Recensions

Christian Oertel, The Cult of St Erik in Medieval Sweden: Veneration of a Royal Saint Twelfth-Sixteenth Centuries, Turnhout, Brepols Publishers, 2016, 398 p.[Notice]

  • Élisabeth Chiasson

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  • Élisabeth Chiasson
    Candidate à la maîtrise en éducation, Université de Montréal, Canada

L’ouvrage The cult of St Erik in Medieval Sweden: Veneration of a Royal Saint Twelfth-Sixteenth Centuries, de Christian Oertel, n’est pas le premier à se pencher sur le culte dévoué à Saint Éric de Suède. Oertel se propose de réinvestir le sujet du culte de Saint Éric avec une plus grande variété des sources que ses prédécesseurs comme James Frazer, un pionnier dans le sujet du règne sacré, ou encore Robert Folz, qui s’est penché sur les saints royaux européens. Alors que l’historiographie sur les saints royaux se centralisait particulièrement sur les légendes entourant Saint Éric et les débuts de son culte, Oertel vise à élargir à la fois les sources étudiées, mais également la période qui concerne son étude du XIIe au XVIe siècle. L’auteur met en place une méthodologie explicite pour cerner comment et pourquoi le culte de Saint Éric a été nourri et promu. Le coeur de l’ouvrage s’attarde sur l’utilisation à la fois politique et religieuse des saints, comme Saint Éric, pour maintenir le pouvoir en Suède médiévale. Oertel étudie les saints royaux à travers l’exemple de Saint Éric qui deviennent des saints politiques, soit des exemples pour le pouvoir en place. Notamment, la dynastie en place est légitimée par son affiliation au saint royal. Oertel situe l’émergence du culte de Saint Éric à la seconde moitié du XIIe siècle, avec une première source écrite en 1198, environ 40 ans après son décès. Selon l’auteur, le culte du saint ne découle pas d’une initiative familiale, mais probablement d’une initiative dominicaine. Les légendes de Saint Éric et de Saint Henri d’Uppsala auraient été composées ensemble selon Oertel qui les trouve fortement similaires. L’étude de cas menée par Oertel met l’emphase sur l’amplification du culte qui siège spécialement à l’archevêché d’Uppsala pour le Royaume de Suède. Saint Éric devient un symbole de l’« âge d’or » où s’alliaient justice et prospérité dans le royaume, ce qui fait de ce personnage un patron de la Suède, bien que son culte ait connu de nombreuses variantes au niveau de son importance. Pour mener son étude, Oertel a divisé son ouvrage en huit chapitres se résumant à trois thèmes majeurs. Dans les trois premiers chapitres, l’auteur établit le contexte de sa recherche en abordant l’historiographie autour des saints royaux, en commentant les types de sources qu’il compte employer et en proposant l’utilité politique que présentaient les saints royaux au Moyen Âge. Aux chapitres quatre et cinq, le lecteur peut retracer les différentes étapes du culte de Saint Éric, de son émergence à son intensification au début du XIVe siècle. Les trois derniers chapitres commentent les moyens pris par des dynasties en place pour légitimer leur règne avec l’utilisation du culte voué à Saint Éric, notamment avec l’Union de Kalmar qui réunissait les royaumes de Suède, de Norvège et de Danemark. Oertel se penche sur la place que prend Saint Éric parmi le grand nombre de saints royaux avant de proposer en annexe certaines légendes (non traduites) qu’il a employées. Le cas de Saint Éric est singulier pour saisir l’ampleur de l’instrumentalisation pour le pouvoir en place puisque le concept même de la sainteté d’Éric ne connaît pas de source précise. En effet, puisque le saint en question n’a pas été canonisé par un pape, il est nécessaire de se pencher sur des sources alternatives comme les chartes, les fragments de parchemins, les manuscrits de sermons, l’iconographie, les sceaux ou encore la numismatique. D’ailleurs, Oertel, étant donné l’interdisciplinarité de sa recherche, a dû se fier à plusieurs collègues pour publier son ouvrage. Les sources variées que l’auteur …