Comptes rendus

David Karel, Peinture et société au Québec : 1603-1948, Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval et Éditions de l’IQRC, 2005, 154 p. (Explorer la culture.)[Notice]

  • Yvon Lemay

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  • Yvon Lemay
    Secteur gestion,
    Campus de Shippagan,
    Université de Moncton.

D’emblée, il est important de préciser que l’ouvrage de David Karel, professeur en histoire de l’art de l’Université Laval, a été publié dans la collection « Explorer la culture » dont l’objectif est « de tracer le portrait du développement culturel du Québec par l’exploration systématique de tous les secteurs de création culturelle, envisagés dans leurs dimensions historique, esthétique, sociale et territoriale ». Ainsi, dans l’esprit de cette collection, « chaque ouvrage veut présenter une description d’ensemble mais succincte de l’évolution du secteur considéré, dans un langage accessible à tous les lecteurs désireux de s’y initier sans rechercher un savoir encyclopédique ou spécialisé ». Il s’agit donc d’un ouvrage bref, de 154 pages, rédigé dans une langue simple, avec des renvois aux sources dans le texte, qui vise à répondre de manière synthétique à la question « Comment la peinture vint-elle au Québec ? ». Le chapitre un, Peindre au Nouveau Monde, fait état des premiers usages de la peinture des débuts de la colonie jusqu’à la fin du régime français. Usages cherchant principalement à satisfaire aux besoins du clergé. Les peintres étant surtout les serviteurs de l’Église et leur art, un « puissant instrument de la foi ». Le troisième chapitre, intitulé Confédération : grandeur et misère des peintres, porte sur une période déterminante où se développent les écoles d’art, les associations artistiques, les grandes expositions annuelles de peinture, les collections privées et publiques, les galeries commerciales et le discours critique. Parmi les nombreux thèmes traités dans ce chapitre, mentionnons : l’émergence de l’artiste peintre, l’enseignement de la peinture, la décoration qui est « la voie royale de la peinture québécoise entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle » (p. 87), la multiplication des genres et le régionalisme, un mouvement de portée internationale qui est « particulièrement présent au Québec à partir des années 1880 » (p. 97). Le dernier chapitre portant sur le XXe siècle est structuré selon les deux pôles qui marquent la pratique picturale au Québec jusqu’à la fin des années 1940. D’une part, il y a le modernisme progressiste, c’est-à-dire la succession de différents courants artistiques allant de l’expressionnisme à l’abstraction en passant par le cubisme et le surréalisme qui font sentir leur impact sur la pratique de plusieurs peintres, mais, en règle générale, « relativement longtemps après avoir dominé en Europe » (p. 113). D’autre part, il existe ce que l’auteur désigne comme le « modernisme rétrospectif » ou encore le « régionalisme moderniste », une esthétique « qui caractérise, au cours des années 1930, l’action de plusieurs peintres du Québec » (p. 125) ayant à coeur « de greffer aux thèmes traditionnels des formes modernistes » (p. 128). En plus de faire découvrir des aspects méconnus de la peinture au Québec, signalons entre autres le phénomène de « l’industrie féminine de la copie » exercée surtout par des religieuses « que l’histoire de l’art a relégué au second plan sous prétexte qu’il s’agit en majorité de copies, souvent anonymes » (p. 52), une lecture plus attentive permet de réaliser l’ampleur des liens que l’auteur tisse au fil des pages entre la peinture et la société. Les passages suivants auront tôt fait de nous en convaincre. « On voit dans quelle mesure l’image est elle-même le signe de la différence culturelle » (p. 11). « Il n’y avait pas, à l’époque, dans l’univers académique, de but plus élevé que ce genre de peinture [à propos de la peinture d’histoire] » (p. 27). « La peinture acquiert, à partir des années 1870, une dimension sociale …