Éditorial[Notice]

  • Sylvie Vandaele

Ce premier numéro de 2014 clôt mon mandat à la direction de Meta. Voilà six années riches et bien remplies. Ce fut exigeant, mais combien passionnant et gratifiant ! La sortie de chaque numéro est source d’une profonde satisfaction, et nous avons été très sensibles aux remerciements des auteurs à l’égard du travail accompli. À tous et toutes, auteurs, relecteurs, membres des comités, assistants et collaborateurs des PUM et d’Érudit, j’adresse une dernière fois mes remerciements sincères, ainsi qu’aux entités qui nous ont appuyés (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, Fonds de recherche québécois pour la société et la culture, Université de Montréal). Le dernier éditorial de 2013 était plus particulièrement consacré au travail éditorial. Dans celui-ci, je porterai mon regard sur le contexte actuel de la diffusion savante et sur certains défis à relever. Ce qui suit n’a pas la prétention d’être le fruit d’une recherche scientifique, mais plutôt une réflexion sur quelques questions clés. Certains chercheurs ont pour objets d’études les modes de transmission savants : à eux revient le travail d’analyse rigoureux qui permettra de répondre avec pertinence aux problématiques actuelles. Diriger une revue, surtout lorsqu’elle reçoit autant de soumissions que Meta, c’est être aux premières loges de l’évolution d’une discipline. C’est aussi être à l’avant-scène de l’évolution de l’édition savante, particulièrement dans les sciences humaines. Or, ces dernières années ont vu une évolution importante du monde de la recherche et de la publication savante. Voici quelques points de repères qui ont un effet certain sur la diffusion de la recherche : la présence croissante, dans de nombreux domaines du savoir, de l’entreprise privée, qui s’associe de plus en plus aux chercheurs universitaires dans le cadre de projets de recherche partiellement subventionnés par les organismes nationaux ; l’élargissement de l’usage des facteurs d’impact pour évaluer non seulement les revues, mais aussi les chercheurs et les institutions ; l’instauration de listes de classement nationales et supranationales des revues savantes ; l’incitation croissante à publier en anglais dans les pays non anglophones – ce qui n’est pas nouveau dans certaines sphères d’activité, mais relativement récent dans d’autres ; la diffusion libre des articles issus de la recherche sur Internet. Les partenariats entre entreprises et universités ont pour objectif de faire bénéficier la société des retombées commercialisables de la recherche. À ce titre, ils contribuent de manière importante au transfert des savoirs et à l’activité économique d’un pays. L’intérêt de ces pratiques n’est plus à démontrer, mais il ne faut pas en sous-estimer les failles : ainsi, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU), relayant le rapport Regards sur l’éducation 2013 émis par l’Organisation de coopération de développement économique (OCDE), a-t-elle récemment souligné qu’un déséquilibre des financements universitaires en faveur du privé mettait en péril la « liberté académique » : « Le fait que les universités soient encouragées à compter davantage encore sur la contribution de l’entreprise privée est […] préoccupant à l’égard de la liberté académique » (FQPPU 2013). Qu’est-ce que la liberté académique ou, si l’on veut éviter l’anglicisme, universitaire ? Dans un bulletin de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) paru en octobre 2003, Victor Catano la définit ainsi : L’exercice de la liberté universitaire est donc indissociable des débats qui animent les différentes communautés des chercheurs. Elle se traduit notamment par les publications savantes, articles, livres et collectifs, qui s’apparentent, jusqu’à un certain point, à une vaste discussion sur l’objet scientifique. Cette discussion est, en principe, autorégulée par l’examen par les pairs, qu’il s’agisse d’articles ou de projets, et dont l’exercice est balisé pour en éviter …

Parties annexes