Mutualisation de ressources éducatives numériques (REN) et libres (REL) en enseignement supérieur : pourquoi, pour qui et comment?Sharing Open Education Resources (OER) in Higher Education: Why, for Whom and How[Notice]

  • Pascale Blanc,
  • Isabelle Laplante et
  • Cathie Dugas

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Devant la présence constante du numérique dans leur propre vie et la généralisation de son déploiement dans le monde de l’éducation, les enseignants sont de plus en plus nombreux à chercher à en tirer parti pour diversifier leurs stratégies pédagogiques et à l’utiliser pour soutenir l’apprentissage de leurs étudiants. Pour leur faciliter la tâche, il est donc primordial de leur donner accès à des ressources éducatives numériques (REN) de qualité, de leur procurer l’information pour qu’ils s’approprient rapidement leurs usages afin de s’en servir dans leur cours et enfin de les former de façon continue aux nouvelles approches didactiques et technopédagogiques. Pour qu’ils soient en mesure d’utiliser adéquatement les ressources d’autrui, il faut que les enseignants maîtrisent les connaissances liées à la propriété intellectuelle, au droit d’auteur et aux licences. Pour augmenter le patrimoine de ressources existantes pouvant être adaptées à tout contexte d’enseignement, époque et environnement linguistique, il est nécessaire d’encourager les enseignants à produire des ressources éducatives libres (REL) et à utiliser des licences libres permettant des droits d’adaptation et d’utilisation gratuits. Pour toutes ces raisons, l’approche pour la mutualisation des REN et des REL est importante. Il semble que la période actuelle y soit plus propice. En effet, l’enjeu lié aux ressources numériques, à leur recherche et à leur réutilisation n’est pas nouveau en éducation. Dès la fin des années 90, des initiatives de constitution de répertoires cataloguant des « ressources d’enseignement et d’apprentissage (REA) » ont vu le jour. Aux États-Unis, le projet MERLOT, débuté en 1997 à l’Université d’État de Californie, a constitué une des premières initiatives en répertoriant des logiciels auteurs. Au Canada, le projet eduSource (2002-2004), financé par CANARIE, a permis de relier en réseau six référentiels de ressources provenant d’universités canadiennes. Au Québec, la Vitrine technologie-éducation (VTÉ) proposait au réseau collégial un catalogue de REA dès 2003 et le Centre de documentation collégiale (CDC), un catalogue de ressources sur l’enseignement et l’apprentissage dès 2016. De son côté, le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) accompagne depuis 1993 les enseignants dans la production de REN qu’il rend accessibles par le biais de son catalogue en ligne. Bien que depuis 2012, l’Organisation des Nations Unies pour la science, l’éducation et la culture (UNESCO) demande aux gouvernements d’encourager la production de REL (UNESCO, s.d.) pour soutenir « une éducation de qualité équitable, inclusive, ouverte et participative », force est de constater que les REL sont encore peu nombreuses en enseignement supérieur. Ainsi, en mai 2018, elles constituaient respectivement 6 % des 82 000 REN de MERLOT et 16 % des 52 000 REN d’OER Commons (Blanc et Guay, 2018), deux catalogues très populaires aux États-Unis. Rappelons que les REL concernent des matériels d’enseignement, d’apprentissage et de recherche appartenant au domaine public ou publiés sous une licence ouverte permettant des droits de reproduction, réutilisation, révision, adaptation et redistribution gratuits, cela pour des formats aussi divers que : cours complet, matériel de cours, module, manuel de cours, vidéo, logiciel, photo, graphique, test, animation, etc. Au Québec, en 2017 pour les universités québécoises (Blanc, 2017) et 2018 pour le réseau collégial (Champoux, 2018), on constatait le peu de démarches en cours pour produire et partager des REL. On constatait également pour divers intervenants du réseau collégial une confusion entre les REA, les REL et les documents didactiques et pédagogiques, tout comme le besoin d’un dépôt institutionnel pour partager les ressources qu’ils créaient. À la suite de ces constats et remarquant l’importance des REN pour la qualité des apprentissages, la VTÉ, le CDC et le CCDMD ont soumis conjointement au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur …

Parties annexes