Présentation du numéro[Notice]

  • Michel Duchesneau

Ce numéro a pour objectif de mettre en scène la diversité des objets de recherche et des approches scientifiques favorisée par l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (oicrm). Il est évident que ce numéro ne peut à lui seul représenter l’ensemble de cette diversité. Cependant, il témoigne de manière éloquente de l’ouverture de la recherche en musique qui se manifeste depuis plusieurs années à l’oicrm. Il est aussi évident que cette diversité n’est pas le seul fait de l’oicrm et la recherche en musique en général se distingue aujourd’hui par cette diversité, mais il me semble important de souligner que les chercheur·euse·s de l’oicrm ont une part active au Québec et au-delà des frontières de la province dans cette expansion de l’univers de la recherche en musique. Ce numéro est aussi l’occasion d’illustrer la mission du centre de recherche qui concentre ses efforts autour des sciences humaines. Et si la technologie est convoquée dans de nombreux projets, comme dans les études d’Ons Barnat et de Jonathan Goldman, elle est présente pour ce qu’elle apporte comme moyen afin de réfléchir à d’autres enjeux – par exemple, les changements opérés par l’usage de la stéréophonie dans l’écoute musicale ou encore l’évolution du style d’un groupe comme les Beatles. La diversité disciplinaire transparaît très clairement à travers le numéro. L’article d’Ons Barnat consacré à l’enregistrement audionumérique comme processus d’internationalisation et de mise en marché des musiques afrocolombiennes au xxie siècle propose une approche fondamentalement ancrée en ethnomusicologique, même si le terrain n’est autre que le studio d’enregistrement urbain, puisqu’il enquête sur les labels discographiques indépendants dans la ville de Bogota. Dans l’article de Charlene Ryan, Hélène Boucher and Gina Ryan, c’est sur les bases de la pédagogie musicale que les autrices explorent la relation professeur·e·s/élèves et la manière dont ces derniers abordent le phénomène de l’anxiété dans la préparation au récital. C’est d’ailleurs dans cette sphère disciplinaire que ce numéro accueille une contribution libre de Sarah Chardonnens Lehmann, consacrée à une analyse des stratégies que les professeur·e·s d’instrument mettent en place pour développer des compétences autorégulatives chez les élèves. L’analyse musicale, champ d’études proprement musicologique, est au coeur du texte de Sylveline Bourion qui se consacre à la forme rondo dans l’oeuvre pianistique de Mozart. Étude systématique, elle offre une nouvelle perspective sur la trompeuse simplicité de certaines musiques et donne ainsi autant aux musicologues qu’aux interprètes de nouvelles clés de compréhension du répertoire. La musicologie est représentée fort différemment dans l’article de Jonathan Goldman qui étudie la « dimension musicale » des premiers spectacles son et lumière organisés en France à partir des années 1950 et dont les dispositifs stéréophoniques ont modifié l’écoute musicale du grand public. L’histoire des événements, des techniques et des genres mène à une analyse des transformations des aptitudes d’écoutes et d’une nouvelle relation qui naît entre musique et espace. L’étude de Danilo C. Dantas aborde la musique par un chemin qui nous semble devenu essentiel lorsque l’on pense à la recherche en musique, soit celui des sciences de la gestion. En s’interrogeant sur la manière dont on peut analyser comment les musicien·ne·s construisent leur image de marque, l’auteur ouvre la porte à une autre façon de concevoir les mécanismes à l’oeuvre dans la constitution de la carrière musicale que celle que propose, par exemple, la sociomusicologie à travers les études sur les métiers de la musique. On ne peut penser à un numéro sur la diversité de la recherche en musique à l’oicrm sans qu’il y ait une réflexion en lien avec la recherche-création. C’est ainsi …

Parties annexes