Éditorial

La croissance des entreprises : nouvel enjeu pour le management[Notice]

  • Didier Chabaud,
  • Karim Messeghem et
  • Jean-Michel Degeorge

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  • Didier Chabaud
    Université d’Avignon (IUT TC), Technopôle Agroparc, BP 61207, 84911 Avignon Cedex 9, France
    didier.chabaud@univ-avignon.fr

  • Karim Messeghem
    Université Montpellier 1, UFR AES, Avenue Raymond Dugrand, CS 59640, 34960 MONTPELLIER Cedex 2, France
    karim.messeghem@umontpellier.fr

  • Jean-Michel Degeorge
    École des Mines de Saint-Étienne, Département EPICE de l’Institut Fayol – Laboratoire Coactis EA 4161, 158, cours Fauriel, 42023 Saint-Étienne Cedex 2, France
    jean-michel.degeorge@emse.fr

La croissance constitue un enjeu majeur. Certains pays comme la France en ont fait une priorité nationale en repositionnant les dispositifs d’aide aux entreprises du champ de la création d’entreprise vers celui de la croissance des entreprises (Hayat, 2012 ; Cour des comptes, 2012). Cet enjeu sociétal entre en résonance avec les préoccupations des chercheurs dans le champ de la PME et de l’entrepreneuriat. Les études consacrées à la croissance des firmes sont désormais légion, ainsi qu’en témoignent des enquêtes récentes et travaux de synthèse (Davidsson et Wiklund, 2000 ; Coad, 2007 ; MacPherson et Holt, 2007 ; Shepherd et Wiklund, 2009 ; McKelvie et Wiklund, 2010 ; Janssen, 2011 ; Wright et Stigliani, 2013 ; Davidsson et Wiklund, 2013). Les travaux se sont ainsi intéressés aux déterminants, aux processus et aux conséquences de la croissance (Davidsson, Achtenhagen et Naldi, 2005 ; Gilbert, McDougall et Audretsh, 2006 ; Janssen, 2011), de même qu’à la diversité des trajectoires de croissance (Delmar, Davidsson et Gartner, 2003) ou à l’analyse spécifique des firmes à forte croissance (Chanut-Guieu et Guieu, 2011). Cependant, si les études empiriques se sont multipliées, des interrogations demeurent quant aux progrès réels des connaissances, et au développement de cadres théoriques robustes (Coad, 2007 ; Shepherd et Wiklund, 2009 ; McKelvie et Wiklund, 2010). Sans doute a-t-on pu pointer – notamment à la suite des travaux de Davidsson, Delmar et Wiklund – l’importance des considérations méthodologiques : ces auteurs ont ainsi montré l’importance d’approches longitudinales et d’une vision multidimensionnelle de la croissance, si l’on veut être en mesure de tirer des conclusions robustes des études empiriques. Plus récemment, l’étude de Shepherd et Wiklund (2009) souligne que la diversité des choix méthodologiques a joué un rôle important dans la limitation de l’accumulation des connaissances sur la croissance des firmes. Mais, si une certaine insatisfaction peut être ressentie sur un plan méthodologique, il apparaît de plus en plus que les questionnements doivent passer d’une focalisation sur le taux de croissance à une focalisation sur le mode de croissance, en cessant de considérer le processus de croissance comme une « boîte noire » (McKelvie et Wiklund, 2010 ; Leitch, Hill et Neergaard, 2010). De fait, Wright et Stigliani (2013) insistent sur la nécessité de se livrer à une analyse fine du processus de croissance, en éclairant finement le rôle de l’entrepreneur (who), le processus (how), son contenu (what) et son contexte (when and where). Comment ces questionnements se retrouvent-ils ou trouvent-ils une résonnance dans la communauté francophone ? Tel est le point de départ de ce numéro spécial, qui vise à regrouper des travaux francophones sur ce sujet, et montrer combien les veines de la recherche sont marquées par les tendances anglo-saxonnes mais également liées à des perspectives et interrogations spécifiques. Les textes qui sont présents dans ce numéro spécial reflètent la diversité de ces interrogations et pistes de recherche. Plusieurs pistes d’entrée sont possibles pour parcourir ces textes. Que l’on songe à la question posée (déterminants, modalités, conséquences) de la croissance, au type de méthode utilisée (quantitative, qualitative), au type d’entreprise étudiée (haute technologie, artisanale) ou bien à la thématique de politique publique (seuil, accompagnement). Cependant, trois aspects sont particulièrement frappants : les travaux regroupés dans ce numéro, appellent, à l’aide de méthodologies diverses, à réinterroger les déterminants de la croissance, mais aussi à s’interroger sur le contenu – et/ou l’ambigüité – de la croissance, et à prendre en compte le contexte dans lequel se déploie l’action des dirigeants. Sans doute, l’étude des déterminants constitue-t-elle l’un des thèmes classiques des travaux conduits sur la croissance. …

Parties annexes