Comptes rendus

Antoine Pécoud et Paul de Guchteneire (dir.), Migrations sans frontières : essais sur la libre circulation des personnes, Paris, Éditions UNESCO, 2009 [2007], 383 p.[Notice]

  • Diane Bachand

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  • Diane Bachand
    Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), Chargée de programme et spécialiste des questions d’égalité femmes-hommes

À l’heure de la mondialisation, de l’intensification des échanges commerciaux et culturels, de l’instantanéité des informations à l’échelle planétaire et de la prédominance des réseaux sociaux de communications, nous serions à même d’imaginer un monde où les individus sont libres de circuler, de travailler, de résider dans le territoire de leur choix. De plus en plus de citoyens et citoyennes se définissent à partir d’une identité plurielle, continentale, voire mondiale ; l’appartenance à la nation n’est plus le seul référent de base et la mobilité géographique, linguistique et culturelle caractérise la trajectoire d’un nombre croissant de personnes. Dans ce nouveau contexte, les États se sont rapidement adaptés principalement aux exigences du marché en libéralisant les échanges commerciaux, en favorisant la libre circulation des marchandises et en assouplissant les lois nationales et les politiques fiscales permettant aux entreprises multinationales de s’installer sur leur territoire ou de sous-traiter à faibles coûts des entreprises locales. Mais qu’en est-il de la libre circulation des personnes ? Bien que les pays industrialisés comptent sur une population immigrante pour combler leur déficit démographique, occuper des emplois sous-rémunérés et assurer la survie de programmes sociaux comme les fonds de retraite, la santé et l’éducation, ils ont plutôt tendance à contrôler davantage leurs frontières, à limiter et complexifier le processus de reconnaissance de la citoyenneté des immigrants. Sous le couvert de l’idéologie de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme, on stigmatise « l’étranger », le soupçonnant de troubler la paix sociale et de rompre le consensus et les valeurs nationales. Le présent ouvrage, publié dans le cadre d’un projet de recherche proposé par l’UNESCO, a le mérite de relancer le débat sur l’immigration, processus historique et mécanisme indispensable de reproduction des sociétés développées et alternative à l’absence d’opportunités dans les pays en voie de développement. L’immigration en tant que phénomène irréversible et intimement lié à la globalisation et ses effets pernicieux sur les populations défavorisées, mais également l’immigration perçue comme vecteur de changement ; la construction d’un monde différent, plus ouvert, égalitaire où la coopération accrue entre les États et les individus générerait une « plus-value » sociale, culturelle et une nouvelle éthique du vécu collectif grâce entre autres à la reconnaissance du droit à la mobilité des citoyens et citoyennes du monde. Ce livre constitue une référence de premier choix pour ceux et celles qui s’intéressent aux questions d’immigration, aux enjeux de la mondialisation, aux droits humains, à l’inévitable relation entre les inégalités Nord-Sud, l’aide au développement et les politiques nationales d’immigration. Son intérêt réside dans la multiplicité des points de vue, la qualité des analyses qui abordent l’immigration autant par le biais des approches économiques, politiques, juridiques et sociales. Finalement, la diversité d’origine et d’expertise des auteurs confère à ce livre un caractère multinational – dans le sens positif du terme ! – et universel – dans la mesure où la perspective des pays d’émigration et d’immigration est prise en compte. « Cet ouvrage explore le scénario des “migrations sans Frontières” (MSF) et étudie les implications éthiques, des droits de l’homme, économiques et sociales de la liberté de circulations des personnes. » La première partie du volume aborde les questions plus théoriques qui entourent l’ouverture des frontières ; historique des mouvements de personnes, fondements économiques et politiques de l’immigration, liens entre immigration, pauvreté et pays en développement. L’analyse des impacts et nouveaux enjeux reliés à la mondialisation, l’élaboration d’un droit à la mobilité, les arguments éthiques et économiques pour la liberté de mouvement sont autant de théories développées et d’approches qui militent pour un changement fondamental du rôle de l’État ; un …

Parties annexes