Note critique

L’exercice théologique aujourd’huiAutour d’un livre de Pierre Gisel[Notice]

  • Pierre Gisel,
  • Guy Jobin,
  • Raymond Lemieux,
  • François Nault et
  • Jean Richard

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  • Pierre Gisel
    Faculté de théologie et de sciences des religions
    Université de Lausanne

  • Guy Jobin
    Faculté de théologie et de sciences religieuses
    Université Laval, Québec

  • Raymond Lemieux
    Faculté de théologie et de sciences religieuses
    Université Laval, Québec

  • François Nault
    Faculté de théologie et de sciences religieuses
    Université Laval, Québec

  • Jean Richard
    Faculté de théologie et de sciences religieuses
    Université Laval, Québec

La Faculté de théologie et de sciences religieuses entretient depuis longtemps déjà un dialogue fructueux avec Pierre Gisel et son oeuvre. À titre d’exemple, au moment du changement de nom de la Faculté, à la fin des années 1990, la réflexion des professeurs de la Faculté s’était beaucoup nourrie de certains textes de Pierre Gisel, qui avaient servi de points de référence aux discussions et aux débats internes. Depuis plus longtemps que cela et jusqu’à aujourd’hui, des professeurs de la Faculté entretiennent des liens de collaboration et d’amitié avec le théologien de Lausanne qui, non seulement visite régulièrement le Québec et la Faculté à l’occasion d’événements académiques, mais s’est toujours montré très hospitalier aux recherches qui y sont menées. La publication de son livre La théologie, consacré expressément à la discipline théologique, nous est apparue comme l’occasion rêvée de poursuivre un dialogue déjà bien amorcé. Dans les pages qui suivent, quatre professeurs de la Faculté, trois théologiens (Guy Jobin, Jean Richard et François Nault) et un sociologue (Raymond Lemieux), réagissent à l’une ou l’autre des thèses défendues par Pierre Gisel dans son ouvrage et prennent position par rapport aux propositions qui y sont faites touchant l’exercice théologique. Il est sans doute utile de préciser que les quatre textes ont été écrits de manière indépendante, les auteurs ne s’étant pas concertés et ayant travaillé dans l’ignorance de ce que les autres écrivaient. Cette manière de faire explique et permet d’excuser quelques redondances ou quelques contradictions que l’on peut remarquer quand on passe d’un texte à l’autre ; se trouvent aussi soulignés, par le fait même, les éléments de convergences entre les différentes perspectives, et la similarité des échos que le livre a suscité chez les uns et les autres. Pierre Gisel a accepté de répondre à ses interlocuteurs et de prolonger avec eux un dialogue sur des questions dont l’importance est grande, puisqu’elles engagent en définitive — tous ici s’accordent — l’humain lui-même. François Nault Pour ceux et celles attirés par la théologie, que ce soit par intérêt personnel ou professionnel, la lecture de l’ouvrage de Pierre Gisel fera entreprendre un parcours réflexif sur le statut, la portée, l’objet, les ressources et la pertinence du discours théologique pour les croyants et pour les contemporains. Ce projet théologique a le mérite de la cohérence, de l’identification précise de ses objectifs et de sa méthode. Il peut à la fois soutenir des projets de recherche de grande envergure et servir d’appui à une critique des comportements sociaux et ecclésiaux passés et actuels. De plus, l’ouvrage appelle réponse ; il oblige les lecteurs à rendre compte — pour eux-mêmes et éventuellement pour d’autres — de leurs conceptions et convictions théologiques propres. J’entre dans l’ouvrage à partir d’un thème explicitement traité au dernier chapitre, le thème du « théologien devant la société contemporaine » (p. 153-190). Il me semble en effet qu’aborder ainsi le texte de P. Gisel rend plus explicite une clé et un ressort de l’ouvrage. Autrement dit, envisager le travail théologique comme se faisant coram societate permet de comprendre l’économie du projet théologique de P. Gisel. En effet, c’est en prenant une mesure de la description, faite par Gisel, du contexte culturel occidental actuel que sa propre lecture des enjeux théologiques et sa proposition de ce qui constitue le(s) lieu(x) d’exercice de la théologie prennent sens. Souligner cette option d’une théologie coram societate permet de comprendre l’importance que P. Gisel accorde à deux idées qui courent tout au long de l’ouvrage : l’excès comme marque propre du religieux et le décalage comme condition de possibilité de l’exercice théologique. Ces traits …

Parties annexes