« Vous sçavez de quelle gratieuseté usent les lansquenets », mort et terreur comme pratique identitaire lors des guerres d’Italie (1494–1559)

Résumé

Traditionnellement associées à l’image d’un Moyen Âge guerrier et sanglant, les violences et les prédations des combattants se révèlent un objet d’étude complexe. Régulièrement dénoncées par les chroniqueurs et les penseurs politiques quand elles sont commises en dehors de tout contrôle, ces violences sont au contraire euphémisées lorsqu’elles relèvent des pratiques coutumières de la guerre. La figure du lansquenet émerge de ce portrait au tournant du xvi^e siècle par des comportements outranciers et une violence dirigée systématiquement envers les ecclésiastiques et les femmes. Néanmoins, la promulgation répétée d’ordonnances militaires en France atteste de la préoccupation des souverains de renforcer la discipline militaire et de limiter l’agression des populations que les gens de guerre sont censés défendre. Ceci permet aux monarques d’établir une distinction entre les violences militaires licites et illicites, imposant de ce fait leur définition de l’exercice légitime de la force armée. Le dépassement de ces normes se retrouvent alors au coeur de la construction de l’identité combattante du lansquenet.