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Seleskovitch, Danica et Lederer, Marianne (2014) : Interpréter pour traduire. Paris : Les Belles Lettres, 432 p.[Notice]

  • Marco A. Fiola

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  • Marco A. Fiola
    Ryerson University, Toronto, Canada

L’édition d’Interpréter pour traduire qui paraissait en 2014 chez Les Belles Lettres est la cinquième mouture de cet ouvrage qui présente les fondements de la Théorie interprétative de la traduction (TIT). Publié en 1984, puis réédité en 1986, en 1993 et en 2001 aux Publications de la Sorbonne, l’ouvrage était depuis peu épuisé, et c’est pour le rendre de nouveau accessible aux étudiants, chercheurs et pédagogues que les codirecteurs de la collection Traductologiques, Jean-René Ladmiral et Jean-Yves Masson, présentent l’ouvrage revu et corrigé. Il n’est pas inintéressant de souligner que c’est pour la même raison que l’ouvrage avait été publié la première fois en 1984. En effet, Interpréter pour traduire est une collection d’articles parus dans des revues et de textes de communications, dont certains avaient été publiés dans des actes de colloque. Ces textes, qui datent de 1965 à 1982, sont regroupés en trois parties, sous les thèmes Qu’est-ce que traduire ? (1973-1982), L’enseignement de l’interprétation (1965-1981) et La traduction et le langage (1978-1982). La première partie, dans laquelle les auteures posent les assises de la TIT, aussi appelée Théorie du sens, ou encore Théorie de l’École de Paris (Herbulot 2004 : 307), compte pour presque la moitié du livre. Quelque 110 pages sont par la suite consacrées à la didactique de la traduction, et finalement ce sont environ 70 pages qui ouvrent sur les applications possibles de la TIT au-delà des paramètres de la traduction à proprement parler. Cette mise en situation permettra au lecteur de replacer chaque chapitre-article dans le contexte historique qui lui est propre, car si la traduction est millénaire, les origines de la traductologie ne remontent qu’à quelques décennies, et les avancées qu’a connues cette science interdisciplinaire sont remarquables compte tenu de la relative jeunesse de notre discipline. De prime abord, il convient de saluer l’idée de vouloir rendre ces textes encore une fois accessibles aux étudiants en les publiant de nouveau, mais chez un nouvel éditeur. Toutefois, si nous accueillons favorablement l’idée, on peut se demander si les principaux intéressés ont discuté de l’idée de republier ces articles, ou encore l’ouvrage entier, en format numérique, ce qui aurait pu en faciliter davantage la diffusion. Cependant, une édition numérique aurait pu nous priver de la préface (29 pages) de Jean-René Ladmiral et de la postface (4 pages) de Marianne Lederer. Étant donné qu’il s’agit d’une réédition, je me contenterai d’en analyser les ajouts qui y ont été apportés ou qui, à mon avis, brillent par leur absence. En commençant par la fin, donc par la postface, Marianne Lederer présente rapidement certaines des avancées les plus récentes de la TIT, notamment son application à la traduction littéraire ; effectivement, Interpréter pour traduire est remarquablement muet sur ce sujet, ce qui tranche nettement avec les autres traités de traduction de la même époque. La traduction de textes pragmatiques y occupe donc la place de choix. En outre, la TIT avait pour particularité, à l’époque de sa fondation, de se détacher nettement de la linguistique et de l’analyse du langage (il n’était guère alors question de pragmatique). L’inclusion de la traduction littéraire dans le giron de la TIT contemporaine est des plus salutaires, car si à l’origine de la TIT les auteures soutenaient que le sens du texte se limitait essentiellement au discours, sans tenir compte de la forme, au fil des années, Fortunato Israël a été admis dans le cercle étroit de la TIT, où il a pu mettre la TIT au banc d’essai de la traduction littéraire. Ces travaux ont donc révélé que la forme aussi « fait sens » et, perceptible, ce contenu …

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