Recensions

Gerard Naddaf, The Greek Concept of Nature. Albany, State University of New York Press (coll. « SUNY series in Ancient Greek Philosophy »), 2005, 265 p.[Notice]

  • Yvon Lafrance

…plus d’informations

  • Yvon Lafrance
    Université d’Ottawa

En décembre 1986, Gerard Naddaf soutenait sa thèse de doctorat rédigée sous la direction du Professeur Pierre Hadot et avec l’assistance de Luc Brisson à l’Université de Paris IV-Sorbonne. Quelques années plus tard, après avoir remanié son manuscrit, il présentait les résultats de sa recherche doctorale dans un ouvrage intitulé : L’origine et l’évolution du concept grec de phusis (Lewiston, NY, 1992, 603 p.). Nous avions donné à l’époque, et dans cette revue, une recension de cet ouvrage (Laval théologique et philosophique, 50 [1994], p. 439-442). Le présent travail n’est pas une simple traduction de la version française, mais plutôt une véritable refonte et un approfondissement de cette même recherche que l’auteur projette de publier en trois volumes. Ce premier volume reprend la matière traitée dans les quatre premiers chapitres de la version française sur la signification du terme phusis (p. 11-35), sur les mythes concernant l’origine de l’univers (p. 37-62), et sur les historia peri phuseôs des Présocratiques, d’Anaximandre de Milet (vie s. av. J.-C.) (p. 63-112) jusqu’aux Atomistes, Leucippe et Démocrite (ve s. av. J.-C.) (p. 113-161). Le deuxième volume de cette version anglaise sera une reprise des chapitres cinq à sept de la version française qui traitent du concept de phusis chez les Sophistes et chez Platon, et annoncé par l’auteur sous le titre : Plato and the Peri Phuseôs, et dans le troisième volume, dont la matière n’a pas été traitée dans la version française, l’auteur se propose d’aborder le concept de phusis chez Aristote et dans la tradition hellénistique, et dont le titre annoncé par l’auteur sera : Tradition and Living in Conformity With Nature. La lecture de ce premier volume de la version anglaise m’incline à croire qu’elle sera supérieure en qualité à la version française. On peut facilement constater que chaque section de la version anglaise est plus développée que dans la version française, souvent du simple au double, et surtout, que la présentation est beaucoup mieux articulée autour des trois angles de recherche qui constituent la thèse fondamentale de l’ouvrage : la cosmogonie, la zoogonie ou l’anthropogonie, et la sociogonie ou politogonie. Certains travaux antérieurs de l’auteur (par exemple : Anaximander in Context. New Studies in the Origin of Greek Philosophy, Albany, State University of New York Press, 2003) lui ont permis de développer davantage son chapitre sur l’historia peri phuseôs d’Anaximandre, tandis que des travaux plus récents sur Parménide lui ont permis d’insérer dans sa version anglaise les points de vue, tout à fait absents de sa version française, de l’interprétation « physique » et de l’interprétation « ontologique » du Poème de Parménide (p. 135). Par ailleurs, la version anglaise donne plus d’importance aux biographies des Présocratiques et sur les contextes sociopolitiques dans lesquels ils ont déployé leurs activités d’écriture, ce qui donne à la partie des fragments sur la politogonie un peu plus de probabilité, les fragments n’étant pas souvent suffisamment nombreux pour fonder en toute certitude une théorie sur l’origine des sociétés et de la civilisation chez chacun des Présocratiques. Pour le lecteur qui n’aurait pas lu la version française, nous laisserons de côté celle-ci pour nous limiter au strict contenu de la version anglaise, en soulignant au passage que celle-ci est écrite dans la langue maternelle de l’auteur qui est présentement professeur de philosophie ancienne à la York University de Toronto. Comme l’explique l’auteur (p. 1-2), le point de départ de sa recherche a été une analyse du livre X des Lois de Platon. Dans ce livre, Platon donne un long préambule aux lois sur l’impiété dans …