Résumés
Résumé
Quel est le statut de la parole croyante (et, par extension, de la parole de conviction) dans des sociétés marquées par la pluralité morale et religieuse ? Comment l’auditoire pluriel peut-il recevoir le discours croyant ? Par ailleurs, comment un locuteur croyant peut-il conjuguer la sortie de soi vers l’autre avec l’affirmation de soi, de sa spécificité croyante ? Ces questions renvoient au « que faire ? » et au « comment parler ? » pour maintenir vivante et vivable la tension entre l’affirmation de la conviction et la contribution à la cohésion sociale. Il existe une réflexion « rhétorique » à ces questions, et ce en dépit du jugement négatif accolé, en modernité, à l’art de persuader par le discours. C’est donc sous les auspices de la rhétorique que j’aborderai ces questions. D’abord je plaiderai, à la suite d’auteurs contemporains, pour un retour en grâce de la rhétorique bien comprise. Celle-ci peut offrir un cadre théorique heuristiquement fructueux pour comprendre la parole croyante en régime de démocratie libérale. La rhétorique ne se réduit pas à la manipulation idéologique, loin s’en faut. En second lieu, deux modèles de prise de parole croyante dans l’espace public (les modèles de Hollenbach et O’Malley, élaborés à partir d’une réflexion sur Vatican II) seront discutés.
Abstract
What is the status of faith-based discourse (and by extension, of the discourse of conviction) in societies characterized by a plurality of moral and religious options ? How do the various factions found within a pluralized public setting receive faith-based discourse ? Moreover, how does a faith-based speaker square the self-affirmative move towards the other with his or her own particular beliefs ? These concerns raise the questions of “what one should do” and “how one should speak” in order to maintain a lively and liveable tension between affirming one’s convictions, on the one hand, and nurturing social cohesion, on the other. Despite the negative judgement which has been cast upon the art of persuasion since the beginning of modernity, a rhetorical approach to these questions is possible ; one which I will endeavour to demonstrate in this article. I begin by pleading, along with many other contemporary authors, for a return to a right understanding of rhetoric. The art of persuasion offers a fruitful theoretical framework for developing a heuristics aimed at understanding faith-based discourse in the context of liberal democracy. Rhetoric can in no way be reduced to mere ideological manipulation. I continue reflecting on these questions by presenting two models for faith-based discourse in the public sphere, viz., the models proffered by Hollenbach and O’Malley, both of whom reflect on Vatican II.