Dossier

PrésentationDu nominalisme d’Ockham à l’histoire de la philosophie selon Claude Panaccio[Notice]

  • Claude Lafleur

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  • Claude Lafleur
    Faculté de philosophie et Institut d’études anciennes et médiévales, Université Laval, Québec

La pertinence philosophique caractérise l’ensemble du cheminement intellectuel de Claude Panaccio. Le statut de Claude Panaccio comme interprète phare, sur le plan proprement philosophique, de l’oeuvre du franciscain anglais Guillaume d’Ockham, alias le célèbre « Vénérable incepteur » (en théologie) au xive siècle, est internationalement attesté par la référence obligée qu’il est devenu depuis longtemps en regard de la pensée ockhamienne, particulièrement en théories de la connaissance et de l’esprit, ainsi qu’en sémantique (incluant la logique) et en épistémologie — une « autorité » (auctoritas) que font fortement résonner les nombreuses contributions contenues dans un magnifique volume récemment publié en l’honneur du Professeur Panaccio. Il faut savoir que — préparés, accompagnés et complétés par de nombreux articles — quatre livres de Claude Panaccio jalonnent principalement son approche à la fois originale, stratégique et méthodique de l’oeuvre d’Ockham. En 1991, coup d’envoi monographique longuement réfléchi et percutant à l’extrême, le livre Les mots, les concepts et les choses. La sémantique de Guillaume d’Occam et le nominalisme d’aujourd’hui  a tout à la fois illustré et établi une nouvelle méthode en philosophie — le « reconstructionnisme » — et, sur cette base précise, engagé un fructueux dialogue entre, d’une part, les doctrines médiévales d’Ockham (premièrement sur le langage mental, deuxièmement sur la signification et la vérité, troisièmement sur la sémantique des prédicats généraux) et, d’autre part, celles, contemporaines et correspondantes, chez trois leaders de la philosophie analytique : Jerry Fodor (aussi psychologue cognitiviste), Donald Davidson et Nelson Goodman. En 1999, Le discours intérieur de Platon à Guillaume d’Ockham a prouvé que son auteur pouvait fournir une contribution de premier plan à l’histoire des idées dans la longue durée (chez Aristote, les Stoïciens, Philon, Plutarque, Porphyre, Plotin, la Gnose, Augustin, Boèce, Ammonius, Damascène, Anselme, etc.), tout en démontrant que le Vénérable incepteur se démarquait de cette tradition par sa façon — absolument résolue et systématique — de prendre au sérieux la théorie d’un véritable langage naturel (donc universel) de la pensée, justiciable alors d’une analyse logico-syntaxique analogue à celle dynamiquement appliquée, depuis le xiie siècle par les scolastiques occidentaux, à une langue conventionnelle comme le latin. Mondialement sur la sellette, il restait à Claude Panaccio la tâche de rectifier des erreurs herméneutiques tenaces véhiculées principalement par certains ténors américains de l’interprétation de la philosophie ockhamiste. D’où, en 2004, le magnifique Ockham on Concepts, paru dans la langue utilisée par les principaux lecteurs visés par ses neuf chapitres denses et décapants sur l’intuition, l’abstraction et le langage mental, sur les actes intellectuels et leur combinaison, sur les concepts comme signes, sur les termes connotatifs dans le langage mental, sur le rôle des définitions nominales, sur la connaissance et la connotation, sur les concepts comme similitudes, sur les concepts logiques et sur la signification des mots ; un livre mature et bien ciblé, qui a rempli sa fonction. Dans cette foulée, le monde francophone a eu droit, en 2011, au synthétique Qu’est-ce qu’un concept ?, abordant clairement la question des « unités de la pensée », de la « réalité des concepts », de la « catégorisation », de la « représentation », des « concepts lexicaux » et des « concepts naturels », le tout complété par des traductions commentées de textes clés de Guillaume d’Ockham et de Jerry Fodor sur la conceptualisation (d’où il ressort, comme l’annonçait Les mots, les concepts et les choses, que la psychologie cognitive de Fodor pourrait éviter les impasses qu’elle identifie en s’inspirant des développements théoriques bien compris d’Ockham sur le mentalais). Depuis plus de vingt-cinq ans, Claude Panaccio (continuiste « reconstructionniste …

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