Recensions

George Chemparathy, La Bible et le Veda comme parole de Dieu. Un essai en théologie comparée. Vienne, George Chemparathy, éd. (agent négociateur : De Nobili Research Library, Vienna University), 2010, 373 p.[Notice]

  • André Couture

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  • André Couture
    Université Laval, Québec

Le but de cet essai est double, peut-on lire dans l’avant-propos : « En premier lieu, il tente de faire connaître, surtout aux historiens et aux phénoménologues des religions, la théorie des penseurs hindous des systèmes Nyāya et Vaiśeṣika selon laquelle le Veda est la parole de Dieu dans le sens le plus strict du mot. En second lieu, il vise à faire une comparaison entre la Bible et le Veda en tant que ces deux Écritures sacrées, respectivement du christianisme et de l’hindouisme, sont dites “parole de Dieu” » (p. xv). George Chemparathy est à la fois indianiste et théologien, et c’est la raison qui l’autorise à embrasser un champ aussi vaste. Il se propose de rendre compte des positions des penseurs qui se réclament des systèmes de pensée Nyāya et Vaiśeṣika concernant le statut du Veda, et il le fait de main de maître. Puis, en tant que théologien, il procède à une comparaison systématique et nuancée de la position catholique avec celle qu’il découvre en Inde. Il insiste pour dire qu’il ne suffit pas de reconnaître des similitudes entre les deux positions que l’on souhaite comparer. Pour faire comprendre que ces paroles de Dieu ont été conceptualisées de part et d’autre de façon si différente, il faut cerner les différences de contexte culturel, linguistique, religieux, de façon à bien établir la spécificité de ces discours. Comme le point de vue hindou reste peu connu des spécialistes occidentaux (phénoménologues et historiens des religions autant que théologiens chrétiens), on comprend que l’auteur prenne d’abord le temps de bien le présenter. Cela dit, c’est rendre justice à ce livre que de reconnaître que les préoccupations qui s’y manifestent sont d’abord celles d’un « théologien chrétien qui fait une réflexion théologique sur le phénomène religieux appelé Veda » (p. 89), plus précisément celles d’un « théologien catholique » (ibid.). Le professeur George Chemparathy est en effet docteur en philosophie de l’Université de Vienne et de lettres de l’Université d’Utrecht et a fait carrière d’indianiste à cette dernière université. Il est également docteur de théologie de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve, et ce livre provient plus précisément de la thèse qu’il a soutenue en juin 1977 à cette dernière université et qui était intitulée « Veda and Bible as “Word of God” : An Essay in Theological Comparison » (p. xxvi). L’avant-propos précise en outre que la première partie de ce livre, soit les six premiers chapitres (« Le Veda comme parole de Dieu »), visant à faire l’histoire du développement de la doctrine Nyāya-Vaiśeṣika du Veda comme parole de Dieu, proviennent directement de cette thèse inédite, tandis que la deuxième partie (« Une comparaison théologique du Veda avec la Bible ») en est une version complètement remaniée (ibid.). Le professeur Julien Ries s’est fait à l’époque le promoteur de cette thèse. Il n’est pas étonnant qu’il en fasse la présentation en tant que directeur du Centre d’histoire des religions de cette université (p. xi-xiv) et que ce soit à lui que ce livre ait été dédié. En raison de circonstances « imprévues et défavorables » (p. xxvii), la publication de ce livre, qui était terminé en 1995, a dû être différée, ce qui explique d’évidentes lacunes dans la bibliographie. Ce livre a également dû être abrégé, ce qui semble expliquer par exemple qu’on ne trouve pas dans les notes la version originale de certains textes. Dans un bref compte rendu d’un petit livre du même auteur intitulé L’autorité du Veda selon les Nyāya-Vaiśeṣikas et publié en 1983, je disais que ce texte était « …