Recensions

J. Lipps, C. Machados et P. von Rummel, éd. The Sack of Rome in 410 AD. The Event, its Context and its Impact. 2013. Proceedings of the Conference held at the German Archaeological Institute at Rome, 04-06 November 2010. Deutsches Archäologisches Institut Rom. PALLIA 28. Wiesbaden : Reichert Verlag, 2013. 456 p.[Notice]

  • Patrick J. Roussel

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  • Patrick J. Roussel
    Ph. D., Université de Montréal, Canada

Le livre est divisé en 3 parties principales au contenu varié en longueur et en qualité : contexte, évènements et impact. L’ouvrage renferme cependant les données les plus à jour sur la question, en plus de fournir quantité d’images et de tableaux. Le volume s’ouvre par une introduction (p. 11-15) où les éditeurs résument les circonstances du sac, puis son impact sur la populace romaine et dans les classes supérieures. On y mentionne bien (p. 11) à quel point l’évènement a été interprété différemment par les contemporains, certains (Jérôme) y voyaient la fin du monde, alors que d’autres (Augustin et Orose) préféraient minimiser son ampleur pour donner plus de lustre à la religion chrétienne. On mentionne aussi que le livre a vu le jour à la suite de nouvelles découvertes archéologiques, dont une cache de pièces de monnaie datant de la fin du 5e siècle. Notant ensuite de quelle manière les données archéologiques ont été étudiées, étant souvent mariées aux textes littéraires pour construire un récit plus ou moins continu des évènements (p. 11-12), les éditeurs appellent à de nouvelles méthodologies. Avec une approche moderne et plus critique, les différents experts appelés à contribuer atteignent généralement ce but. Philip von Rummel (p. 17-33) avance qu’on a souvent trop poussé le mariage entre l’archéologie et les textes anciens, alors que Ralph W. Mathisen (p. 87-102) et Neil McLynn (p. 323-333) décortiquent les sources et concluent que le sac de Rome n’avait pas été un évènement aussi déterminant que ce que l’historiographie moderne a popularisé. Fedora Filippi (p. 137-150) et Franz Alto Bauer (p. 259-271) affirment quant à eux que les traces de destructions dans les couches stratigraphiques datant du 5e siècle sont difficilement attribuables au sac de Rome, alors qu’Alessia Rovelli (p. 249-257) remarque que les pièces de monnaie nouvellement découvertes racontent une autre version des évènements, soit celle d’une vie mondaine qui continuait son cours malgré les troubles politiques et militaires du temps. Ainsi, la plupart des chercheurs réunis dans l’ouvrage (excepté Stefania Fogagnolo, Paolo Liverani et de Quaranta et al.) reconnaissent que l’archéologie est une arme à double tranchant ; il reste extrêmement difficile d’interpréter correctement les couches qui contiennent des marqueurs quelconques. Il s’agit d’un constat simple, mais déterminant pour l’analyse du matériel à notre disposition. Enfin, deux articles nous ont particulièrement intéressés, soit ceux de Michael Kulikowski et de Peter Heather. Chacun examine le sac d’un point de vue structurel, en essayant de comprendre la place inhabituelle d’Alaric et des Goths dans la machine impériale. Michael Kulikowski (p. 77-83) revisite un sujet familier et, sans apporter de réponse assurée, propose néanmoins un nouvel outil conceptuel (p. 80-81), celui de « colonial mimicry ». Il espère ainsi expliquer comment un homme pouvait s’efforcer d’« imiter » le comportement de l’aristocratie romaine sans réussir totalement : étant un barbare, Alaric était exclu « par nature » des plus hauts échelons du pouvoir. Pour sa part, Peter Heather réaffirme une position inhabituelle qu’il tient depuis la parution de son premier livre en 1991. À ses yeux, Alaric était avant tout un roi goth en rébellion et en quête de terres pour établir son peuple. Heather est plus catégorique que Kulikowski sur la question de l’ethnicité, préférant comprendre Alaric comme un barbare au service de Rome et poussant l’argument aussi loin que de croire qu’il recruta majoritairement des Goths (p. 435-436) dans son armée entre 395-410. Son argument principal (p. 436) est que les armées impériales rebellées durant le IVe siècle avaient toutes plus ou moins le même agenda, soit de faire de leur général « romain …

Parties annexes