Rubrique sur la mobilisation des connaissances

Mobilisation des connaissances – Qu’en disent les chercheurs en PME et entrepreneuriat ?[Notice]

  • Josée St-Pierre et
  • Sophie Reboud

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  • Josée St-Pierre
    Professeure titulaire de finance à l’Université du Québec à Trois-Rivières, Titulaire de la chaire du Canada sur la gestion de la performance et des risques des PME

  • Sophie Reboud
    Professeure en entrepreneuriat, Burgundy School of Business

La rubrique « Mobilisation des connaissances » prend dans ce numéro une forme un peu différente de sa forme habituelle : elle est pour nous l’occasion de rendre compte de l’enquête à laquelle beaucoup d’entre vous ont eu la gentillesse de répondre sur leurs pratiques de collaboration et de transfert vers la pratique. La mobilisation des connaissances, le transfert des connaissances, l’actionnabilité de la recherche, sont des termes qui sont de plus en plus présents dans l’environnement des chercheurs. Ceux-ci sont entre autres portés par les organismes de financement de la recherche et les pouvoirs publics qui souhaitent justifier auprès de la population les fonds qu’ils allouent à la recherche scientifique. Ils sont aussi évoqués par les institutions universitaires qui veulent favoriser un rapprochement avec leur milieu, dans un but notamment de recrutement et de financement, mais aussi pour faciliter le transfert technologique (Perkmann et al., 2013). Dans certains cas, ces institutions peuvent aussi se préoccuper de ces questions pour mieux commercialiser les résultats de la recherche scientifique. Au-delà du discours ambiant concernant le rapprochement entre les chercheurs et les praticiens, une consultation des travaux réalisés sur ce sujet montre que cette question intéresse les chercheurs depuis plusieurs années. Le débat s’est développé en Amérique du Nord dès les années quatre-vingt, puis progressivement dans l’ensemble de la communauté (Saint-Onge, Alis, Wolf et Rosenberg, 2016 ; Carton et Mouricou, 2017). Les critiques sont toutefois nombreuses, mais aussi épisodiques sur ce besoin de rapprochement. Les points soulevés par ces travaux s’approchent le plus souvent des questions suivantes : On le voit par les travaux évoqués ci-dessus, le débat est intense et ne faiblit pas. Il nous a semblé utile de nous intéresser plus spécifiquement à la place de ces activités dans « nos » champs de connaissance, aussi nous nous sommes interrogées sur ce qu’en pensent les chercheurs dans les domaines des PME et de l’entrepreneuriat. Dans quelle mesure un tel rapprochement est-il souhaité, est-il réaliste et est-il avéré ? Par ailleurs, quels moyens utilisent les chercheurs pour opérer ce rapprochement ou établir des relations avec différents milieux de praticiens ? Ceux-ci peuvent être des organismes publics, des entrepreneurs, des gestionnaires, des conseillers, etc. Et finalement quelles difficultés rencontrent-ils et quels bénéfices en retirent-ils ? Si l’on convient qu’un chercheur universitaire peut faire toute sa carrière dans sa tour d’ivoire, il est difficile de penser que cela peut être le cas pour quelqu’un qui étudie les PME ou l’entrepreneuriat où l’objet de recherche est relativement secret et difficile à analyser en profondeur à distance. Pour autant, les avantages de tels rapprochements ne sont pas partagés par tous, bien que certains affirment que la recherche en gestion serait « plus pertinente » si les chercheurs travaillaient davantage avec les praticiens (Barthélemy, 2012). Barthélemy (2012) avance plusieurs explications à ce comportement : Certains chercheurs évitent un tel rapprochement de crainte de perdre leur liberté académique et ne plus être le maître d’oeuvre de leur travail. Les résultats d’une enquête réalisée en Italie montrent que l’accès à des ressources financières et non financières est la première raison justifiant une collaboration avec les praticiens (Tartari et Breschi, 2012). Alors que la possibilité que les praticiens revendiquent la propriété des résultats et qu’ils imposent des contraintes sur leur diffusion ne semble pas déranger les chercheurs. C’est avec ces éléments présents à l’esprit que nous avons mené une enquête auprès des enseignants-chercheurs en entrepreneuriat et PME, afin d’inventorier leurs pratiques actuelles et leurs perceptions de l’utilité et de la facilité du transfert de connaissances vers les praticiens. L’enquête a été réalisée sur le Web entre les mois …

Parties annexes