Recensions

Jean-Marc Vercruysse, dir., Ponce Pilate. Arras, Artois Presses Université (coll. « Graphè », 22), 2013, 214 p.[Notice]

  • Jocelyn Plamondon

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  • Jocelyn Plamondon
    Université Laval, Québec

Ponce Pilate, préfet romain de la province de la Judée, est surtout connu comme celui qui a condamné Jésus de Nazareth au supplice de la croix. N’eut été du procès du Nazaréen, ce magistrat romain serait probablement tombé dans l’oubli. Quoi qu’il en soit, cet obscur personnage est passé à l’histoire comme responsable de la mort de Jésus, mais aussi comme un lâche ou un homme rempli de remords. Dans Ponce Pilate, Jean-Marc Vercruysse a rassemblé treize études, provenant d’autant d’auteurs, afin d’esquisser un portrait, souvent contrasté, de Ponce Pilate et de sa femme Procula. Relevant de l’histoire, de la littérature ou de la théologie, les chapitres de l’ouvrage ont pour but de faire connaître un personnage mal connu, voire méconnu, autant du grand public que d’un lectorat spécialisé. Dès le premier chapitre, Simon Claude Mimouni résume la situation socio-économique et politique qui prévalait au premier siècle de notre ère en Palestine sous la domination romaine pour ensuite entrer dans le vif du sujet, soit la préfecture de Ponce Pilate et les multiples difficultés politiques auxquelles il a dû faire face, de même que son implication dans la comparution et la condamnation de Jésus de Nazareth. Dans le deuxième chapitre, Rémi Gounelle propose une étude du développement de la figure de Ponce Pilate dans la littérature apocryphe chrétienne du ive siècle, surtout à partir des Actes de Pilate. La figure du procurateur romain chez les auteurs patristiques fournit le thème du texte suivant, signé par Anne-Catherine Baudoin, auteure d’une importante thèse consacrée à Ponce Pilate et dans lequel elle analyse son rôle en tant que gouverneur, juge et Romain. Quant à Jacques-Noël Pérès, il exploite l’iconographie éthiopienne pour nous présenter un Ponce Pilate qui fut canonisé par les chrétiens d’Éthiopie à la suite de son martyre. Le cinquième texte du recueil est celui de Marie-Geneviève Grossel qui a examiné la réception et la mise en perspective du personnage de Pilate au Moyen Âge. Elle conclut que « la figure de Pilate est marquée par une ambivalence qui l’a rendue fort plastique aux yeux des dramaturges » (p. 80). Corinne Meyniel, quant à elle, révèle le côté sombre et ambigu de Ponce Pilate à travers les yeux de deux auteurs tragiques du théâtre français du xviie siècle. L’époque moderne a aussi connu ses interprétations et ses réinterprétations de la figure du procurateur romain. Ainsi, Sylvie Triaire compare Le procurateur de Judée d’Anatole France avec les récits de Victor Hugo, dont La fin de Satan navigue entre les repères évangéliques et les motifs proprement hugoliens, et d’Ernest Renan qui, dans sa Vie de Jésus, adopte un point de vue qui n’est pas si différent de celui du sceptique France. Alexandra Ivanovitch se penche sur le jugement de Ponce Pilate, tel qu’il est évoqué dans l’ouvrage de Mikhail Boulgakov, Le Maître et Marguerite. Outre son analyse de la figure du procurateur, elle s’interroge sur le lien entre les écrits canoniques et apocryphes du célèbre roman de l’époque soviétique. Dans L’Homme et le sacré, abordé par André-Alain Morello, Roger Callois s’est plu à imaginer un Pilate qui n’a jamais fait crucifier Jésus et l’a même remis en liberté. Le domaine du cinéma et de la musique n’est pas en reste puisqu’Érik P. Rossi s’est penché sur la question de la véracité historique, de l’invention et de la réinvention du personnage de Ponce Pilate au cinéma, alors que Beat Föllmi a fait le même exercice en analysant le rôle secondaire qu’a occupé Pilate dans les différentes oeuvres musicales. Enfin, Marjolein Van Tooren s’est appliquée à analyser la figure …