to the possibility of activism. We then make assumptions about the context of engagement. Finally, we sketch the outline of a theoretical approach in terms of career from the complexities of individual choice commitments of street youths.
ES :
Este artículo plantea la siguiente interrogante : ¿Son los jóvenes de la calle activistas sociales ? Responder a esta pregunta es un ejercicio complejo ya que, en principio, tal fenómeno parece improbable. El activismo social de los jóvenes de la calle es un tema que, en cada uno de sus aspectos, parece tan original como complejo y tan paradójico como controvertido. Esta reflexión es la oportunidad de mostrar que la calle no es una zona de desentendimiento social, sino un espacio de verdadera función creativa que incluye la posibilidad de la militancia. Avanzamos también varias hipótesis respecto del contexto necesario para dicho activismo social y, por último, presentamos el bosquejo de un posible enfoque teórico en términos de “carreras” a partir del complejo de opciones individuales de participación de los jóvenes de la calle.
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Le travail de rue dans l’univers de la rue
Annie Fontaine
p. 137–153
RésuméFR :
Le présent article explore quatre facettes du processus de négociation culturelle engagé dans la pratique du travail de rue. La négociation du mandat social du travail de rue est d’abord mise en lumière, après quoi sont décrites les négociations culturelles engendrées par la démarche d’immersion des travailleurs de rue dans le monde de la rue. Une troisième partie aborde les stratégies déployées par ces praticiens pour enraciner leurs interventions dans un univers de sens co-construit avec les personnes accompagnées. Enfin, une dernière partie montre comment le travail de rue donne lieu à diverses occasions de médiation entre les univers culturels marginaux et institutionnels. L’utilité de la grille culturelle comme outil d’analyse de l’intervention est mise en relief en conclusion.
EN :
This paper explores four aspects of the cultural negotiating process involved in the practice of streetwork. The negotiation of the social mission of streetwork is first illustrated. Then, a description of the cultural negotiating process linked to the immersion of the streetworkers in the street world is done. A third part tackle the strategies used by those practionners to root their interventions in a world of sens built with people. Finally, a last part shows how the streetwork create opportunities between marginal and institutional cultural scene. The strength of a cultural framework as analytic tool of intervention is demonstrated in conclusion.
ES :
El presente artículo analiza cuatro aspectos del proceso de negociación cultural en la práctica de intervención en medio abierto. Primero se explora la negociación de la función y del mandato del trabajo social de calle, luego de lo cual se describen las negociaciones culturales engendradas por la inmersión de los trabajadores sociales en este medio. La tercera parte describe las estrategias empleadas por estos profesionales para consolidar sus intervenciones con un sentido de coconstrucción con las personas acompañadas. La última parte muestra cómo esta práctica da lugar a diversas ocasiones de mediación entre el universo cultural marginal y el institucional. En la conclusión se destaca la utilidad de la red cultural como herramienta de análisis de la intervención.
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Jeunes à risque ? Sens des pratiques dites à risque et sortie de la rue
Annamaria Colombo
p. 155–170
RésuméFR :
Face à l’abondance de chiffres concernant les risques que les jeunes encourent dans la rue ou font encourir aux autres, on peut avoir tendance à oublier que leurs comportements dits « à risque » constituent les manifestations d’enjeux plus profonds. Alors que l’idéal d’autoréalisation individuelle valorise certaines formes de prise de risques, on constate simultanément la présence importante au sein de nos sociétés d’une obsession sécuritaire qui vise la gestion des populations à risque. À partir d’une enquête auprès de jeunes sortis de la rue réalisée à Montréal, le présent article vise à mettre en lumière l’écart entre le sens attribué par les jeunes à la marginalité et à la normalité et la tendance politique à privilégier des approches épidémiologique et sécuritaire à l’égard de ces populations. Il se conclut par une analyse des effets de ces approches en termes de reconnaissance sur le processus de sortie de la rue de ces jeunes.
EN :
When we see the numerous risks that young people face on the street or cause for others, one can forget that the so called « at risk » behaviour are displays of deeper lying issues. While the ideal of individual auto-realization values certain forms of at risk behaviour, one can also discern the existence in our societies an obsession with safety that targets at risk populations. Based on a survey conducted in Montreal with street youth, this article aims to clarify the difference between the meaning attributed by youth to marginality and normality and the political tendency to favour epidemiological and safety oriented approaches toward these populations. It concludes with an analysis of the effects of these approaches in relation to the recognition on the youth street exit process.
ES :
La abundancia de cifras sobre los riesgos que los jóvenes de la calle corren o hacen correr a otros puede hacernos olvidar que los susodichos comportamientos “de riesgo” no son más que manifestaciones de problemas más profundos. En efecto, al mismo tiempo que en que el ideal de realización individual se valorizan ciertas formas de toma de riesgo, en el seno de nuestras sociedades se presenta una obsesión sobre la seguridad centrada en la gestión de las poblaciones en riesgo. A partir de una investigación realizada con jóvenes que han dejado la calle en Montreal, este artículo busca ilustrar la divergencia existente entre el sentido atribuido por los jóvenes a la marginalidad y a la normalidad y las tendencias políticas a privilegiar el enfoque epidemiológico y de seguridad en relación con estas poblaciones, además del efecto que ello tiene sobre estas últimas en términos de reconocimiento del proceso de retiro de estos jóvenes de las calles.
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L’intervention par les pairs : un outil pour soutenir la sortie de rue
Céline Bellot, Jacinthe Rivard et Élisabeth Greissler
p. 171–198
RésuméFR :
La question de la « sortie de rue » des jeunes est peu abordée dans les écrits scientifiques. Dans cet article, nous avons souhaité l’aborder à partir d’un regard croisé sur deux recherches que nous avons conduites autour du Collectif d’intervention par les pairs. Il s’agit de saisir ici les apports de ce cadre d’intervention dans la trajectoire des jeunes. La participation de jeunes ayant vécu dans la rue à cette intervention les place dans un nouveau rôle : elle représente pour eux à la fois une occasion de faire l’expérience de distanciation et de proximité du monde de la rue dans un cadre différent et une réelle opportunité d’engagement dans le monde conventionnel de l’intervention. Pourtant, que dire, au-delà de cette participation, des enjeux de reconnaissance et de non-reconnaissance que vivent les jeunes en situation de rue ?
EN :
Little is still known about street youth leaving the street, i.e. their street exit. In this article, we aim to address the question of street exit by using two studies, each of them with the same topic : a peer-intervention with street youth (Collectif d’intervention par les pairs). We intend to understand how the Collectif des pairs’ frame of intervention influences peer tutors’ life trajectories. The Collectif des pairs gives peer tutors a new role : it enables them to view the street from a more distant perspective while remaining close to the street, thus giving them the opportunity to engage in mainstream intervention. Nonetheless, beyond their participation, important stakes of recognition and non-recognition of street youth remain.
ES :
Son pocos los estudios científicos sobre los jóvenes que dejan la calle. En este artículo nos proponemos abordar el asunto analizando los resultados de dos estudios que realizamos sobre un grupo de intervención de pares, el Collectif d’intervention par les pairs. El objetivo es analizar los aportes de este marco de intervención en la trayectoria de los jóvenes. Al participar en este tipo de intervención, los jóvenes que han vivido en la calle se colocan en una nueva función que les permite al mismo tiempo tomar distancia y mantener la cercanía con el mundo de la calle, en una oportunidad real de formar parte del mundo de la intervención convencional. Sin embargo, más allá de esta intervención, ¿qué decir de los aspectos de reconocimiento y falta de reconocimiento que viven los jóvenes de la calle ?
Hors thème
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Droits des détenus, normalisation et moindre éligibilité
Dan Kaminski
p. 199–226
RésuméFR :
À l’invitation de la revue Criminologie pour son quarantième anniversaire, cette conférence, donnée le 7 novembre 2008, interroge la promotion contemporaine des droits des détenus dans un contexte sociopolitique qui fait la part belle à la moindre éligibilité. Une effectivité réellement normalisatrice des droits des détenus demande la levée d’obstacles politiques et culturels qui en appauvrissent aujourd’hui la portée.
EN :
Answering to the invitation of the journal Criminologie for its fortieth birthday, this conference, given on November 7th 2008, questions the contemporary promotion of the prisoners’ rights in a socio-political context which gives a good place to less eligibility. A really normalizing effectivity of the prisoners’ rights asks for the lifting of political and cultural obstacles which today impoverish their impact.
ES :
Elaborada a petición de la revista Criminologie en ocasión de su cuadragésimo aniversario, esta conferencia dictada el 7 de noviembre de 2008 cuestiona la promoción contemporánea de los derechos de los presos en un contexto sociopolítico que privilegia la menor elegibilidad. Una real estandarización de los derechos de los prisioneros requeriría de la eliminación de los obstáculos políticos y culturales que en la actualidad empobrecen su efecto.
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Relations professionnelles en établissement pénitentiaire
Valérie Moulin et Anne-Sophie Sévin
p. 227–248
RésuméFR :
Partant du constat d’une tendance au retrait des personnels de la zone de détention, en établissement pénitentiaire, au profit de l’investissement de postes qui ne les mettent pas en présence directe des détenus, cette recherche vise la compréhension de ce phénomène. Plus précisément, la recherche à partir de laquelle a été rédigé cet article a consisté à analyser ce qui génère de la conflictualité psychique chez les surveillants dans l’exercice de leur profession. À partir d’une modélisation de la conflictualité psychique dans l’exercice professionnel sur les coursives en établissements pénitentiaires, cet article dégage quatre positionnements professionnels des surveillants en maisons d’arrêt et leur fonction sur le plan psychique.
EN :
Based on observations revealing a trend among prison staff to invest positions away from the detention area, for the benefit of positions that do not involve working directly with inmates, this research seeks to understand this phenomenon. More precisely, the study from which this article is based consisted in analyzing what produces psychic conflict for detention officer when they are at work. From a modelling of psychological conflicts in the prison, this article details the identification of four professional positions and related psychic functions.
ES :
Luego de constatar que el personal de los centros de detención tiende a otorgar preferencia a los puestos que no incluyen contacto directo con los presos, esta investigación trata de explicar dicho fenómeno. En particular, el estudio en que se basa este artículo analiza el origen de los conflictos psíquicos del personal de los centros de detención relacionados con el ejercicio de sus funciones. A partir de la modelización de los conflictos psíquicos relacionados con la vigilancia en los pasillos de los establecimientos penitenciarios, el artículo define cuatro posicionamientos profesionales de los vigilantes y sus respectivos funcionamientos psicológicos.