Recensions

François-Xavier Amherdt, Innocent Himbaza, Félix Moser, Mariage et bénédiction. Apports bibliques et débats en Église. Paris, Les Éditions du Cerf (coll. « Patrimoines »), 2018, 277 p.[Notice]

  • Ângelo Cardita

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  • Ângelo Cardita
    Université Laval, Québec

L’ouvrage rassemble trois textes. Le premier, d’Innocent Himbaza, présente le mariage et la bénédiction d’un point de vue biblique. Le second, de François-Xavier Amherdt, expose la vision catholique du mariage comme vocation d’alliance. Le troisième, de Félix Moser, offre une synthèse de la théologie du mariage du point de vue protestant. Une introduction et une conclusion encadrent l’ensemble. Selon l’introduction, la problématique générale serait celle d’une « période de transition » marquée par le passage d’une définition hégémonique et normative du mariage comme « l’union de l’homme et de la femme » vers une redéfinition dont la nature demeure à préciser. Bien que les expressions utilisées dans l’introduction ne soient pas entièrement claires, un objectif un peu plus précis se dégage néanmoins : « Afin de contribuer à ce débat dans les Églises, les auteurs de ce livre entendent préciser le sens et les enjeux des gestes qu’on pose et des paroles qu’on prononce lors d’un mariage “religieux” ou lors d’une bénédiction d’une personne, d’un couple ou d’une communauté » (p. 8). L’ouvrage est donc à apprécier à la lumière des deux aspects impliqués dans ce but : 1) la contribution au débat qui devrait normalement accompagner une période « de transition » ; 2) l’analyse des gestes et des paroles du mariage religieux chrétien ou d’une bénédiction matrimoniale chrétienne. Dans sa contribution, Innocent Himbaza s’efforce d’exposer la complexité du mariage dans la Bible. Il se concentre sur le récit de la Genèse (2,21-24), reconnaissant sa portée programmatique, malgré le fait qu’« il n’est ni le plus ancien récit biblique ni le plus ancien sur la question du mariage. Sur cette question, il reflète plutôt une prise de position assez évoluée qui promeut un idéal à l’époque de la rédaction » (p. 17). L’auteur poursuit avec la présentation des mariages bibliques : Abraham avec Sara, Hagar et Qetoura ; Isaac avec Rébecca ; Jacob avec Léa et Rachel ; la demande de mariage de Sichem ; Samson et la femme Philistine ; les mariages de David et de Salomon ; celui de Booz avec Ruth ; Tobias avec Sara. On n’oublie pas le « mariage de rêve » (p. 35) du Cantique des cantiques, ni l’importance de la métaphore nuptiale pour les prophètes, particulièrement chez Osée, Jérémie et Ézéchiel. L’application de la métaphore nuptiale aux rapports entre Dieu et le peuple ne pouvait qu’exercer en retour une influence sur la conception du mariage. Connoté à l’Alliance entre Dieu et son peuple, le mariage commencera à être considéré du point de vue de la fidélité/infidélité. Ce qui a conduit le prophète Malachie à considérer comme inacceptable la répudiation. Selon l’auteur, les récits sur le couple « le plus célèbre » (p. 49) du Nouveau Testament, Joseph et Marie, laisseraient apparaître les coutumes juives de l’époque. De particulière importance, dans le contexte du Nouveau Testament, sont les propos de Jésus : lorsqu’il prend position quant au divorce : Mt 5,27-28.31-32 ; 19,3-12 (Himbaza exclut les versets 10-12, alors qu’ils concernent le mariage et les eunuques pour le royaume) et les parallèles Mc 10,2-12 ; Lc 16,18) et lorsqu’il répond à une question sur la loi du lévirat (Mt 22,23-30 et les parallèles Mc 12,18-25 ; Lc 20,27-36). Toutefois, le mariage dans les premières communautés chrétiennes a suscité d’autres questions pour lesquelles on n’avait pas « d’ordre du Seigneur » (1 Co 7,25). Ainsi, Paul n’hésite pas à donner des avis personnels. Le corpus paulinien nous offre aussi le « code domestique » de la lettre aux Éphésiens (5,22-33 ; 6,1-9) soulevant la difficile question de l’asymétrie entre la soumission de la femme …