Recensions

Julia Watkin, Historical Dictionary of Kierkegaard’s Philosophy. Lanham, Maryland, Scarecrow Press (coll. « Historical Dictionaries of Religions, Philosophies, and Movements », 33), 2001, xx-411 p.[Notice]

  • Dominic Desroches

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  • Dominic Desroches
    Centre de recherche en éthique et droit, Copenhague, Danemark

L’oeuvre de Kierkegaard connaît depuis quelques années un nouvel essor. En effet, l’auteur danois est discuté en philosophie, en théologie, mais aussi en psychologie, en littérature ainsi que dans de nombreux domaines des arts et des sciences. Face à cette explosion de nouvelles recherches spécialisées, il est devenu important sinon urgent de baliser les notions philosophiques kierkegaardiennes et de resituer l’auteur dans son époque. On en prendra pour preuve le travail colossal amorcé au Centre de recherche Søren Kierkegaard à Copenhague qui, depuis une dizaine d’années déjà, procède à la réédition complète des oeuvres et des papiers, tout en proposant de nombreux tomes de commentaires. Ce genre d’entreprise, qui mobilise les efforts de plusieurs chercheurs internationaux et implique des coûts pour le moins importants, illustre à quel point l’oeuvre de Kierkegaard suscite de l’intérêt et vit une période de grand renouvellement. Pendant ce temps, les livres de Kierkegaard continuent de faire l’objet de nouvelles traductions, ce qui suscite la mise au point de nouveaux appareils critiques. Or c’est justement dans ce vaste chantier international — au fronton duquel est inscrit que Kierkegaard doit être lu et étudié en danois — qu’il faut situer le récent dictionnaire historique de Julia Watkin. Watkin, certes, est loin d’être une inconnue dans le paysage kierkegaardien. Car non seulement a-t-elle consacré quelques articles et livres à Kierkegaard (A Key to Kierkegaard’s Abbreviations and Spelling/Nøgle til Kierkegaards Forkortelser og Stavemåde, Inter/Reitzel, 1981 ; et Kierkegaard, Chapman, 1997) mais elle assure, depuis 1979, l’International Kierkegaard Newletter (IKN), un bulletin d’information qui a pour mission principale de renseigner les chercheurs du monde entier sur les derniers événements concernant Kierkegaard. Aujourd’hui, l’IKN est devenu un outil virtuel des plus précieux pour les chercheurs, pour tous les lecteurs de Kierkegaard en fait, qui veulent connaître les dernières informations sur le prolifique auteur danois, comme par exemple les dernières publications, les tendances prises par les récentes recherches universitaires, les séminaires, les colloques, les conférences, etc. Mais que tirera-t-on du dictionnaire historique de Watkin que le lecteur francophone ne pourra trouver dans les appendices du XXe tome (Index) des Oeuvres complètes (Orante, 1966-1986) ? Le dictionnaire de Watkin se veut d’entrée de jeu historique, c’est-à-dire qu’il fournit des données sur Kierkegaard et son temps. En fait, il doit précisément aider le lecteur à situer l’époque durant laquelle Kierkegaard développe sa philosophie. Voilà pourquoi l’ouvrage s’ouvre sur des cartes du xixe siècle illustrant le royaume du Danemark et sa capitale, Copenhague. Ces cartes seront très utiles, ne serait-ce que pour apprendre au lecteur qui n’est pas voyageur que la ville dans laquelle marchait Kierkegaard en 1830, en plein âge d’or du Danemark, rappelons-le, ne montre plus tout à fait le même visage aujourd’hui. Or, après l’obligée chronologie, Watkin assure elle-même, en s’appuyant sur ses propres ouvrages, la présentation succincte de la vie de l’homme Kierkegaard. Elle présente de manière introductive les événements marquants de l’époque ainsi que la base de sa pensée philosophique et théologique (p. 1-10). Or, en plus d’éclairer les grandes notions de l’oeuvre kierkegaardienne (amour, choix, esthétique, éthique, moi, saut, religieux, etc.), le dictionnaire offre des entrées indispensables pour situer la période durant laquelle Kierkegaard rédige ses livres (Borgerdydskolen, l’Université de Copenhague, l’Athenaeum, l’Hôpital Frédérick, le séminaire pastoral, Tivoli, etc.), des notices consacrées aux personnalités danoises et étrangères qui ont influencé Kierkegaard (Eiríksson, Engelstoft, Gyllembourg, Hage, Lessing, Heiberg, Nielsen, Mynster, Ørsted, Phister, Ploug, Paludan-Müller, etc.) — qui sont d’ailleurs trop souvent inconnues du lecteur francophone —, ainsi que des notices consacrées aux philosophes et auteurs qui ont marqué …